Liberia
Taylor, le guerrier en costume blanc et lunettes noires
L’ONU a donné son feu vert au projet de résolution présenté par les Etats-Unis. Le texte organise une intervention internationale dans le pays avec d’abord l’intervention dès lundi d’une force multinationale chargée de faire appliquer le cessez-le-feu conclu le 17 juin. Sur le terrain, le président Charles Taylor pose ses conditions. Face à une délégation de hauts responsables ouest-africains de la Cedeao, il s’est engagé samedi à quitter le pouvoir le 11 août, une semaine après l’arrivée prévue des premiers éléments de la force de paix. Pour la Cedeao, le conflit libérien est un bourbier qu’elle connaît trop bien pour s’y risquer sans précautions et surtout sans évaluer les intentions de l’irréductible Gankhay Taylor, le guerrier affairiste qui déstabilise la région depuis bientôt quinze ans.
Costume blanc et lunettes noires de businessman, Charles Taylor est né à Monrovia en 1948 d’un «Kongo», descendant d’esclaves américains affranchis, envoyés coloniser quelques arpents de côte ouest-africaine par la Société philanthropique américaine, au début du XIXème siècle. Ghankay (le guerrier), s’est attribué plus tard ce sobriquet en langue gio, pour s’attacher les services musclés de la communauté autochtone d’où provenait sa mère. «Vois grand», dit la devise de Charles Taylor au fronton du palais présidentiel, Executive Mansion. Ghankay 1, indique la voiture blindée dans laquelle il n’entre jamais sans sa canne de chef sculptée. Talisman, insigne de pouvoir, stick de guerre, il ne s’en sépare pas. En revanche, du battle-dress il fait un usage modéré et essentiellement démonstratif, car pour Charles Ghankay Taylor, les campagnes militaires se préparent à distance et les batailles se gagnent sur bien d’autres échiquiers.
Sous le joug dominateur de William Tolbert, Charles Taylor était promis de naissance à une carrière dans la classe dirigeante d’origine afro-américaine, qui régnait alors sans partage sur les «Natives» du Libéria. C’est tout naturellement aux Etats-Unis qu’il s’envole en 1970 pour suivre des études d’économie péniblement financée par un travail de pompiste et d’emboutisseur dans une usine de plastiques. Il obtient une maîtrise au Bentley College, dans le Massachusetts. Début 1980, contre toute attente, mais déjà bien informé peut-être, Charles Taylor critique le régime Tolbert, dans une interview radio, alors même qu’il participe à une visite organisée par le pouvoir au profit de l’Union des associations libériennes aux Etats-Unis (ULAA), une organisation forte de plus de 30 000 membres. Taylor accuse l’ULAA de l’avoir mal informé sur Tolbert et remercie l’opposition du Libéria de combattre, dit-il, la répression et la dictature du régime. En avril 1980, le système «Kongo» est renversé par des «Natives» conduit par un sergent krahn, Samuel Doe.
Monsieur "superglu"
William Tolbert éviscéré et ses dignitaires fusillés pour l’exemple sur une plage de Monrovia, au grand effroi en particulier de son ami et voisin ivoirien Félix Houphouët-Boigny, le petit sergent libérien s’organise. A l’américanophone diplômé Ghankay-Taylor, il confie la direction de la centrale d’achat et de distribution des équipements gouvernementaux. Leur lune de miel durera le temps d’épuiser le Trésor public. Washington s’inquiète de la gabegie et de la corruption. Samuel Doe se défausse sur Taylor, déjà affublé du surnom de «superglu». Il l’accuse d’avoir mis 900 000 dollars dans sa poche mais ne s’en défait pas pour autant. Il se contente de le transférer au ministère du Commerce et de lui donner des galons de major. Le ton monte lorsque, en 1984, Taylor - Ghankay s’envole pour Boston où il se présente comme un opposant de Doe, qui demande alors son extradition. La communauté afro-américaine n’a pas digéré l’épisode Tolbert et rejette Taylor, au mieux comme un fumiste, au pire comme un traître. Arrêté et incarcéré à la Maison de correction Plymouth County, dans le Massachusetts, il s’en échappe rapidement.
Si Washington a cru voir en lui une possible alternative à Doe – comme le donne à penser sa fuite étonnante d’une prison américaine –, c’est dans une autre direction que Charles Taylor va s’orienter pour prendre la place de Doe. De retour en Afrique, il entre dans la confrérie des libérateurs africains organisée sous la férule libyenne de Muammar Khadafi. Avec ses futurs guérilleros, il s’installe au Burkina Faso. Après un premier essai raté en 1985, il donne l’assaut la nuit de Noël 1989, dans la région gio des monts Nimba, à la tête de 200 hommes appuyés par la Côte d’Ivoire. Un autre futur père Noël en battle dress, le général Robert Gueï, le chef d’état-major de l’armée ivoirienne de l’époque, se charge de la logistique militaire, à la demande du président Houphouët-Boigny. Fort de l’appui d’un axe quelque peu contre nature (Abidjan – Tripoli – Ouagadougou), le Front national patriotique du Libéria (NPFL) de Charles Taylor frappe dur et fort. Non seulement, il s’incruste mais il gagne du terrain rapidement face aux troupes indisciplinées des Forces armées du Libéria (Fal) de Doe. En quelques mois les soldats du NPFL sont 2000, ils installent leurs quartiers généraux à Gbarnga, au centre du pays, et marchent sur Monrovia en juillet 1990.
Le 27 juillet 1990, Charles Taylor se proclame président d’une Assemblée nationale «patriotique de reconstruction» censée diriger le pays à la place de Samuel Doe. Mais en Afrique de l’Ouest, l’avènement de Taylor réveille une compétition larvée dont Lagos et Abidjan sont les traditionnels chefs de file. Jusqu’à aujourd’hui d’ailleurs, Taylor aura maille à partir avec le Nigéria, celui du général Babangida d’abord puis, de manière plus feutrée et diplomatique, celui du général Obasanjo. Entre les deux, il s’accommodera de Sani Abacha. Côté ivoirien, en revanche, les relations se sont glacées avec la disparition de Robert Gueï – l’un de ses pourvoyeur d’armes jusqu’en 2000, prodigue en certificat de destinataire final. Le président Gbagbo au contraire a tenté de lui rendre la monnaie de sa pièce en soutenant la rébellion du Mouvement pour la démocratie au Libéria (Model) plus que celle des Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (Lurd). Le Lurd a ses bases arrières en Guinée, avec la bénédiction de Washington. Quant au Burkina de Blaise Compaoré, on ne l’entend plus guère revendiquer son indéfectible amitié pour Taylor. Mais il a été une pièce maîtresse de l’axe Tripoli - Ouagadougou - Monrovia qui a déstabilisé la région tout entière.
Depuis 1990, la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et Charles Taylor jouent au chat et à la souris au rythme d’entreprises militaires ou diplomatiques répétitives. La première force de la Cedeao, l’Ecomog, a débarqué à Monrovia, le 24 août 1990, avec 2 500 casques blancs fournis par le Nigéria, le Ghana, la Gambie, la Sierra Leone et la Guinée. Placée sous commandement nigérian, elle avait mission de veiller à l’application d’un cessez-le-feu et d’amener Taylor à des élections. Une manière de couper la poire en deux. Mais Taylor refuse l’idée d’un «gouvernement intérimaire» et surtout le parachutage à sa tête du professeur Amos Sawyer qui a l’estime des Etats-Unis et la garantie sécuritaire de l’Ecomog. De Yamoussoukro en juin 1990, à Abuja en août 1995, en passant par Akosombo au Ghana (déjà), en septembre 1994, Charles Taylor s’engagera dans onze accords de paix et davantage encore de cessez-le-feu, le temps en général de souffler face à un nouvel adversaire. Les sept factions libériennes adverses alignent quelque 60 000 combattants face à l’Ecomog qui comptera jusqu’à 20 000 hommes (dont deux tiers de Nigérians) et en perdra plusieurs centaines jusqu’à son départ, après les élections d’août 1997.
Samuel Doe a été enlevé au quartier général de l’Ecomog à Monrovia et torturé à mort par l’un de ses dissidents, Prince Johnson, en septembre 1990, Charles Taylor se chargera d’éliminer un à un ses concurrents avant et même après les présidentielles de 1997 qui lui donnent 75 % des voix et consacrent son emprise de seigneur de la guerre. L’Ecomog n’a jamais réussi à contenir les appétits de Taylor. Le Libéria s’est vidé de la moitié de ses quelques 3 millions d’habitants. Son bois, principale richesse du pays, a servi de nerf de la guerre. Ses diamants aussi, surtout ceux de Sierra Leone car tout au long de cette première manche, Taylor s’est servi de Foday Sankoh et de sa rébellion du Front révolutionnaire uni (Ruf) pour saigner à blanc son voisin, réservoir de chair à canon aussi. Des chasseurs d’hommes traquent les jeunes sierra-léonais conduits dans des camps d’entraînement militaire, au Burkina notamment.
Taylor président, s’annonce la deuxième manche qui voit le camp de ses adversaires se fortifier. Au Libéria, il a contribué à compliquer de lignes de faille ethnique l’opposition historique entre «afro-américains» et «natives». Elles ont des prolongements par delà les frontières. Charles Taylor s’applique à diviser pour régner, chez lui et dans la région. Les métastases empoisonnent la Sierra Leone, la Guinée et la Côte d’Ivoire. Depuis 1999, des mécontents de son régime et d’anciens fidèles de Doe se sont organisés à Freetown dans la rébellion du Lurd dont le chef, Damate Konneh réside à Conakry. Depuis mars 2003, le Model parti de Côte d’Ivoire a fini par s’accrocher dans le deuxième port du pays, Buchanan. En 2001, puis 2003, des sanctions internationales ont frappé ses exportations de gemmes puis de grumes. Le 4 juin 2003, le tribunal spécial de Sierra Leone l’a inculpé pour sa responsabilité dans les crimes de guerre du RUF.
«La guerre est finie», déclarait Charles Taylor, le 30 juin 1990, un jour de «réconciliation» fugace à Yamoussoukro. «Nous pensons, cette fois que le cessez-le-feu va tenir», espérait Mohammed Ibn Chambas, en août 1995. Vice-ministre ghanéen des Affaire étrangères, il dirigeait alors une mission de supervision de la Cedeao au Libéria. Sept ans plus tard, il est à Monrovia comme secrétaire exécutif de la Cedeao pour annoncer à Taylor l’arrivée lundi prochain d’éléments précurseurs d’une nouvelle force de la Cedeao. Composée comme par le passé essentiellement de casques blancs nigérians, elle devrait compter 3000 hommes et répondre aux conditions posées par Taylor. Depuis le cessez-le-feu signé le 17 juin dernier, à Akosombo – et violé depuis –, Charles Taylor répète en effet qu’il rejoindra l’asile "sûr" offert par le président nigérian Obasanjo, dès lors que la force ouest-africaine sera déployée. «Trois jours après son déploiement», précise la médiation Cedeao. «Sitôt un accord politique trouvé sur un gouvernement de transition», renchérit le ministre libérien de l’Economie.
Sous le joug dominateur de William Tolbert, Charles Taylor était promis de naissance à une carrière dans la classe dirigeante d’origine afro-américaine, qui régnait alors sans partage sur les «Natives» du Libéria. C’est tout naturellement aux Etats-Unis qu’il s’envole en 1970 pour suivre des études d’économie péniblement financée par un travail de pompiste et d’emboutisseur dans une usine de plastiques. Il obtient une maîtrise au Bentley College, dans le Massachusetts. Début 1980, contre toute attente, mais déjà bien informé peut-être, Charles Taylor critique le régime Tolbert, dans une interview radio, alors même qu’il participe à une visite organisée par le pouvoir au profit de l’Union des associations libériennes aux Etats-Unis (ULAA), une organisation forte de plus de 30 000 membres. Taylor accuse l’ULAA de l’avoir mal informé sur Tolbert et remercie l’opposition du Libéria de combattre, dit-il, la répression et la dictature du régime. En avril 1980, le système «Kongo» est renversé par des «Natives» conduit par un sergent krahn, Samuel Doe.
Monsieur "superglu"
William Tolbert éviscéré et ses dignitaires fusillés pour l’exemple sur une plage de Monrovia, au grand effroi en particulier de son ami et voisin ivoirien Félix Houphouët-Boigny, le petit sergent libérien s’organise. A l’américanophone diplômé Ghankay-Taylor, il confie la direction de la centrale d’achat et de distribution des équipements gouvernementaux. Leur lune de miel durera le temps d’épuiser le Trésor public. Washington s’inquiète de la gabegie et de la corruption. Samuel Doe se défausse sur Taylor, déjà affublé du surnom de «superglu». Il l’accuse d’avoir mis 900 000 dollars dans sa poche mais ne s’en défait pas pour autant. Il se contente de le transférer au ministère du Commerce et de lui donner des galons de major. Le ton monte lorsque, en 1984, Taylor - Ghankay s’envole pour Boston où il se présente comme un opposant de Doe, qui demande alors son extradition. La communauté afro-américaine n’a pas digéré l’épisode Tolbert et rejette Taylor, au mieux comme un fumiste, au pire comme un traître. Arrêté et incarcéré à la Maison de correction Plymouth County, dans le Massachusetts, il s’en échappe rapidement.
Si Washington a cru voir en lui une possible alternative à Doe – comme le donne à penser sa fuite étonnante d’une prison américaine –, c’est dans une autre direction que Charles Taylor va s’orienter pour prendre la place de Doe. De retour en Afrique, il entre dans la confrérie des libérateurs africains organisée sous la férule libyenne de Muammar Khadafi. Avec ses futurs guérilleros, il s’installe au Burkina Faso. Après un premier essai raté en 1985, il donne l’assaut la nuit de Noël 1989, dans la région gio des monts Nimba, à la tête de 200 hommes appuyés par la Côte d’Ivoire. Un autre futur père Noël en battle dress, le général Robert Gueï, le chef d’état-major de l’armée ivoirienne de l’époque, se charge de la logistique militaire, à la demande du président Houphouët-Boigny. Fort de l’appui d’un axe quelque peu contre nature (Abidjan – Tripoli – Ouagadougou), le Front national patriotique du Libéria (NPFL) de Charles Taylor frappe dur et fort. Non seulement, il s’incruste mais il gagne du terrain rapidement face aux troupes indisciplinées des Forces armées du Libéria (Fal) de Doe. En quelques mois les soldats du NPFL sont 2000, ils installent leurs quartiers généraux à Gbarnga, au centre du pays, et marchent sur Monrovia en juillet 1990.
Le 27 juillet 1990, Charles Taylor se proclame président d’une Assemblée nationale «patriotique de reconstruction» censée diriger le pays à la place de Samuel Doe. Mais en Afrique de l’Ouest, l’avènement de Taylor réveille une compétition larvée dont Lagos et Abidjan sont les traditionnels chefs de file. Jusqu’à aujourd’hui d’ailleurs, Taylor aura maille à partir avec le Nigéria, celui du général Babangida d’abord puis, de manière plus feutrée et diplomatique, celui du général Obasanjo. Entre les deux, il s’accommodera de Sani Abacha. Côté ivoirien, en revanche, les relations se sont glacées avec la disparition de Robert Gueï – l’un de ses pourvoyeur d’armes jusqu’en 2000, prodigue en certificat de destinataire final. Le président Gbagbo au contraire a tenté de lui rendre la monnaie de sa pièce en soutenant la rébellion du Mouvement pour la démocratie au Libéria (Model) plus que celle des Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (Lurd). Le Lurd a ses bases arrières en Guinée, avec la bénédiction de Washington. Quant au Burkina de Blaise Compaoré, on ne l’entend plus guère revendiquer son indéfectible amitié pour Taylor. Mais il a été une pièce maîtresse de l’axe Tripoli - Ouagadougou - Monrovia qui a déstabilisé la région tout entière.
Depuis 1990, la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et Charles Taylor jouent au chat et à la souris au rythme d’entreprises militaires ou diplomatiques répétitives. La première force de la Cedeao, l’Ecomog, a débarqué à Monrovia, le 24 août 1990, avec 2 500 casques blancs fournis par le Nigéria, le Ghana, la Gambie, la Sierra Leone et la Guinée. Placée sous commandement nigérian, elle avait mission de veiller à l’application d’un cessez-le-feu et d’amener Taylor à des élections. Une manière de couper la poire en deux. Mais Taylor refuse l’idée d’un «gouvernement intérimaire» et surtout le parachutage à sa tête du professeur Amos Sawyer qui a l’estime des Etats-Unis et la garantie sécuritaire de l’Ecomog. De Yamoussoukro en juin 1990, à Abuja en août 1995, en passant par Akosombo au Ghana (déjà), en septembre 1994, Charles Taylor s’engagera dans onze accords de paix et davantage encore de cessez-le-feu, le temps en général de souffler face à un nouvel adversaire. Les sept factions libériennes adverses alignent quelque 60 000 combattants face à l’Ecomog qui comptera jusqu’à 20 000 hommes (dont deux tiers de Nigérians) et en perdra plusieurs centaines jusqu’à son départ, après les élections d’août 1997.
Samuel Doe a été enlevé au quartier général de l’Ecomog à Monrovia et torturé à mort par l’un de ses dissidents, Prince Johnson, en septembre 1990, Charles Taylor se chargera d’éliminer un à un ses concurrents avant et même après les présidentielles de 1997 qui lui donnent 75 % des voix et consacrent son emprise de seigneur de la guerre. L’Ecomog n’a jamais réussi à contenir les appétits de Taylor. Le Libéria s’est vidé de la moitié de ses quelques 3 millions d’habitants. Son bois, principale richesse du pays, a servi de nerf de la guerre. Ses diamants aussi, surtout ceux de Sierra Leone car tout au long de cette première manche, Taylor s’est servi de Foday Sankoh et de sa rébellion du Front révolutionnaire uni (Ruf) pour saigner à blanc son voisin, réservoir de chair à canon aussi. Des chasseurs d’hommes traquent les jeunes sierra-léonais conduits dans des camps d’entraînement militaire, au Burkina notamment.
Taylor président, s’annonce la deuxième manche qui voit le camp de ses adversaires se fortifier. Au Libéria, il a contribué à compliquer de lignes de faille ethnique l’opposition historique entre «afro-américains» et «natives». Elles ont des prolongements par delà les frontières. Charles Taylor s’applique à diviser pour régner, chez lui et dans la région. Les métastases empoisonnent la Sierra Leone, la Guinée et la Côte d’Ivoire. Depuis 1999, des mécontents de son régime et d’anciens fidèles de Doe se sont organisés à Freetown dans la rébellion du Lurd dont le chef, Damate Konneh réside à Conakry. Depuis mars 2003, le Model parti de Côte d’Ivoire a fini par s’accrocher dans le deuxième port du pays, Buchanan. En 2001, puis 2003, des sanctions internationales ont frappé ses exportations de gemmes puis de grumes. Le 4 juin 2003, le tribunal spécial de Sierra Leone l’a inculpé pour sa responsabilité dans les crimes de guerre du RUF.
«La guerre est finie», déclarait Charles Taylor, le 30 juin 1990, un jour de «réconciliation» fugace à Yamoussoukro. «Nous pensons, cette fois que le cessez-le-feu va tenir», espérait Mohammed Ibn Chambas, en août 1995. Vice-ministre ghanéen des Affaire étrangères, il dirigeait alors une mission de supervision de la Cedeao au Libéria. Sept ans plus tard, il est à Monrovia comme secrétaire exécutif de la Cedeao pour annoncer à Taylor l’arrivée lundi prochain d’éléments précurseurs d’une nouvelle force de la Cedeao. Composée comme par le passé essentiellement de casques blancs nigérians, elle devrait compter 3000 hommes et répondre aux conditions posées par Taylor. Depuis le cessez-le-feu signé le 17 juin dernier, à Akosombo – et violé depuis –, Charles Taylor répète en effet qu’il rejoindra l’asile "sûr" offert par le président nigérian Obasanjo, dès lors que la force ouest-africaine sera déployée. «Trois jours après son déploiement», précise la médiation Cedeao. «Sitôt un accord politique trouvé sur un gouvernement de transition», renchérit le ministre libérien de l’Economie.
par Monique Mas
Article publié le 02/08/2003 Dernière mise à jour le 01/08/2003 à 22:00 TU