Liberia
Sekou Conneh : «Taylor ne partira que par la force»
Charles Taylor, qui devait prononcer ce jeudi un discours d’adieu devant le parlement, a finalement renoncé à s'adresser aux députés et sénateurs libériens, mais il a fait savoir par son porte-parole qu'il "va remettre le pouvoir lundi", comme promis. De leurs côtés, les soldats de la force de paix ouest-africaine ont poursuivi leur déploiement à Monrovia, où ils ont entamé leurs premières patrouilles, ce qui devrait permettre la reprise de l’aide humanitaire à la population de la capitale libérienne. Le chef des rebelles du Lurd (Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie), Sekou Damate Conneh, actuellement en France, nous a pour sa part déclaré mercredi soir qu’il n’est pas opposé à l’abandon des charges contre Charles Taylor, «si cela peut apporter la paix dans mon pays», dit-il, tout en ajoutant : «je sais que Taylor ne quittera pas le pays avant qu’on le force à partir».
Sekou Damate Conneh, pourquoi ce passage en France?
J'effectue une tournée internationale pour rencontrer tous les dirigeants et les gouvernements, dans le but de parvenir à la paix au Libéria.
Qu'attendez vous des autorités françaises?
Nous devons les informer sur la situation au Libéria, parce que notre peuple souffre : il n'y a pas d'eau, pas de médicaments, rien à manger. Taylor ne veut pas partir. On nous a demandé d'arrêter les combats, alors il faut une pression internationale pour qu'il s'en aille. Voilà pourquoi nous voulons parler aux autorités françaises. Les Français peuvent mettre la pression sur Taylor parce qu'il faut une action collective pour qu'il quitte le Libéria. Mais nous ne parlons pas qu'aux Français : nous sommes aussi en contact avec d'autres pays. Après la France, je vais en Afrique de l'Ouest. Je vais rencontrer le président du Nigéria, ensuite j'irais à Accra, puis à Dakar et j'ai aussi prévu de rencontrer d'autres leaders africains.
Vous parlez de pressions pour que Taylor s'en aille, mais il pose ses conditions, puisqu'il demande l'abandon des poursuites de la justice internationale pour partir. Êtes-vous prêt à accepter cette solution?
Je sais que Taylor ne quittera pas le pays avant qu'on le force à partir. En ce qui nous concerne, nous sommes d'accord pour que les charges contre lui soient abandonnées, si cela peut apporter la paix dans le pays.
Vous êtes prêts à faire cette concession!
Oui, oui. ! Nous sommes prêts à soutenir l'idée d'abandonner les charges contre lui, si cela peut le faire partir du Libéria. Mais, à mon avis, une fois que les charges auront été retirées, il va poser de nouvelles conditions.
"Nous voulons un gouvernement inclusif"
Pour l'instant vos soldats sont toujours dans Monrovia. Vous aviez promis de les retirer, une fois arrivés les soldats ouest-africains. Ils sont arrivés. Qu'est-ce que vous attendez?
Oui, ils sont arrivés, mais il ne sont pas encore déployés sur nos positions. Et nous ne voulons pas offrir ces positions à Charles Taylor. Donc, nous attendons que ce déploiement se fasse. Ensuite nous partirons.
Est-ce que ce n'est pas un prétexte pour prendre de nouvelles positions?
Si nous voulions prendre tout de suite le pouvoir, nous n'aurions pas été à Accra. Nous avons les armes, les hommes et nous sommes en ville... Mais nous voulons la paix au Libéria. Charles Taylor a accepté de quitter le pouvoir. Donc nous arrêtons les combats.
Vous arrivez de Rome où vous avez rencontré les responsables de la Communauté catholique de Sant’Egidio, qui mène une médiation dans la crise libérienne. Vous semblez avoir assoupli votre position sur la transition politique. Quel sera votre rôle pendant cette transition?
Nous voulons mettre en place un gouvernement inclusif, auquel tout le monde pourra participer, le LURD, le MODEL, comme les gens de Taylor. Mais nous voulons que le gouvernement soit dirigé par quelqu'un de la société civile.
Donc vous n'aurez aucun poste dans ce gouvernement?
Pour moi personnellement? Non, je ne veux aucun poste, mais des membres de mon mouvement peuvent faire partie de ce gouvernement. Nous pouvons former ce gouvernement et nous préparer pour le désarmement.
Est-ce qu'on peut imaginer que le Libéria soit placé sous mandat des Nations unies?
Nous avons des personnalités éminentes qui ont l'expérience de la politique et qui peuvent tout à fait gérer cette transition à la place des Nations unies.
Combien de temps devra durer cette période de transition?
Je souhaite qu'elle dure environ deux ans, parce qu'il y a au moins un million de Libériens qui ont quitté le pays à cause de Charles Taylor. Ils doivent revenir. Et il faut aussi qu'on désarme nos enfants : l'armée et les forces de sécurité doivent être restructurées. Cela va prendre du temps, et nous ne voulons pas presser les choses pour se retrouver finalement face aux même problèmes.
Vous souhaitez que les Etats-Unis jouent un rôle dans cette transition. Pensez-vous qu'il est toujours nécessaire qu'ils envoient des troupes au Libéria?
Les Etats-Unis ont joué un rôle majeur dans le processus de paix au Libéria. Leur objectif était de mettre fin à la crise au Libéria, et ils ont soutenu l'arrivée des troupes de l'Ecomog au Libéria. Donc, il n'est pas nécessaire qu'ils envoient des troupes. Ce qu'ils ont fait est à nos yeux largement suffisant.
Ecouter l'intégralité de l'interview:
Sékou Damaté Conneh répond aux questions de Christophe Champin, 07/08/2003, 4'
J'effectue une tournée internationale pour rencontrer tous les dirigeants et les gouvernements, dans le but de parvenir à la paix au Libéria.
Qu'attendez vous des autorités françaises?
Nous devons les informer sur la situation au Libéria, parce que notre peuple souffre : il n'y a pas d'eau, pas de médicaments, rien à manger. Taylor ne veut pas partir. On nous a demandé d'arrêter les combats, alors il faut une pression internationale pour qu'il s'en aille. Voilà pourquoi nous voulons parler aux autorités françaises. Les Français peuvent mettre la pression sur Taylor parce qu'il faut une action collective pour qu'il quitte le Libéria. Mais nous ne parlons pas qu'aux Français : nous sommes aussi en contact avec d'autres pays. Après la France, je vais en Afrique de l'Ouest. Je vais rencontrer le président du Nigéria, ensuite j'irais à Accra, puis à Dakar et j'ai aussi prévu de rencontrer d'autres leaders africains.
Vous parlez de pressions pour que Taylor s'en aille, mais il pose ses conditions, puisqu'il demande l'abandon des poursuites de la justice internationale pour partir. Êtes-vous prêt à accepter cette solution?
Je sais que Taylor ne quittera pas le pays avant qu'on le force à partir. En ce qui nous concerne, nous sommes d'accord pour que les charges contre lui soient abandonnées, si cela peut apporter la paix dans le pays.
Vous êtes prêts à faire cette concession!
Oui, oui. ! Nous sommes prêts à soutenir l'idée d'abandonner les charges contre lui, si cela peut le faire partir du Libéria. Mais, à mon avis, une fois que les charges auront été retirées, il va poser de nouvelles conditions.
"Nous voulons un gouvernement inclusif"
Pour l'instant vos soldats sont toujours dans Monrovia. Vous aviez promis de les retirer, une fois arrivés les soldats ouest-africains. Ils sont arrivés. Qu'est-ce que vous attendez?
Oui, ils sont arrivés, mais il ne sont pas encore déployés sur nos positions. Et nous ne voulons pas offrir ces positions à Charles Taylor. Donc, nous attendons que ce déploiement se fasse. Ensuite nous partirons.
Est-ce que ce n'est pas un prétexte pour prendre de nouvelles positions?
Si nous voulions prendre tout de suite le pouvoir, nous n'aurions pas été à Accra. Nous avons les armes, les hommes et nous sommes en ville... Mais nous voulons la paix au Libéria. Charles Taylor a accepté de quitter le pouvoir. Donc nous arrêtons les combats.
Vous arrivez de Rome où vous avez rencontré les responsables de la Communauté catholique de Sant’Egidio, qui mène une médiation dans la crise libérienne. Vous semblez avoir assoupli votre position sur la transition politique. Quel sera votre rôle pendant cette transition?
Nous voulons mettre en place un gouvernement inclusif, auquel tout le monde pourra participer, le LURD, le MODEL, comme les gens de Taylor. Mais nous voulons que le gouvernement soit dirigé par quelqu'un de la société civile.
Donc vous n'aurez aucun poste dans ce gouvernement?
Pour moi personnellement? Non, je ne veux aucun poste, mais des membres de mon mouvement peuvent faire partie de ce gouvernement. Nous pouvons former ce gouvernement et nous préparer pour le désarmement.
Est-ce qu'on peut imaginer que le Libéria soit placé sous mandat des Nations unies?
Nous avons des personnalités éminentes qui ont l'expérience de la politique et qui peuvent tout à fait gérer cette transition à la place des Nations unies.
Combien de temps devra durer cette période de transition?
Je souhaite qu'elle dure environ deux ans, parce qu'il y a au moins un million de Libériens qui ont quitté le pays à cause de Charles Taylor. Ils doivent revenir. Et il faut aussi qu'on désarme nos enfants : l'armée et les forces de sécurité doivent être restructurées. Cela va prendre du temps, et nous ne voulons pas presser les choses pour se retrouver finalement face aux même problèmes.
Vous souhaitez que les Etats-Unis jouent un rôle dans cette transition. Pensez-vous qu'il est toujours nécessaire qu'ils envoient des troupes au Libéria?
Les Etats-Unis ont joué un rôle majeur dans le processus de paix au Libéria. Leur objectif était de mettre fin à la crise au Libéria, et ils ont soutenu l'arrivée des troupes de l'Ecomog au Libéria. Donc, il n'est pas nécessaire qu'ils envoient des troupes. Ce qu'ils ont fait est à nos yeux largement suffisant.
Ecouter l'intégralité de l'interview:
Sékou Damaté Conneh répond aux questions de Christophe Champin, 07/08/2003, 4'
par Propos recueillis par Christophe CHAMPIN
Article publié le 07/08/2003