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Bioéthique

Nouvelle menace de clonage humain

«Je ferai des enfants parfaits», le mot tabou est prononcé et le médecin italien Severino Antinori confirme toutes les appréhensions sur le clonage humain en annonçant qu'il envisage de lancer, en novembre prochain, une opération de clonage reproductif sur environ 200 couples volontaires.
Spécialiste de l'embryon, le professeur italien Severino Antinori n'en est pas à son coup d'essai. En 1994, il avait déjà fait scandale en permettant à une femme de 63 ans de mettre au monde un enfant. On avait alors parlé de défi aux lois de la nature. Mais, dans un climat de méfiance envers les dérives possibles de pratiques jugées dangereuses pour le respect de l'embryon humain et alors que les législations tendent à restreindre le champ d'expérimentation des scientifiques, le médecin italien franchit un pas de plus et annonce qu'il prévoit d'effectuer des clonages humains reproductifs à partir du mois de novembre prochain. Deux cents couples dont l'homme est atteint de stérilité ont été sélectionnés dans ce but.

Dès cette annonce un tollé s'est élevé contre de telles expériences. L'ordre des médecins en Italie a engagé une procédure disciplinaire contre le docteur Antinori, l'accusant de privilégier le folklore par rapport à la science. Mais celui-ci fait front et affirme que les critiques ne l'arrêteront pas. Il justifie son action par le souci de venir en aide aux 75 millions d'hommes stériles dans le monde et prend bien soin de préciser que les couples volontaires seront pris en charge gratuitement. L'aspect financier, immédiat ou à terme, de ces expériences à en effet souvent été mis en avant par les détracteurs de ceux qu'on qualifie parfois «d'apprentis sorciers».

«Imiter Hitler»

Au Vatican, siège de l'Eglise catholique, le cardinal Joseph Ratzinger a jugé l'expérience comparable à «un délire des nazis» et accusé Antinori de «vouloir imiter Hitler».
Les craintes que font ressurgir dans l'opinion publique les déclarations du professeur Antinori, mais aussi celles de l'Américain Richard Seed en 1998, ou la course au clonage humain engagée par la secte des Raëliens ont également pour effet de brouiller les idées et d'entretenir la confusion entre clonage reproductif et clonage thérapeutique. Dans le premier cas la naissance d'un enfant clone est le but de l'opération. Dans le deuxième il s'agit de mener des recherches sur les cellules souches humaines afin de régénérer des organes ou de lutter contre certaines maladies dégénératives telle la maladie d'Alzheimer.

La polémique naît sur l'origine de ces cellules souches : elles peuvent provenir d'embryons issus d'avortements ou surnuméraires et font alors l'objet de mises en garde éthiques. Mais les recherches les plus récentes s'orientent vers les cellules souches adultes, alternative aux cellules embryonnaires, dont les capacités de transformation s'avèrent beaucoup plus riches que prévu.

Le projet de Severino Antinori est donc d'une tout autre nature. Et, en dépit de ses affirmations, pourrait avoir quelque peine à se réaliser. Le lieu où mener l'expérience, notamment, pose problème. En effet, les législations qui se mettent en place progressivement vont toutes dans le sens d'une interdiction du clonage reproductif et bien souvent étendent cette interdiction au clonage thérapeutique sur cellules embryonnaires.



par Francine  Quentin

Article publié le 07/08/2001