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Liberia

Crimes rituels à Monrovia

Des centaines de femmes ont défilé dans le centre de Monrovia contre les crimes rituels dont sont victimes les femmes et les enfants. 

		(Photo : Zoom Dosso/RFI)
Des centaines de femmes ont défilé dans le centre de Monrovia contre les crimes rituels dont sont victimes les femmes et les enfants.
(Photo : Zoom Dosso/RFI)
Les habitants de la capitale libérienne vivent dans l’angoisse et le désarroi. Depuis plus de deux mois maintenant, les tueries rituelles sont de plus en plus fréquentes à Monrovia. Ces crimes ont pris une telle ampleur que les femmes sont descendues dans la rue pour manifester contre l’impuissance des forces de l’ordre face à cette situation.

De notre correspondant a Monrovia

Ce sont des centaines de femmes sous la bannière de l’Association nationale des femmes libériennes, qui ont manifesté leur mécontentement le 26 Mars. Elles ont, dès les premières lueurs du jour, occupé les principales artères du centre de Monrovia. Criant, pleurant et chantant des chansons religieuses, elles ont convergé vers le ministère de la Justice pour un «sitting».

Assises sous un soleil ardent, elles ont bloqué l’accès principal au ministère. Les femmes brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire entre autres: «Hier c’était des balles et des canons. Aujourd’hui ce sont les bouchers», «Où se trouve la loi du Liberia?», ou encore «Les enfants représentent notre future. Ne les tuez pas». En effet, les victimes de ces tueries rituelles sont pour la plupart des femmes et des enfants.

Jusqu’ici, aucune arrestation n’a été opérée par la police en rapport avec ces crimes. Les responsables de ces actes ignobles ont toujours réussi à s’évaporer dans la nature après leur forfait. Pourtant, ils procèdent toujours de la même manière. Ils tuent leurs victimes, et leur enlèvent les organes génitaux, les yeux et le coeur. Les parents des victimes n’ont pu jusqu’ici que constater les dégâts. Les tueurs ne laissent aucune trace et personne ne les a encore pris en flagrant délit.

Chaque jour, il y a des victimes

Depuis la mise en place du gouvernement de transition, une force de police internationale est arrivée dans le pays pour former une nouvelle police nationale qui, dit-on, doit être plus professionnelle que la précédente. Les premiers éléments ayant bénéficié de cette formation travaillent en collaboration avec la police internationale. Les policiers internationaux sont armés et les nationaux, eux, se contentent de matraques. Ensemble, ils effectuent des patrouilles.

Le chef de l’Etat est lui-même apparu sur les antennes de radios et de télévisions, le 27 mars, pour demander à la Mission des Nations unies au Liberia (Minul) de tout mettre en oeuvre pour que les responsables de ces crimes soient mis sous les verrous. «Nous ne pouvons pas continuer de regarder nos mères et nos femmes pleurer sans agir. Ces tueries rituelles commencent a faire plus de victimes que la guerre. Il faut y mettre fin», a souligné le président Gyude Bryant.

Depuis lors, les condamnations viennent de partout. Mais les crimes rituels sont loin d’être finis dans la capitale libérienne. Chaque jour, il y a des victimes. Au moins douze cas ont été signalés au cours de ces derniers jours. Les corps des victimes sont rapidement enlevés et les journalistes sont priés de ne pas publier les photos pour ne pas provoquer la colère de la population.



par Zoom  Dosso

Article publié le 04/04/2004 Dernière mise à jour le 04/04/2004 à 13:52 TU

Réalisation multimédia : Pascale Hamon