Liberia
15 000 casques bleus pour garantir la paix
Les Etats-Unis sont venus en renfort de l’Onu au Libéria, avec une résolution qui a recueilli mardi «un soutien fort» du Conseil de sécurité. Ce dernier devrait prochainement entériner la Mission des nations unies au Libéria (Minul) réclamée par le secrétaire général, Kofi Annan dans son rapport du 11 septembre. Chargée de surveiller l’application du plan de paix du 18 août dernier et de procéder au désarmement et à la réinsertion des anciens combattants, la Minul pourrait démarrer le 1er octobre par l’intégration dans ses rangs des quelque 3 500 soldats de la Mission de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Ecomil). Depuis le 4 août dernier, l’Ecomil a déployé au Libéria deux bataillons nigérians, un bataillon bissau-guinéen et des compagnies venues de Gambie, du Ghana, du Mali, du Sénégal et du Togo. Selon Kofi Annan, la Minul devrait pouvoir recourir à la force et compter jusqu’à 15 000 casques bleus et 900 policiers.
«Donnez-nous le mandat et les moyens et je vous assure que nous ferons ce qui est juste est bon», plaide l’envoyé spécial du secrétaire général, Jacques Klein, qui espère arracher une réponse cette semaine et indique que, outre les casques blancs de l’Ecomil et les troupes annoncées par l’Ethiopie, l’Afrique du Sud, la Jordanie, le Pakistan et le Bangladesh en faveur de la Minul, «la Russie a promis une brigade de 1 200 hommes», la Croatie prêtera des hélicoptères et l’Irlande les logisticiens nécessaires pour l’installation d’un quartier général. De son côté, la Commission européenne vient de décider d’allouer 8 millions d’euros à l’Ecomil, en attendant la Minul. Quant aux Etats-Unis, en quête de troupes et de finances pour l’Irak, ils n’ont jamais caché leur répugnance à s’engager militairement au Libéria où 150 Marines ont quitté le 25 août dernier l’aéroport de Monrovia pour rembarquer sur le navire de guerre ancré au large de la capitale. Washington n’envisage pas de les ramener à terre mais appelle en revanche à un renforcement international de l’opération ouest-africaine au Libéria.
Kofi Annan préconise au Libéria «une opération de maintien de la paix» relevant du Chapitre VII de la charte onusienne (autorisant le recours à la force). A ses yeux, la Minul doit comporter «des volets politique, militaire, police civile, justice pénale, affaires civiles, droits de l’homme, désarmement et réinsertion …ainsi que, le moment venu, un volet électoral». La préparation d’élections en octobre 2005 est en effet au programme du gouvernement national de transition qui doit succéder le 14 octobre prochain au gouvernement provisoire dirigé par Moses Blah qui a reçu le bâton de président de Charles Taylor le 11 août dernier. Mais, alors que des régions entières du Libéria restent des zones grises et que des centaines de milliers de Libériens sont toujours en proie à la violence, la famine ou la maladie, la consolidation de la paix constitue le défi immédiat.
Il a toujours été clair que l’Ecomil ne suffirait pas face au chaos légué par un conflit dont toutes les braises sont loin d’être éteintes et qui s’est propagé dans la sous-région. Recruter des casques bleus n’est pas le plus difficile. Certains pays comme le Pakistan ou le Ghana proposent régulièrement des troupes pour des interventions onusiennes. Reste à financer une force qui vise les 15 000 hommes. En outre, explique Jacques Klein, les troupes de la Minul devront être très expérimentées car elles «seront appelées à achever des missions extrêmement difficiles comme la surveillance des frontières ou du respect de l’accord de paix, mais aussi la démobilisation et la réinsertion». Car bien sûr, «il n’y aura pas de véritable désarmement sans de véritables gages de réinsertion».
Extirper le poison de la guerre
L’Onu estime que 70 % des quelque 25 000 à 40 000 «combattants» sont des enfants-soldats. Un enjeu majeur puisqu’au Libéria, plus de la moitié de la population a moins de quinze ans. Mais les tireurs de ficelles militaires n’ont pas désarmé. Charles Taylor lui-même vient d’être rappelé à l’ordre ce mardi par son hôte Olusegun Obasanjo. Quelques jours plus tôt, Jacques Klein affirmait que «Taylor a toujours un téléphone portable et il appelle deux ou trois fois par jour le gouvernement provisoire à Monrovia». L’envoyé spécial de l’Onu estime que Taylor gouverne depuis son exil nigérian. Il l’accuse aussi d’avoir emporté trois millions de dollars, la solde de ses troupes offerte par «un pays asiatique». «Adressez-vous à Taylor si vous voulez savoir où votre argent est passé», lance Jacques Klein à l’intention de «tous ces jeunes gens en armes». Mais au Conseil de sécurité, c’est une conférence internationale des donateurs qu’il préconise pour «financer la mise en place des institutions civiles», pour «créer en un an une infrastructure» chargée de la formation du corps de police que l’Onu compte recruter sur place, mais aussi, notamment pour payer les salaires des fonctionnaires «jusqu’à ce que le gouvernement libérien en soit capable».
Outre les 20 à 30 000 hommes des forces gouvernementales, parmi lesquels «du personnel paramilitaire d’élite» qui contrôlent Monrovia et le centre du pays, les quelque 5000 combattants rebelles du Lurd à l’Ouest et ceux du Model à l’Est (1 500 à 3 000 selon l’Onu), Kofi Annan rappelle que depuis 1989, «de nombreux éléments armés et groupes criminels se déplacent librement à l’intérieur et à l’extérieur du Libéria». «De plus»,écrit-il dans son rapport, «les déplacements massifs de population, la pauvreté, le chômage élevé et la prolifération des armes légères aggravent l’insécurité». Dans ce Libéria exsangue, aux infrastructures ruinées et où le mot chômage a perdu tout sens tant l’emploi salarié civil a disparu, Kofi Annan relève que la corruption et l’effondrement des structures judiciaires et pénitentiaires exigent des remèdes rapides.
Le secrétaire général de l’Onu reprend aussi à son compte les priorités régionales pointées par la Cedeao à Accra le 27 août dernier : «la démobilisation et la réinsertion des membres des divers groupes armés qui circulent librement entre les pays faisant partie de l’Union du fleuve Mano, dont plusieurs milliers sont des nationaux d’autres pays d’Afrique de l’Ouest ; la nécessité de mettre fin à la prolifération d’armes légères dans la sous-région ; le réexamen du régime actuel des sanctions instituées contre le Libéria». Au total, 15 000 casques bleus et 900 policiers conjugués avec les prestations de toute la gamme humanitaire, ce ne serait en effet pas de trop pour extirper le poison de la guerre dans la sous-région et pour relever le Libéria de ses ruines matérielles et morales, en attendant que ses habitants puissent enfin tirer prospérité de son bois ou de ses diamants.
Kofi Annan préconise au Libéria «une opération de maintien de la paix» relevant du Chapitre VII de la charte onusienne (autorisant le recours à la force). A ses yeux, la Minul doit comporter «des volets politique, militaire, police civile, justice pénale, affaires civiles, droits de l’homme, désarmement et réinsertion …ainsi que, le moment venu, un volet électoral». La préparation d’élections en octobre 2005 est en effet au programme du gouvernement national de transition qui doit succéder le 14 octobre prochain au gouvernement provisoire dirigé par Moses Blah qui a reçu le bâton de président de Charles Taylor le 11 août dernier. Mais, alors que des régions entières du Libéria restent des zones grises et que des centaines de milliers de Libériens sont toujours en proie à la violence, la famine ou la maladie, la consolidation de la paix constitue le défi immédiat.
Il a toujours été clair que l’Ecomil ne suffirait pas face au chaos légué par un conflit dont toutes les braises sont loin d’être éteintes et qui s’est propagé dans la sous-région. Recruter des casques bleus n’est pas le plus difficile. Certains pays comme le Pakistan ou le Ghana proposent régulièrement des troupes pour des interventions onusiennes. Reste à financer une force qui vise les 15 000 hommes. En outre, explique Jacques Klein, les troupes de la Minul devront être très expérimentées car elles «seront appelées à achever des missions extrêmement difficiles comme la surveillance des frontières ou du respect de l’accord de paix, mais aussi la démobilisation et la réinsertion». Car bien sûr, «il n’y aura pas de véritable désarmement sans de véritables gages de réinsertion».
Extirper le poison de la guerre
L’Onu estime que 70 % des quelque 25 000 à 40 000 «combattants» sont des enfants-soldats. Un enjeu majeur puisqu’au Libéria, plus de la moitié de la population a moins de quinze ans. Mais les tireurs de ficelles militaires n’ont pas désarmé. Charles Taylor lui-même vient d’être rappelé à l’ordre ce mardi par son hôte Olusegun Obasanjo. Quelques jours plus tôt, Jacques Klein affirmait que «Taylor a toujours un téléphone portable et il appelle deux ou trois fois par jour le gouvernement provisoire à Monrovia». L’envoyé spécial de l’Onu estime que Taylor gouverne depuis son exil nigérian. Il l’accuse aussi d’avoir emporté trois millions de dollars, la solde de ses troupes offerte par «un pays asiatique». «Adressez-vous à Taylor si vous voulez savoir où votre argent est passé», lance Jacques Klein à l’intention de «tous ces jeunes gens en armes». Mais au Conseil de sécurité, c’est une conférence internationale des donateurs qu’il préconise pour «financer la mise en place des institutions civiles», pour «créer en un an une infrastructure» chargée de la formation du corps de police que l’Onu compte recruter sur place, mais aussi, notamment pour payer les salaires des fonctionnaires «jusqu’à ce que le gouvernement libérien en soit capable».
Outre les 20 à 30 000 hommes des forces gouvernementales, parmi lesquels «du personnel paramilitaire d’élite» qui contrôlent Monrovia et le centre du pays, les quelque 5000 combattants rebelles du Lurd à l’Ouest et ceux du Model à l’Est (1 500 à 3 000 selon l’Onu), Kofi Annan rappelle que depuis 1989, «de nombreux éléments armés et groupes criminels se déplacent librement à l’intérieur et à l’extérieur du Libéria». «De plus»,écrit-il dans son rapport, «les déplacements massifs de population, la pauvreté, le chômage élevé et la prolifération des armes légères aggravent l’insécurité». Dans ce Libéria exsangue, aux infrastructures ruinées et où le mot chômage a perdu tout sens tant l’emploi salarié civil a disparu, Kofi Annan relève que la corruption et l’effondrement des structures judiciaires et pénitentiaires exigent des remèdes rapides.
Le secrétaire général de l’Onu reprend aussi à son compte les priorités régionales pointées par la Cedeao à Accra le 27 août dernier : «la démobilisation et la réinsertion des membres des divers groupes armés qui circulent librement entre les pays faisant partie de l’Union du fleuve Mano, dont plusieurs milliers sont des nationaux d’autres pays d’Afrique de l’Ouest ; la nécessité de mettre fin à la prolifération d’armes légères dans la sous-région ; le réexamen du régime actuel des sanctions instituées contre le Libéria». Au total, 15 000 casques bleus et 900 policiers conjugués avec les prestations de toute la gamme humanitaire, ce ne serait en effet pas de trop pour extirper le poison de la guerre dans la sous-région et pour relever le Libéria de ses ruines matérielles et morales, en attendant que ses habitants puissent enfin tirer prospérité de son bois ou de ses diamants.
par Monique Mas
Article publié le 17/09/2003 Dernière mise à jour le 16/09/2003 à 22:00 TU