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Liberia

La vie reprend péniblement

Vonjama, la capitale provinciale du comté Lofa au Liberia est aujourd’hui une ville complètement ruinée. 

		(Photo : Cyril Bensimon)
Vonjama, la capitale provinciale du comté Lofa au Liberia est aujourd’hui une ville complètement ruinée.
(Photo : Cyril Bensimon)
Au Libéria, le processus de paix évolue. Dans cet état d’Afrique de l’ouest où 14 années de guerre sanglante ont plongé la population dans le dénuement, l’heure est à la reconstruction. A l’intérieur du pays, les civils qui avaient abandonné les villes et villages, sont en train de revenir parce que la présence des forces onusiennes les rassure. Mais ils sont confrontés à de nombreux problèmes : manque d’eau potable et de centres de santé, maisons détruites...

De notre correspondant au Libéria

Vonjama est la capitale provinciale du comté Lofa. Cette splendide ville d’antan située à moins de 45 Km de la Guinée, est aujourd’hui complètement ruinée. C’est dans cette ville que les rebelles du Lurd ont, pour la première fois, attaqué les forces de Charles Taylor en septembre 1998. Les deux forces se sont disputées le contrôle de la ville pendant plus de d’un an. Ces nombreuses batailles ont entièrement détruit la ville.

Le contingent pakistanais de la Minul a déployé 350 soldats à Vonjama au début du mois d’avril. Dès lors, les habitants de la ville qui étaient allés se réfugier dans la forêt ou en Guinée voisine, ont commencé à effectuer le retour.

Assis devant une vieille maison dont la toiture a été enlevée, le vieux Benjamin Kpadeh (68 ans) raconte : «Mes deux autres maisons ont été brûlées. C’est la seule qui me reste. La seule dont au moins les murs, même s’ils sont vieux, sont  encore debout. Mon seul fils qui pouvait m’aider à reconstruire ces maisons, a été tué pendant la guerre

Les agences des Nations unies en collaboration avec les ONG locales ont commencé la construction de puits modernes dans la ville, pour alléger le problème d’eau potable qui s’y impose. Le CICR est en train de distribuer des bâches, qui serviront de tôles pour ceux, comme le vieux Kpadeh, qui ont encore des murs qui tiennent debout.

Les visages décharnés attestent les horreurs de la guerre

A Sanniquellie, capitale provinciale du comté de Nimba, voisin de Lofa, la situation reste la même. La seule différence ici est que la ville n’est pas entièrement détruite comme celle de Vonjama. Il n’y pas eu de confrontation directe entre les rebelles du Lurd et les forces tayloristes à Sanniquellie. Mais les rumeurs de guerre et le harcèlement des forces de Charles Taylor, avaient poussé la population à quitter la ville.

Comme dans les autres régions de l’intérieur du pays, les visages décharnés des résidents de cette ville située à seulement 25 kilomètres de la Cote d’Ivoire, attestent non seulement les horreurs de la guerre, mais révèlent aussi une certaine incertitude face à la réalité de la paix dans les régions frontalières.

«Nos enfants sont encore en possession de leurs armes», se lamente M. Eugene Yormie, préfet de Sanniquellie, qui lui-même avait vécu dans la forêt pendant plus d’un an, pour se mettre à l’abri des actes de vandalisme auxquels se livraient les forces de Charles Taylor contre la population civile.«Bien vrai qu’ils ne marchent pas dans la rue avec ces armes, ils peuvent y faire recours à tout moment», a ajouté M. Yormie.

Les rumeurs de caches d’armes et de camps d’entraînement sortent de toutes les lèvres. Des travailleurs humanitaires aux autorités locales, en passant par les femmes ménagères qui, assises autour du feux en train de préparer le peu de nourriture que la famille a pu obtenir pour la journée, se livrent à toutes sortes de commentaires sur l’existence de caches d’armes et de camps d’entraînement. A Sanniquellie, il y a la peur dans tous les ventres à la simple idée que les 20 mois d’instabilité à la frontière ivoirienne peuvent un jour dégénérer.

La campagne de désarmement et de démobilisation de la Minul n’a pas encore atteint les comtés de nimba et de lofa, où environ 10 000 combattants attendent impatiemment pour joindre le programme qui offre l’opportunité d’obtenir une formation professionnelle et 300 dollars à chaque combattant qui remet son arme à la Minul.

Sanniquellie, lieu de naissance de l’Organisation pour l’Unité Africaine en 1959, a été transformée en ville fantôme par les combats qui ont fait des ravages de 1999 jusqu’à la signature des accords d’Accra en août 2003, entre les forces du mouvement rebelle, les Libériens Unis pour la Réconciliation et la Démocratie (Lurd), et les forces de l’ex-Président Charles Taylor. La majorité de la population s’était réfugiée dans la foret. Depuis le déploiement d’un bataillon Bangladeshi dans la ville, les civils ont commencé à sortir de leur cachette.



par Zoom  Dosso

Article publié le 27/06/2004 Dernière mise à jour le 27/06/2004 à 13:54 TU