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Liberia

Les premiers problèmes de Gyude Bryant

A peine au pouvoir, le nouveau président du Liberia Gyude Bryant est déjà confronté à des problèmes. Une polémique est apparue entre lui et les signataires des accords d’Accra, sur la répartition des postes au sein du gouvernement. Les deux mouvements rebelles ont déjà menacé une fois de se retirer. L’ancien gouvernement vient d’en faire autant. Les premiers jours de pouvoir du président intérimaire du Liberia sont très mouvementés.
De notre correspondant a Monrovia

Lors des pourparlers de paix a Accra, les postes de ministres et de directeurs généraux des agences de l’État ont été distribués aux différents signataires des accords, a savoir l’ancien gouvernement de Charles Taylor, les deux mouvements rebelles, et la société civile. Les signataires devaient, dès le lendemain de l’investiture du président, faire la liste de tous ceux qui doivent occuper les postes qui leurs sont revenus au sortir des Accords. Le président ensuite, doit examiner les dossiers de chaque personne avant de donner une lettre de nomination. Après quoi, il faut se rendre au Parlement pour une confirmation.

C’est d’abord le plus petit mouvement armé, le Mouvement pour la démocratie au Liberia (MODEL) qui a envoyé une première liste, deux jours après l’investiture du président. Thomas Nimely Yahya, chef du MODEL, était sur cette liste, ministre des Affaires étrangères. Le président Gyude Bryant a toute suite accepté tous les dossiers à l’exception de celui de Thomas Nimely. Le chef du MODEL envoie une lettre à la présidence demandant des explications. On lui répond que le président essaie de voir clair dans ses dossiers. Thomas se fâche, et dit qu’il ne désarmera pas ses forces tant que les Accords d’Accra ne seront pas entièrement appliqués. Devant cette menace, le président plie et nomme Thomas Nimely au poste de ministre des Affaires étrangères.

Le président mécontent

A Accra, rien n’a été dit sur les postes de ministres adjoints et de sous-directeurs des agences de l’État. Une semaine après l’investiture du président, les Libériens pour la réconciliation et la démocratie (LURD) lui ont adressé une première liste. Sur cette liste, outre les postes assignés au LURD a Accra, le chef du LURD Sekou Damateh Konneh a procédé à des nominations aux postes de ministres adjoints et de sous-directeurs. C’est le cas du ministère de la Defense où M. Konneh nomme un chef d’état-major, tout comme au ministère du Travail ou il nomme un ministre-adjoint. Et sans attendre la lettre du président comme le réclament les accords, les personnes nommées par le chef du LURD prennent en même temps leurs fonctions. Le président mécontent, fait un communiqué a la radio pour dire qu’aucune prise de fonction ne doit plus avoir lieu, tant que le nommé n’est pas en possession d’une lettre de la présidence, légitimant sa nomination. Fâché, Sekou Damateh Konneh demande la démission du président intérimaire. Il donne des ordres à ses forces de ne plus laisser rentrer les véhicules de l’ONU sur les territoires contrôlés par le LURD.

Le lundi 27 octobre, l’ancien gouvernement libérien a tenu une conférence de presse pour «dénoncer les dérapages du président intérimaire». M. Cyrille Allen est le président du NPP, parti de l’ancien président libérien Charles Taylor. Lors de la conférence de presse, Il a dit que des politiciens bureaucrates sont en train d’encourager le président Bryant à usurper les postes qui sont destinés aux partis signataires des Accords d’Accra. Pour lui, le gouvernement intérimaire a été conçu comme une formule de paix entre les anciens belligérants du conflit. «Nous voulons tous jouir de la paix et de l’harmonie. Mais il faut qu’on fasse montre de transparence et de fair play.» a-indiqué M. Allen. Il a ajoute qu’à Accra, les facilitateurs de la CEDEAO ont mis sur pied un comité comprenant deux représentants de chacune des anciennes factions. «C’est ce comité qui doit nommer des personnes aux postes de ministres adjoints et de sous-directeur». Le président du NPP a demandé que Gyude Bryant nomme aujourd’hui des personnes aux postes de ministres adjoints et de sous-directeurs, sans même consulter les partis signataires. «Si Bryant ne met pas fin a ces pratiques, c’est tout le processus qui sera mis en cause». Le parti de l’ancien président libérien n’exclut pas son retrait du gouvernement.



par Zoom  Dosso

Article publié le 30/10/2003