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Bioéthique

Le créateur de Dolly autorisé à cloner des embryons humains

Les recherches du Royaume-Uni concernent principalement la maladie de Charcot, une déficience neuronale. 

		(Photo: science-citoyen)
Les recherches du Royaume-Uni concernent principalement la maladie de Charcot, une déficience neuronale.
(Photo: science-citoyen)
Les scientifiques britanniques continuent leurs recherches sur les cellules souches et le clonage thérapeutique. Une deuxième équipe, celle de l’inventeur de Dolly, est autorisée à faire des expériences sur des œufs humains pour soigner certaines maladies.

Ian Wilmut est le second chercheur britannique à obtenir l’autorisation de faire des recherches sur les cellules souches. Concrètement, son équipe peut désormais faire pousser en laboratoire des œufs humains non utilisés pour la fécondation in vitro. A ces œufs, qui auront l’autorisation légale de grandir pendant 14 jours seulement, une cellule porteuse de la maladie de Charcot aura été ajoutée. Le but sera ensuite de suivre l’évolution de cette maladie sur ces cellules souches modifiées pour ensuite tester sur elles de nouveaux médicaments.

Ces recherches concernent essentiellement les maladies neurologiques et la maladie de Charcot, une déficience neuronale qui touche 5 000 personnes environ au Royaume-Uni.

Le professeur Wilmut a expliqué qu’il n’avait pas l’intention de « jouer à Dieu » . Pas question non plus d’orienter les travaux de son équipe vers le clonage reproductif. « Je serais très surpris si quelque chose de ce genre arrivait en Grande Bretagne », a-t-il assuré, affirmant qu’il soutiendrait toute décision prise par les Nations unies pour interdire cette dérive du clonage thérapeutique vers le clonage reproductif.

Produire des muscles, des os, des tissus humains

Le professeur Wilmut est une célébrité dans cet univers de la recherche sur les embryons, ces cellules qui préfigurent la vie d’un être humain. Car en 1996, c’est lui qui a fait naître Dolly, la première brebis clonée. Percluse de rhumatismes, atteinte d’une maladie pulmonaire incurable, la brebis avait vieilli prématurément. Elle fut euthanasié à l’âge de sept ans.

L’Autorité sur la fertilisation et l’embryologie humaine (HFEA) avait déjà donné, en 2004, une première autorisation de travailler sur les cellules souches à une autre équipe, le Stem Cell Group, du professeur Miodrag Stojkovic. Le but de cette entreprise privée est de produire de l’insuline à l’aide de cellules prélevées sur des embryons et dupliquées. Démultipliées, les cellules de l’embryon humain sont capables de produire des muscles, des os, des nerfs, ou des tissus humains.

En Grande-Bretagne, la législation considère qu’un embryon va devenir un enfant quinze jours seulement après la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde. Avant, la loi estime que l’embryon n’est qu’un ensemble de cellules à disposition de la médecine. Certaines associations britanniques opposées à l’avortement ont critiqué ce laps de temps de deux semaines durant lequel l’embryon n’est considéré que comme un objet de recherche vivante. La Haute autorité de bioéthique a cependant interdit le clonage humain au Royaume-Uni, une pratique qui peut entraîner une condamnation à 10 ans de prison.

La France n’a pas donné d’existence juridique à l’embryon humain puisque le clonage thérapeutique reste interdit, comme le clonage reproductif. Pourtant, étant donné les possibilités médicales qui s’ouvrent à l’étranger avec ces expériences sur les cellules souches, certains souhaitent un assouplissement de la législation. Le clonage reproductif resterait interdit. Une grande majorité de pays y reste de toute façon hostile.  

par Colette  Thomas

Article publié le 09/02/2005 Dernière mise à jour le 09/02/2005 à 16:34 TU