Liberia
En attendant les résultats
(Photo : UNMIL Photo/Eric Kanalstein)
Le dépouillement a commencé dès mardi soir, parfois, faute d’électricité, à la lumière de l’une des 8 000 lanternes à pile fournies par l’Onu. Mais il faudra le temps d’acheminer à Monrovia les bulletins de l’intérieur du pays, coupé de la capitale par des années de sang, qui n’ont pas épargné les infrastructures et en particulier les routes. Il ne reste plus que 200 kilomètres de bitume plus ou moins carrossable au Libéria et, «pour ce qui est des résultats en provenance de zones moins accessibles, nous devrons attendre quelques jours», explique la présidente de la Nec, Frances Johnson Morris. Le petit jeu des décomptes parallèles n’en a pas moins rapidement démarré, au lendemain d’un scrutin qualifié d’exemplaire par les quatre organismes qui ont dépêché des observateurs internationaux pour valider ce premier scrutin d’après-guerre.
A Monrovia, la capitale qui rassemble plus d’un tiers des électeurs inscrits, les médias parient sur la star du football international George Weah (39 ans), mais aussi sur Ellen Johnson-Sirleaf (66 ans), ancienne ministre des Finances sous William Tolbert (1971-1980) entrée ensuite dans le système bancaire international. Mercredi matin, les radios locales relevaient également les bons scores de Charles Brumskine, président du Sénat sous l’administration Taylor, recyclé dans les affaires, en 1999, après une brouille avec l’ancien seigneur de la guerre.
Selon les observateurs, Charles Brumkine ferait du chiffre à la présidentielle dans son fief du Comté de Bassa, au sud du Libéria, mais aussi dans le Nord, dans les comtés de Nimba et de Lofa d’où partit la rébellion de Taylor, un soir de Noël 1989. Le Freedom Party de Brumkine est également présent aux législatives, où sont en jeu 30 sièges de sénateurs et 64 sièges de députés. La composition du Parlement déterminera en effet la marge de manœuvre du futur chef de l’Etat.
Les Libériens ont voté pour la paix
En attendant les résultats définitifs et les réactions qu’ils susciteront, le représentant du secrétaire général des Nations unies au Liberia, Alan Doss, se félicite du défi électoral qui vient d’être relevé par les citoyens libériens, sous l’œil circonspect des 15 000 casques bleus et policiers de la Minul. «Les Libériens ont voté pour la paix, dit-il, en ajoutant, dans tous les bureaux de vote dans lesquels je me suis rendu, j'ai été frappé par la patience, la détermination et la fraternité affichées par les Libériens au moment où ils exerçaient leur droit et leur responsabilité les plus précieux».
Le taux de participation serait massif, même si le président de la transition sortante, Gyude Bryant, s’est vu recalé dans son village natal du Maryland, au Sud-Est. Il avait oublié sa carte d’électeur à Monrovia. Il n’a pas pu remplir son devoir de citoyen. Mais, plus sérieusement, les observateurs n’ont guère relevé de couacs notables. La Minul a rapidement mis fin à diverses tentatives de perturbations, notamment à Paynesville, la banlieue surpeuplée de Monrovia où George Weah a voté. Il y a eu aussi des retards au démarrage du vote, certains électeurs ayant du patienter une douzaine d’heures avant de pouvoir faire leur choix. Malgré ces contre-temps, les Libériens ont fait preuve de civisme, avec empressement et dans un calme souvent joyeux.
Comme le souligne le chef de l’équipe d'observateurs de l'Union européenne, Max van den Berg, «les électeurs ont donné une leçon de démocratie et de pacifisme à leurs dirigeants». Reste à savoir s’ils seront entendus.
Article publié le 12/10/2005 Dernière mise à jour le 12/10/2005 à 16:06 TU