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Liberia

Les anciens rebelles refusent de désarmer

Après un démarrage symbolique le 1er décembre dernier, le désarmement est rentré dimanche dans sa phase décisive. Il était prévu que trois centres de cantonnement seraient ouverts ce jour. Mais à la dernière minute, seul un centre a ouvert ses portes aux anciens combattants partisans de Charles Taylor, dimanche. En effet, les deux autres mouvements ex-rebelles estiment que les conditions ne sont pas encore réunies pour désarmer. Le représentant spécial de Kofi Annan au Liberia, Jacques Klein, a vivement condamné les récalcitrants.
De notre correspondant à Monrovia

La cérémonie du 1er décembre, qui marquait le lancement officiel du désarmement, se voulait avant tout symbolique. Erigé au quartier-général de la Mission des Nations unies au Liberia (Minul), un podium aux couleurs de l’ONU attendait que soient des armes y soient déposées. En évidence, une scie électrique destinée à leur destruction.

A 12h30, en présence du corps diplomatique invité pour l’occasion, Jacques Klein a ouvert la cérémonie en déclarant : «Il y a un temps pour s’aimer. Un temps pour faire la guerre, et un temps pour faire la paix. Il est temps de faire la paix au Liberia. Nous avons la lourde tâche de construire un Liberia sécurisé, pacifique, et certainement prospère. Mais il faut que les uns et les autres, surtout ceux qui ont le pouvoir de décider, s’engagent à mettre fin à la souffrance du peuple».

Après le représentant de Kofi Annan, le chef du gouvernement intérimaire Gyude Bryant est monté sur le podium pour encourager les forces onusiennes à accomplir leur mission au Liberia. «Vous avez tout le soutien de mon gouvernement. Vous êtes notre ultime espoir», a indiqué le président Bryant. Puis le représentant spécial de Kofi Annan et l’ambassadeur des Etats-Unis ont utilisé la scie électrique pour découper les premières armes. Le désarmement était ainsi officiellement lancé. En attendant la phase décisive initialement prévue pour le 7 décembre.

«La communauté internationale va nous tourner le dos»

Quelques heures après ce lancement officiel, les deux mouvements rebelles, le Lurd et le Model, ont en effet publié deux communiqués séparés indiquant, sans donner de détails, que leurs forces ne seront pas désarmées le 7 décembre. Déjà, quelques jours plus tôt, les équipes onusiennes chargées d’installer les tentes devant servir au cantonnement, en avaient été empêchées par les combattants du Lurd à Tubmanburg et ceux du Model à Buchanan.

Et le 7 décembre, au lieu des trois centres annoncés, seul un avait ouvert. Il est situé dans la caserne militaire Scheifflin, à une vingtaine de kilomètres de la capitale et il ne concerne que les soldats et miliciens de l’ex-président Charles Taylor, 1 500 d’entre eux déjà cantonnés une semaine auparavant devaient être désarmés dimanche. Mais dès les premières lueurs du jour, les rues de Monrovia ont été envahies par des centaines d’autres miliciens de Charles Taylor venus remettre leurs armes à l’ONU, sans doute attirés par la double prime de démobilisation de 150 dollars par tête. La Minul les a immédiatement transporté dans des véhicules vers la caserne Scheifflin. Mais en apprenant que les sommes promises ne leur seraient pas versées immédiatement, les fidèles de Charles Taylor ont semé le trouble dans les rues de Monrovia mardi soir. En effet, la procédure prévoit que les 150 dollars promis par l’ONU ne sont versé qu’au terme d’une période de cantonnement. Face à la colère des miliciens, l’ONU a décidé de verser immédiatement 75 dollars à ceux qui viennent restituer leurs armes, le solde restant dû au terme d’une période de cantonnement.

La cérémonie a débuté à 14 heures 30. Comme lors de la première, c’est le représentant spécial de Kofi Annan qui a pris le premier la parole. Il a accusé les responsables des deux mouvements rebelles de trahir non seulement leurs propres combattants, mais aussi tout le peuple libérien «pour avoir empêché les employés de l’ONU d’aller dans leurs territoires pour construire les camps de cantonnement. Nous avons des programmes pour ces jeunes gens. Des programmes a l’issue desquels ils pourront devenir utiles à eux-mêmes et à la société. Mais leurs leaders veulent les en empêcher pour des raisons égoïstes. Je trouve cela affreux», a indiqué Jacques Klein. Dans la foulée, le président intérimaire Gyude Bryant a promis que tout allait bientôt rentrer dans l’ordre. «Toutes les factions vont désarmer. C’est notre dernière chance, et nous ne pouvons pas la rater. Sinon la communauté internationale va nous tourner le dos», a-affirmé le président Bryant. La grande question est donc de savoir quand va débuter le désarmement du Lurd et du Model ?



par Zoom  Dosso

Article publié le 10/12/2003