Bioéthique
La secte raélienne entretient le mystère
Alors que la venue au monde d’un deuxième enfant cloné serait imminente, la société Clonaid n’a toujours fourni aucune preuve de la première naissance annoncée voilà une semaine. Elle doit désormais affronter plusieurs procédures judiciaires ouvertes sur le sol américain.
La secte raélienne va-t-elle renoncer à faire authentifier la naissance du premier bébé cloné devant l’offensive judiciaire lancée contre elle ? La question se pose après l’annonce jeudi du report des analyses de validation qui devaient permettre au monde entier de s’assurer de la véracité de l’information diffusée par la société Clonaid, créée par la secte des raéliens, selon laquelle une petite Eve, un bébé de 3,2 kilos, serait née le 26 décembre d’une mère américaine âgée de 31 ans. Brigitte Boisselier, présidente de Clonaid et l’une des principales dirigeantes de la secte, s’était chargée en personne d’annoncer cette nouvelle au lendemain de la naissance, expliquant alors que des experts médicaux, accompagnés d’un journaliste indépendant, allaient réaliser des prélèvements sur la mère et des tests ADN. Des expertises qui n’ont finalement eu lieu à la date annoncée et qui semblent désormais bien incertaines.
Leur report s’explique, selon Brigitte Boisselier, par les craintes qu’inspire l’ouverture d’une procédure judiciaire à l’encontre des parents d’Eve. Un avocat américain, Bernard Siegel, a déposé une plainte devant un tribunal de Floride en demandant à l’Etat de retirer la garde du supposé bébé cloné au motif qu’il pourrait souffrir de troubles génétiques graves. Une demande de placement judiciaire sur laquelle le tribunal de Floride a décidé de statuer le 22 janvier lors d’une audience préliminaire à laquelle sont convoqués les parents du supposé bébé, ainsi que Brigitte Boisselier et le gourou de la secte, le Français Claude Vorilhon, alias Raël.
A cette procédure s’ajoute une autre enquête ouverte dimanche par la Food and Drug Administration (FDA) qui souhaite connaître les conditions dans lesquelles a pu être conçu ce premier bébé cloné. «Nous voulons vérifier d’abord si le clonage a bien eu lieu et ensuite si cela a violé notre législation», a déclaré Brad Stow, porte-parole de l’Agence fédérale américaine pour la sécurité alimentaire et pharmaceutique.
A des milliers de kilomètres des Etats-Unis, un autre pouvoir judiciaire, celui de la Corée du Sud, s’intéresse également à la façon dont ce premier clonage aurait été réalisé. Un raid a eu lieu lundi dans les locaux que possède la secte dans la ville de Daegu et plusieurs de ses dirigeants ont été interrogés par la police qui enquête sur une éventuelle implication des raéliens de Corée dans cette expérience de clonage. Faisant référence à ces trois procédures, Brigitte Boisselier a déclaré jeudi que les parents de la petite Eve ne pouvaient qu’être effrayés et qu’ils pourraient du coup annuler toute expertise de peur de se voir enlever leur bébé.
Quatre naissances annoncées pour janvier
L’activité de clonage des raéliens n’en serait pas pour autant ralentie puisque Brigitte Boisselier a annoncé la naissance imminente d’un deuxième bébé cloné. Elle a précisé jeudi dans une interview accordée à la chaîne de télévision France 2 qu’il verrait le jour dans un pays d’Europe du Nord et qu’il était attendu d’un couple de lesbiennes. L’enfant serait issu de la fusion d’un ovocyte énuclée de l’une des deux femmes et du noyau d’une cellule de sa peau. Présente jeudi en Belgique, Brigitte Boisselier a laissé entendre que ce deuxième bébé pourrait être «plus accessible puisqu'il est en Europe et le pays dans lequel il va naître -elle va naître- sera moins délicat». Trois autres bébés clonés devraient également naître dans le courant du mois de janvier, deux en Asie et un en Amérique du Nord.
La société Clonaid semble bien décidée à continuer d’exploiter les vides juridiques en matière de clonage que connaissent de nombreux pays pour poursuivre ses expérimentations. Après l’annonce de la première naissance, plusieurs nations ont insisté sur la nécessité d’adopter une législation internationale visant à empêcher tout clonage reproductif. Mais des pays comme la Belgique n’ont par exemple pas encore mis en adéquation leurs textes législatifs avec leur volonté de bannir ces expérimentations. Un expert médical russe de renom, le biologiste Alexeï Iablokov, a également regretté le fait que la législation de son pays ne comporte aucune interdiction directe concernant le clonage, ajoutant qu’il existait des «centaines de spécialistes» en Russie capables de faire naître des bébés clones.
Ces vides juridiques, ajoutés à l’absence de toute vérification scientifique indépendante de la naissance du premier bébé cloné, vont permettre à la société Clonaid de poursuivre son opération de communication autour d’un sujet effrayant à maints égards, le clonage de l’être humain. La secte raélienne, qui affirme compter 55 000 adhérents dans 84 pays, a annoncé que 2000 personnes avaient manifesté leur intention de se faire cloner. Chacune d’entre elles devra pour cela verser
environ 200 000 dollars, une somme astronomique pour une opération qui semble, à ce jour, encore relever de la science-fiction.
Leur report s’explique, selon Brigitte Boisselier, par les craintes qu’inspire l’ouverture d’une procédure judiciaire à l’encontre des parents d’Eve. Un avocat américain, Bernard Siegel, a déposé une plainte devant un tribunal de Floride en demandant à l’Etat de retirer la garde du supposé bébé cloné au motif qu’il pourrait souffrir de troubles génétiques graves. Une demande de placement judiciaire sur laquelle le tribunal de Floride a décidé de statuer le 22 janvier lors d’une audience préliminaire à laquelle sont convoqués les parents du supposé bébé, ainsi que Brigitte Boisselier et le gourou de la secte, le Français Claude Vorilhon, alias Raël.
A cette procédure s’ajoute une autre enquête ouverte dimanche par la Food and Drug Administration (FDA) qui souhaite connaître les conditions dans lesquelles a pu être conçu ce premier bébé cloné. «Nous voulons vérifier d’abord si le clonage a bien eu lieu et ensuite si cela a violé notre législation», a déclaré Brad Stow, porte-parole de l’Agence fédérale américaine pour la sécurité alimentaire et pharmaceutique.
A des milliers de kilomètres des Etats-Unis, un autre pouvoir judiciaire, celui de la Corée du Sud, s’intéresse également à la façon dont ce premier clonage aurait été réalisé. Un raid a eu lieu lundi dans les locaux que possède la secte dans la ville de Daegu et plusieurs de ses dirigeants ont été interrogés par la police qui enquête sur une éventuelle implication des raéliens de Corée dans cette expérience de clonage. Faisant référence à ces trois procédures, Brigitte Boisselier a déclaré jeudi que les parents de la petite Eve ne pouvaient qu’être effrayés et qu’ils pourraient du coup annuler toute expertise de peur de se voir enlever leur bébé.
Quatre naissances annoncées pour janvier
L’activité de clonage des raéliens n’en serait pas pour autant ralentie puisque Brigitte Boisselier a annoncé la naissance imminente d’un deuxième bébé cloné. Elle a précisé jeudi dans une interview accordée à la chaîne de télévision France 2 qu’il verrait le jour dans un pays d’Europe du Nord et qu’il était attendu d’un couple de lesbiennes. L’enfant serait issu de la fusion d’un ovocyte énuclée de l’une des deux femmes et du noyau d’une cellule de sa peau. Présente jeudi en Belgique, Brigitte Boisselier a laissé entendre que ce deuxième bébé pourrait être «plus accessible puisqu'il est en Europe et le pays dans lequel il va naître -elle va naître- sera moins délicat». Trois autres bébés clonés devraient également naître dans le courant du mois de janvier, deux en Asie et un en Amérique du Nord.
La société Clonaid semble bien décidée à continuer d’exploiter les vides juridiques en matière de clonage que connaissent de nombreux pays pour poursuivre ses expérimentations. Après l’annonce de la première naissance, plusieurs nations ont insisté sur la nécessité d’adopter une législation internationale visant à empêcher tout clonage reproductif. Mais des pays comme la Belgique n’ont par exemple pas encore mis en adéquation leurs textes législatifs avec leur volonté de bannir ces expérimentations. Un expert médical russe de renom, le biologiste Alexeï Iablokov, a également regretté le fait que la législation de son pays ne comporte aucune interdiction directe concernant le clonage, ajoutant qu’il existait des «centaines de spécialistes» en Russie capables de faire naître des bébés clones.
Ces vides juridiques, ajoutés à l’absence de toute vérification scientifique indépendante de la naissance du premier bébé cloné, vont permettre à la société Clonaid de poursuivre son opération de communication autour d’un sujet effrayant à maints égards, le clonage de l’être humain. La secte raélienne, qui affirme compter 55 000 adhérents dans 84 pays, a annoncé que 2000 personnes avaient manifesté leur intention de se faire cloner. Chacune d’entre elles devra pour cela verser
environ 200 000 dollars, une somme astronomique pour une opération qui semble, à ce jour, encore relever de la science-fiction.
par Olivier Bras
Article publié le 03/01/2003