Bioéthique
Bébé-clone : une «<i>supercherie</i>» ?
Le journaliste qui avait été sollicité pour réunir une équipe de scientifiques dans le but de vérifier les allégations des responsables de la société Clonaid sur la naissance du premier clone humain, a jeté l’éponge. Il a annoncé qu’il n’était pas en mesure d’avoir accès au bébé et à sa famille, ce qui rend toute expertise impossible. Pour la communauté scientifique internationale, il s’agit-là de la preuve que cette histoire a été montée de toute pièce.
Après l’annonce de la naissance d’Eve, le premier bébé-clone humain, le 27 décembre aux Etats-Unis, la secte des raéliens a affirmé qu’un autre enfant cloné avait vu le jour aux Pays-Bas, le 4 janvier. Cette deuxième petite fille aurait été conçue à partir de l’ADN d’un couple de lesbiennes et serait, elle-aussi, en bonne santé. Brigitte Boisselier, membre de la secte raélienne et présidente de la société Clonaid qui aurait mis au point la technique qui a permis de réaliser cette expérience, a même assuré que d’autres clones étaient en route et devraient naître entre janvier et février 2003. Clonaid disposerait, en outre, d’une liste de deux mille candidats, prêts à payer 200 000 dollars pour pouvoir obtenir un bébé-clone.
Dans un contexte où depuis plusieurs mois, des scientifiques comme le médecin italien Severino Antinori ou son confrère américain Panos Zavos, font part de leur souhait d’obtenir rapidement un clone humain, la secte des raéliens a pris tout le monde de vitesse en déclarant qu’elle avait atteint cet objectif grâce aux recherches menées par Clonaid. Mais pour le moment, aucune preuve de la véracité de ces propos n’a été fournie. Au contraire. Après avoir certifié qu’une équipe d’experts pourraient procéder aux vérifications scientifiques nécessaires en examinant l’ADN de l’enfant et des parents, les raéliens sont revenus en arrière et ont refusé de révéler l’identité de ces derniers. Sous prétexte qu’une plainte, déposée par un juge américain, pourrait aboutir à ôter aux parents du supposé clone, leurs droits sur l’enfant.
Une technique très risquée
Le journaliste «indépendant», dont l’impartialité a d’ailleurs été mise en cause puisqu’il avait déjà essayé de vendre à une chaîne de télévision américaine un sujet sur ce thème avant l’annonce de la première naissance, Michael Guillen, que les responsables de la secte avaient eux-mêmes sollicité pour superviser ces tests, a finalement renoncé. Il a même estimé qu’il pouvait s’agir purement et simplement d’un coup monté. «Il est toujours entièrement possible que l’annonce de Clonaid fasse partie d’une supercherie élaborée destinée à apporter une publicité au mouvement raélien».
Il est vrai que selon le gourou de cette secte, le français Claude Vorilhon, qui a pris le nom de Raël, les humains sont en fait des clones d’extra-terrestres arrivés sur terre il y a 25 000 ans. La société Clonaid, dont le siège est à Las Vegas, aux Etats-Unis, a d’ailleurs été fondée par la secte qui estime que le clonage devrait permettre d’augmenter l’espérance de vie des humains. Tous ces éléments ajoutés à l’absence de preuves scientifiques, semblent conforter l’hypothèse d’une grande opération de communication montée par les raéliens pour faire parler d’eux. D’autant que l’annonce de la première naissance, deux jours après Noël, semble revêtir une valeur bien trop symbolique pour être simplement due au hasard.
De nombreux scientifiques ont d’ailleurs émis des doutes sur la possibilité de réaliser un clonage humain à l’heure actuelle. Le directeur du Centre russe de bio-ingéniérie, Konstantin Scriabine, a ainsi estimé que pour le moment, on ne pouvait pas obtenir un bébé-clone en «bonne santé». L’expérience de la première brebis clonée, Dolly, atteinte de vieillissement prématuré, a montré que l’on ne maîtrisait pas encore tous les aspects de la technique de clonage reproductif. D’autres dangers ont aussi été identifiés : anomalies cardiaque, pulmonaire, du système immunitaire, du foie, cancers…
Pour toutes ces raisons mais aussi à cause du problème éthique majeur lié à l’utilisation de cette technique, le débat porte aujourd’hui, sur le plan international, autour des limites qui doivent être imposées à la recherche sur le clonage. D’un côté, les avancées réalisées permettent d’espérer guérir certaines maladies à l’aide des cellules souches qui sont produites grâce à la même technique. Mais de l’autre, l’utilisation du clonage pour la reproduction est dangereuse et peut permettre des manipulations, par exemple pour créer des êtres répondant à des caractéristiques prédéterminées.
Dans ce contexte, l’Allemagne et la France ont engagé devant l’ONU une procédure visant à aboutir à l’interdiction officielle du clonage reproductif mais qui laisse la possibilité de développer des recherches sur cette technique à des fins thérapeutiques. Certaines personnalités du monde scientifique ou politique, comme le président des Etats-Unis, sont quant à elles favorables à une interdiction totale du clonage humain. L’annonce des raéliens ne va pas faciliter un débat serein autour de cette question.
Dans un contexte où depuis plusieurs mois, des scientifiques comme le médecin italien Severino Antinori ou son confrère américain Panos Zavos, font part de leur souhait d’obtenir rapidement un clone humain, la secte des raéliens a pris tout le monde de vitesse en déclarant qu’elle avait atteint cet objectif grâce aux recherches menées par Clonaid. Mais pour le moment, aucune preuve de la véracité de ces propos n’a été fournie. Au contraire. Après avoir certifié qu’une équipe d’experts pourraient procéder aux vérifications scientifiques nécessaires en examinant l’ADN de l’enfant et des parents, les raéliens sont revenus en arrière et ont refusé de révéler l’identité de ces derniers. Sous prétexte qu’une plainte, déposée par un juge américain, pourrait aboutir à ôter aux parents du supposé clone, leurs droits sur l’enfant.
Une technique très risquée
Le journaliste «indépendant», dont l’impartialité a d’ailleurs été mise en cause puisqu’il avait déjà essayé de vendre à une chaîne de télévision américaine un sujet sur ce thème avant l’annonce de la première naissance, Michael Guillen, que les responsables de la secte avaient eux-mêmes sollicité pour superviser ces tests, a finalement renoncé. Il a même estimé qu’il pouvait s’agir purement et simplement d’un coup monté. «Il est toujours entièrement possible que l’annonce de Clonaid fasse partie d’une supercherie élaborée destinée à apporter une publicité au mouvement raélien».
Il est vrai que selon le gourou de cette secte, le français Claude Vorilhon, qui a pris le nom de Raël, les humains sont en fait des clones d’extra-terrestres arrivés sur terre il y a 25 000 ans. La société Clonaid, dont le siège est à Las Vegas, aux Etats-Unis, a d’ailleurs été fondée par la secte qui estime que le clonage devrait permettre d’augmenter l’espérance de vie des humains. Tous ces éléments ajoutés à l’absence de preuves scientifiques, semblent conforter l’hypothèse d’une grande opération de communication montée par les raéliens pour faire parler d’eux. D’autant que l’annonce de la première naissance, deux jours après Noël, semble revêtir une valeur bien trop symbolique pour être simplement due au hasard.
De nombreux scientifiques ont d’ailleurs émis des doutes sur la possibilité de réaliser un clonage humain à l’heure actuelle. Le directeur du Centre russe de bio-ingéniérie, Konstantin Scriabine, a ainsi estimé que pour le moment, on ne pouvait pas obtenir un bébé-clone en «bonne santé». L’expérience de la première brebis clonée, Dolly, atteinte de vieillissement prématuré, a montré que l’on ne maîtrisait pas encore tous les aspects de la technique de clonage reproductif. D’autres dangers ont aussi été identifiés : anomalies cardiaque, pulmonaire, du système immunitaire, du foie, cancers…
Pour toutes ces raisons mais aussi à cause du problème éthique majeur lié à l’utilisation de cette technique, le débat porte aujourd’hui, sur le plan international, autour des limites qui doivent être imposées à la recherche sur le clonage. D’un côté, les avancées réalisées permettent d’espérer guérir certaines maladies à l’aide des cellules souches qui sont produites grâce à la même technique. Mais de l’autre, l’utilisation du clonage pour la reproduction est dangereuse et peut permettre des manipulations, par exemple pour créer des êtres répondant à des caractéristiques prédéterminées.
Dans ce contexte, l’Allemagne et la France ont engagé devant l’ONU une procédure visant à aboutir à l’interdiction officielle du clonage reproductif mais qui laisse la possibilité de développer des recherches sur cette technique à des fins thérapeutiques. Certaines personnalités du monde scientifique ou politique, comme le président des Etats-Unis, sont quant à elles favorables à une interdiction totale du clonage humain. L’annonce des raéliens ne va pas faciliter un débat serein autour de cette question.
par Valérie Gas
Article publié le 07/01/2003