Liberia
George Weah président ?
(Photo : AFP)
De notre correspondant à Monrovia.
Tout a commencé au début du mois de septembre. Des jeunes et des commerçants regroupés au sein d’une association appelée Redeem Liberia (sauver le Libéria), ont adressé une pétition à George Weah pour lui demander de se porter candidat aux prochaines élections présidentielles.« Les Libériens ont besoin d’un vrai patriote, quelqu’un qui pourrait réconcilier le pays. Pour nous George Weah est le seul Libérien à pouvoir le faire », déclarait le document.
Depuis lors, plusieurs autres associations et mouvements de jeunes ont emboîté le pas à Redeem Liberia. L’éventuelle candidature de George Weah aux prochaines élections présidentielles alimente aujourd’hui toutes les discussions dans les foyers, les bureaux, les taxis et même dans les hôpitaux. Les journaux en font leurs choux gras.
La quasi-totalité des jeunes est pour la candidature de George Weah. Selon Emmanuel Bah, 20 ans et étudiant en science politique, « King Weah est le seul capable de pratiquer la bonne gouvernance. J’ai la conviction qu’il ne sera pas de ceux-là qui viennent au pouvoir juste pour se remplir les poches ». Et 98% des jeunes libériens interrogés ont la même réponse que le jeune Bah.
« Au Libéria, la popularité est un grand atout. C’était le cas de Charles Taylor »
Même son de cloche chez les ouvriers et les fonctionnaires de l’Etat. Eric Sieh, 36 ans, employé dans une boutique libanaise, se plaint : « Les politiciens nous ont assez menti. Ils ont assez volé. On ne peut plus leur faire confiance. George Weah nous a déjà montré qu’il a le pays en cœur ». « Tous les gouvernements qui viennent ne font que piller les fonds de l’Etat. Ils se remplissent les poches sans se soucier de population », se lamente un travailleur du ministère des Finances qui préfère garder l’anonymat.
L’éventuelle candidature de l’homme le plus populaire du Libéria crée un grande agitation parmi les politiciens. A l’évocation de son illustre concurrent, Charles Brumskine, lui-même candidat aux prochaines élections, s’emporte : « Ne me pose plus de question sur Weah. Je veux être président, et tu me poses des questions sur quelqu’un d’autre qui veut lui aussi être président. Ne m’appelle plus pour ça ». Et Brumskine de nous raccrocher au nez. Et tous les leaders de partis politiques ont la même réaction que Brumskine quand on sollicite leur avis sur George Weah.
« Cette réaction des politiciens indique qu’ils ont peur », indique Thomas Nimely, professeur de Sciences politiques à l’Université de Monrovia. « Ici au Libéria, la popularité est un grand atout pour l’accès au pouvoir. C’était le cas de Charles Taylor. Les gens ont voté pour la personne qu’ils connaissaient, sans se soucier de ce qu’elle pouvait leur apporter ».
Pour le moment, l’ambassadeur du football Libérien n’a pas encore dit s’il sera oui ou non candidat aux prochaines élections. « Je suis en train de réfléchir à cette pétition », a-t-il dit aux journalistes lors de sa dernière visite à Monrovia. « Je suis Libérien, j’ai donc le droit de me présenter si je le veux ».
par Zoom Dosso
Article publié le 11/10/2004 Dernière mise à jour le 11/10/2004 à 09:38 TU