Liberia
Une nouvelle page est tournée
Le Liberia a un nouveau président intérimaire, investi mardi. Gyude Bryant dispose de deux ans pour unir les Libériens et sortir le pays de l'impasse. Une lourde tâche attend cet homme d'affaires de 51 ans.
De notre correspondant à Monrovia
A la veille de l'arrivée de leur nouveau président, les Libériens étaient animés d’un sentiment de joie, mais aussi d'appréhension. Ils étaient satisfaits qu'une page se tourne enfin dans l'histoire de leur nation, la page de la haine, de la violence et des atrocités de toutes sortes. Ce sentiment de joie était toutefois voilé par la crainte d'éventuelles échauffourées entre soldats gouvernementaux et rebelles le jour de l'investiture. Car tous les chefs de factions rebelles étaient invités à la cérémonie, et ils ne se déplacent jamais sans être accompagnés d’hommes en armes. On se rappelle encore du 1er octobre où une rencontre entre le président Moses Blah et le chef rebelle Sekou Damateh Konneh s’était terminée par une fusillade qui avait fait trois victimes parmi les civils.
Le représentant spécial de Kofi Annan au Liberia, Jacques Klein, a adressé un communiqué à la radio pour rassurer la population que tout se passera dans le calme. Selon le communiqué, des dispositions avaient été prises pour éviter la répétition des incidents du 1er octobre. Sous les ordres de Jacques Klein, les forces de la MINUL (Mission des Nations unies au Libéria) ont ainsi patrouillé dans les principales rues de la capitale lundi après-midi, deux heures avant l'arrivée de Gyude Bryant dans le pays. Une véritable démonstration de force pour non seulement rassurer la population, mais aussi pour mettre soldats gouvernementaux et rebelles en garde contre tout acte de violence.
Attendu à 13 heures, c'est finalement à 17 heures temps universel que l'avion en provenance du Ghana à bord duquel avait pris place Gyude Bryant a atterri sur le sol libérien. Sur le tarmac attendaient quelques dizaines de proches venus accueillir le futur président. Vêtu d'un costume sombre, l'air souriant, Gyude Bryant fait l'accolade à chacun d'eux puis se rend dans le salon d'honneur où il s'entretient avec quelques officiels du gouvernement. Trente minutes plus tard il prend place a bord d'un véhicule mis à sa disposition par l'ambassade des Etats-Unis. Un long convoi se forme alors et prend la direction du centre-ville. Tout au long du parcours, plusieurs milliers de personne enthousiastes sont massées sur le bord de la route, brandissant des feuilles de palme en signe de paix, pour saluer le futur président.
Première promesse : réduire les prix du carburant et du riz
Mardi, jour de l’investiture, à 5 heures du matin une pluie diluvienne s'abat sur Monrovia. Dans un pays comme le Liberia, cela signifie que le seigneur bénit l'évènement. A 9 heures, les habitants de la capitale commencent à se rendre au parlement où la cérémonie d'investiture doit avoir lieu. Toutes les rues qui y mènent ont été bloquées par les soldats de la MINUL. Aucun véhicule ne passe. Toutes les personnes qui se dirigent vers le parlement sont minutieusement fouillées. Des soldats onusiens sont postés partout, dans la cour et sur le bâtiment. Lourdement armés, ils sont sur le qui-vive.
C'est a 12 heures 30 que Gyude Bryant fait son entrée dans la salle du parlement, sous les applaudissements de la foule. C'est d'abord l'ancien chef d'Etat nigérian, le général Abdul Salami Abubakar qui prend la parole. En sa qualité de grand médiateur de la Cedeao, il rappelle aux libériens qu’ils doivent faire des efforts cette fois, pour ne plus jamais avoir recours aux armes. Ensuite les présidents Olusegun Obasanjo du Nigeria et John Kufuor du Ghana, ainsi que l’ancien président malien Alpha Omar Konare, se succèdent à la tribune pour délivrer le même message : «que les Libériens mettent leurs différends derrière eux pour construire un avenir meilleur». C’est à 13 heures 30 que le président sortant Moses Blah prend la parole pour déclarer qu’il est prêt a faire ce qu’il avait promis. «Je quitte le pouvoir. Mais je reste disponible si le président Bryant a besoin de mes services». C’est après cette promesse qu’eût lieu la cérémonie de passation de pouvoir, Gyude Bryant prêtant serment devant Dieu et les hommes, la main sur la bible, et promettant de faire ce qu’on attend de lui.
«Chers compatriotes, la guerre est finie. Je ne vous demande pas d’oublier. Mais faites des efforts pour vous pardonner les uns les autres. C’est la recette de la réunification de notre pays», annonce-t-il. Le président libérien a ensuite fait plusieurs promesses à la nation parmi lesquelles celle de réduire les prix du carburant et du riz à partir du 1er novembre. Une promesse qui n’est pas du tout le fait du hasard car, au Liberia, le coût élevé du riz a été, à plusieurs reprise, à la base de soulèvements populaires. Et les frais de transport ont terriblement augmenté au cours de ces dernières années. Le nouveau président a aussi promis de partager équitablement les ressources du pays de sorte à réduire la pauvreté, qui touche actuellement 95% de la population. Des promesses déjà très commentées dans les buvettes et les restaurants de Monrovia.
A écouter :
Les priorités du nouveau Président
Papier de Zoom Dosso.
Charles Taylor est il une menace à la paix au Libéria ?
Papier de Olivier Rogez.
Réactions à Monrovia
Micro-trottoir de Zoom Dosso.
Economie du Libéria
Chronique Afrique éco de Dalila Berritane.
A la veille de l'arrivée de leur nouveau président, les Libériens étaient animés d’un sentiment de joie, mais aussi d'appréhension. Ils étaient satisfaits qu'une page se tourne enfin dans l'histoire de leur nation, la page de la haine, de la violence et des atrocités de toutes sortes. Ce sentiment de joie était toutefois voilé par la crainte d'éventuelles échauffourées entre soldats gouvernementaux et rebelles le jour de l'investiture. Car tous les chefs de factions rebelles étaient invités à la cérémonie, et ils ne se déplacent jamais sans être accompagnés d’hommes en armes. On se rappelle encore du 1er octobre où une rencontre entre le président Moses Blah et le chef rebelle Sekou Damateh Konneh s’était terminée par une fusillade qui avait fait trois victimes parmi les civils.
Le représentant spécial de Kofi Annan au Liberia, Jacques Klein, a adressé un communiqué à la radio pour rassurer la population que tout se passera dans le calme. Selon le communiqué, des dispositions avaient été prises pour éviter la répétition des incidents du 1er octobre. Sous les ordres de Jacques Klein, les forces de la MINUL (Mission des Nations unies au Libéria) ont ainsi patrouillé dans les principales rues de la capitale lundi après-midi, deux heures avant l'arrivée de Gyude Bryant dans le pays. Une véritable démonstration de force pour non seulement rassurer la population, mais aussi pour mettre soldats gouvernementaux et rebelles en garde contre tout acte de violence.
Attendu à 13 heures, c'est finalement à 17 heures temps universel que l'avion en provenance du Ghana à bord duquel avait pris place Gyude Bryant a atterri sur le sol libérien. Sur le tarmac attendaient quelques dizaines de proches venus accueillir le futur président. Vêtu d'un costume sombre, l'air souriant, Gyude Bryant fait l'accolade à chacun d'eux puis se rend dans le salon d'honneur où il s'entretient avec quelques officiels du gouvernement. Trente minutes plus tard il prend place a bord d'un véhicule mis à sa disposition par l'ambassade des Etats-Unis. Un long convoi se forme alors et prend la direction du centre-ville. Tout au long du parcours, plusieurs milliers de personne enthousiastes sont massées sur le bord de la route, brandissant des feuilles de palme en signe de paix, pour saluer le futur président.
Première promesse : réduire les prix du carburant et du riz
Mardi, jour de l’investiture, à 5 heures du matin une pluie diluvienne s'abat sur Monrovia. Dans un pays comme le Liberia, cela signifie que le seigneur bénit l'évènement. A 9 heures, les habitants de la capitale commencent à se rendre au parlement où la cérémonie d'investiture doit avoir lieu. Toutes les rues qui y mènent ont été bloquées par les soldats de la MINUL. Aucun véhicule ne passe. Toutes les personnes qui se dirigent vers le parlement sont minutieusement fouillées. Des soldats onusiens sont postés partout, dans la cour et sur le bâtiment. Lourdement armés, ils sont sur le qui-vive.
C'est a 12 heures 30 que Gyude Bryant fait son entrée dans la salle du parlement, sous les applaudissements de la foule. C'est d'abord l'ancien chef d'Etat nigérian, le général Abdul Salami Abubakar qui prend la parole. En sa qualité de grand médiateur de la Cedeao, il rappelle aux libériens qu’ils doivent faire des efforts cette fois, pour ne plus jamais avoir recours aux armes. Ensuite les présidents Olusegun Obasanjo du Nigeria et John Kufuor du Ghana, ainsi que l’ancien président malien Alpha Omar Konare, se succèdent à la tribune pour délivrer le même message : «que les Libériens mettent leurs différends derrière eux pour construire un avenir meilleur». C’est à 13 heures 30 que le président sortant Moses Blah prend la parole pour déclarer qu’il est prêt a faire ce qu’il avait promis. «Je quitte le pouvoir. Mais je reste disponible si le président Bryant a besoin de mes services». C’est après cette promesse qu’eût lieu la cérémonie de passation de pouvoir, Gyude Bryant prêtant serment devant Dieu et les hommes, la main sur la bible, et promettant de faire ce qu’on attend de lui.
«Chers compatriotes, la guerre est finie. Je ne vous demande pas d’oublier. Mais faites des efforts pour vous pardonner les uns les autres. C’est la recette de la réunification de notre pays», annonce-t-il. Le président libérien a ensuite fait plusieurs promesses à la nation parmi lesquelles celle de réduire les prix du carburant et du riz à partir du 1er novembre. Une promesse qui n’est pas du tout le fait du hasard car, au Liberia, le coût élevé du riz a été, à plusieurs reprise, à la base de soulèvements populaires. Et les frais de transport ont terriblement augmenté au cours de ces dernières années. Le nouveau président a aussi promis de partager équitablement les ressources du pays de sorte à réduire la pauvreté, qui touche actuellement 95% de la population. Des promesses déjà très commentées dans les buvettes et les restaurants de Monrovia.
A écouter :
Les priorités du nouveau Président
Papier de Zoom Dosso.
Charles Taylor est il une menace à la paix au Libéria ?
Papier de Olivier Rogez.
Réactions à Monrovia
Micro-trottoir de Zoom Dosso.
Economie du Libéria
Chronique Afrique éco de Dalila Berritane.
par Zoom Dosso
Article publié le 15/10/2003