Liberia
Un accord de paix après 14 ans de guerre civile
Le gouvernement libérien et les deux factions rebelles ont signé, lundi soir à Accra au Ghana, un accord de paix qui doit mettre fin à la guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts dans le pays depuis 14 ans.
Il aura fallu attendre une semaine après de départ en exil de Charles Taylor pour que les négociations engagées au Ghana entre les belligérants libériens aboutissent. L’accord paix paraphé lundi soir par les représentants du gouvernement et ceux des deux mouvements rebelles (Lurd, Libériens unis pour la démocratie et Model, Mouvement pour la démocratie au Liberia) prévoit l’arrêt des combats, la mise en place d’un gouvernement de transition avec partage du pouvoir entre les différentes factions et l’organisation d’élections avant octobre 2005.
La signature de l’accord lundi soir à Accra en présence du chef de l’Etat ghanéen, John Kufuor, qui assure la présidence de la Cedeao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) et de représentants des Nations unies, de l’Union européenne et de l’Union africaine a été rendue possible après que les rebelles du Lurd ont renoncé à l’une de leurs exigences en acceptant de ne pas occuper le poste de numéro deux du gouvernement.
John Kufuor a indiqué lors de la cérémonie de signature qu’il se joignait «aux femmes et aux enfants du Liberia pour appeler les belligérants à déposer les armes et à ne plus jamais les reprendre pour régler leurs désaccords ou pour prendre le pouvoir». Présent également, l’ancien chef de l’Etat nigérian Abdulsalami Abubakar qui a joué le rôle de médiateur a lancé un avertissement: «Le Liberia n’a plus besoin de libérateurs mais d’hommes qui construisent et développent la nation. Ceux qui signent ce document doivent prendre leurs responsabilités au sérieux. La communauté internationale commence à devenir impatiente à propos de la crise libérienne.»
L’accord d’Accra a été immédiatement salué par les Etats-Unis. Selon le porte-parole de George Bush cet accord «historique» donne au Liberia une «opportunité sans précédent d’entamer un processus de réconciliation pour un Liberia en paix, stable et prospère».
L’accord de paix qui prévoit la collaboration (ou au moins la cohabitation) des ennemis d’hier au sein du gouvernement de transition pourrait s’avérer difficile à mettre en œuvre. Selon l’actuel ministre libérien de la Défense, les mouvements rebelles auraient mené de nouvelles attaques meurtrières lundi au nord et au sud-est de Monrovia.
Aujourd’hui près d’un millier de soldats nigérians de l’Ecomil (la force ouest-africaine de maintien de la paix) sont déployés dans la capitale libérienne soutenus par un petit contingent américain. Les marines américains auront quitté le pays le 1er octobre au plus tard a indiqué George Bush dès le 14 août.
Les soldats de la force de maintien de la paix ont permis l’acheminement de l’aide humanitaire en faveur des dizaines de milliers de personnes déplacées qui se sont réfugiées dans la capitale après avoir fui les combats. La situation demeure néanmoins extrêmement «fragile» sur le terrain si l’on en croit Ross Mountain, coordinateur spécial des Nations unies pour l’aide humanitaire qui assure qu’il n’y a «aucune place pour l’autosatisfaction».
Dans les rues de Monrovia un semblant de retour à la normale était signalé dès lundi avec les vendeurs de rue à nouveau installés aux carrefours de la capitale, une circulation plus intense de taxis et de minibus ainsi que la réouverture de commerces comme les pharmacies ou encore Western Union, la société spécialisée dans les transferts internationaux d’argent.
Ecouter également : Le reportage de Cyril Bensimon, envoyé spécial de RFI à Monrovia.
Les principaux points de l’accord
L’accord déclare un cessez-le-feu immédiat et la fin de la guerre civile.
La Cedeao établira une force de maintien de la paix multinationale pour sécuriser le cessez-le-feu, créer une zone-tampon entre les belligérants et garantir le passage de l’aide humanitaire.
Le président Moses Blah quittera ses fonctions le 14 octobre 2003
Un gouvernement de transition (avec partage du pouvoir) lui succédera avec à sa tête un président qui n’appartient pas aux parties en conflit. Le mandat de ce gouvernement s’achèvera en janvier 2006 quand un gouvernement élu prendra ses fonctions.
Les rebelles, le gouvernement de Moses Blah, les partis d’opposition et la société civile se partageront les postes au sein du gouvernement et du parlement.
Les postes de président et de vice-présidents sont accessibles seulement aux candidats issus des partis politiques et de la société civile et seront choisis par consensus.
Le gouvernement de transition comptera 76 membres : 12 membres issus du gouvernement de Moses Blah, 12 membres issus du Lurd, 12 membres issus du Model, 18 membres issus des partis politiques, 7 membres issus de la société civile et un membre issu de chacun des 15 cantons (county) qui composent le Liberia.
Toute décision prise par le gouvernement de transition devra être adoptée par 51% des membres du cabinet.
Les parties en conflit devront se désengager et être désarmées.
L’armée et la police seront restructurées pour inclure les combattants rebelles.
Les forces irrégulières seront démantelées.
Tous les prisonniers politiques et les prisonniers de guerre seront libérés immédiatement et sans condition.
Une commission vérité et réconciliation sera créée pour enquêter sur les violations des droits de l’homme commises dans le pays.
La signature de l’accord lundi soir à Accra en présence du chef de l’Etat ghanéen, John Kufuor, qui assure la présidence de la Cedeao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) et de représentants des Nations unies, de l’Union européenne et de l’Union africaine a été rendue possible après que les rebelles du Lurd ont renoncé à l’une de leurs exigences en acceptant de ne pas occuper le poste de numéro deux du gouvernement.
John Kufuor a indiqué lors de la cérémonie de signature qu’il se joignait «aux femmes et aux enfants du Liberia pour appeler les belligérants à déposer les armes et à ne plus jamais les reprendre pour régler leurs désaccords ou pour prendre le pouvoir». Présent également, l’ancien chef de l’Etat nigérian Abdulsalami Abubakar qui a joué le rôle de médiateur a lancé un avertissement: «Le Liberia n’a plus besoin de libérateurs mais d’hommes qui construisent et développent la nation. Ceux qui signent ce document doivent prendre leurs responsabilités au sérieux. La communauté internationale commence à devenir impatiente à propos de la crise libérienne.»
L’accord d’Accra a été immédiatement salué par les Etats-Unis. Selon le porte-parole de George Bush cet accord «historique» donne au Liberia une «opportunité sans précédent d’entamer un processus de réconciliation pour un Liberia en paix, stable et prospère».
L’accord de paix qui prévoit la collaboration (ou au moins la cohabitation) des ennemis d’hier au sein du gouvernement de transition pourrait s’avérer difficile à mettre en œuvre. Selon l’actuel ministre libérien de la Défense, les mouvements rebelles auraient mené de nouvelles attaques meurtrières lundi au nord et au sud-est de Monrovia.
Aujourd’hui près d’un millier de soldats nigérians de l’Ecomil (la force ouest-africaine de maintien de la paix) sont déployés dans la capitale libérienne soutenus par un petit contingent américain. Les marines américains auront quitté le pays le 1er octobre au plus tard a indiqué George Bush dès le 14 août.
Les soldats de la force de maintien de la paix ont permis l’acheminement de l’aide humanitaire en faveur des dizaines de milliers de personnes déplacées qui se sont réfugiées dans la capitale après avoir fui les combats. La situation demeure néanmoins extrêmement «fragile» sur le terrain si l’on en croit Ross Mountain, coordinateur spécial des Nations unies pour l’aide humanitaire qui assure qu’il n’y a «aucune place pour l’autosatisfaction».
Dans les rues de Monrovia un semblant de retour à la normale était signalé dès lundi avec les vendeurs de rue à nouveau installés aux carrefours de la capitale, une circulation plus intense de taxis et de minibus ainsi que la réouverture de commerces comme les pharmacies ou encore Western Union, la société spécialisée dans les transferts internationaux d’argent.
Ecouter également : Le reportage de Cyril Bensimon, envoyé spécial de RFI à Monrovia.
par Philippe Couve
Article publié le 19/08/2003