Côte d'Ivoire
Paris appuie l'Union africaine à l'Onu
( Photo : AFP )
Le projet de résolution français confirme la décision du CPS panafricain concernant le Premier ministre qui aura «pleine autorité sur son gouvernement». Conformément à l’Accord de Linas-Marcoussis, le cabinet devra être «composé de représentants désignés» par chacun des partis politiques signataires, et cela, «de manière équilibrée entre les parties». Mais surtout, Paris presse le pas, et fixe la date du 31 octobre comme date butoir. Le projet français place aussi les questions électorales, de défense et de sécurité au cœur du champ de compétences du futur Premier ministre auquel Marcoussis attribuait «des prérogatives de l'exécutif en application des délégations prévues par la Constitution».
Le 16 décembre prochain, les députés de l’Assemblée nationale verront leurs mandats expirer. Paris demande à l’Onu et à l’UA de proposer une solution, mais aussi de déterminer un calendrier électoral, en commençant, bien sûr par le désarmement et l’identification des électeurs. Concernant la demande d’une «augmentation substantielle» des forces de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), exprimée jeudi, devant le Conseil de sécurité, par le représentant du président de l’UA (le ministre nigérian des Affaires étrangères, Oluyemi Adeniji), le texte français renvoie aux résolutions onusiennes précédentes qui autorisent le secrétaire général, Kofi Annan, à puiser dans les effectifs déployés au Libéria et en Sierra Leone.
«L'horloge tourne»
Venu à New-York expliquer au Conseil de sécurité les décisions panafricaines, Oluyemi Adeniji a beaucoup insisté sur les menaces liées au retard pris dans le processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR). «7 090 casques bleus, c’est trop peu pour parvenir à un désarmement crédible et organiser des élections», a-t-il relevé. «L’horloge tourne et il faut brûler les étapes d'ici le 30 octobre», ajoute-t-il. A l’appui, le représentant spécial de Kofi Annan en Côte d’Ivoire, Pierre Schori, a souligné la gravité des violations des droits de l’homme et du banditisme recensés dans le dernier rapport de l’Onuci. Dans la zone de confiance, c’est-à-dire strictement démilitarisée, les casques bleus sont régulièrement débordés par des infiltrations de groupes armés issus de l’un ou l’autre camp. La situation est explosive, «il y a trop d’angoisse et de peur dans l’air et trop de kalachnikov dans les rues», résume Pierre Schori.
Lundi, le Conseil de sécurité va dépêcher à Abidjan, pendant trois jours, le président de son comité des sanctions, l'ambassadeur grec, Adamantios Vassilakis, avec mission d’évaluer l’opportunité de mettre en œuvre des sanctions contre ceux qui entravent le processus de paix, comme le prévoit la résolution prise par le Conseil de sécurité en novembre 2004. Le texte français s’inscrit lui aussi dans cette perspective, à l’instar du cahier de résolutions du Conseil de sécurité panafricain. Ce dernier prévoyait aussi de convier dès que possible, à Yamoussoukro, les protagonistes de la crise ivoirienne ainsi que des représentants de la société civile et des autorités coutumières, afin de relancer le dialogue. Les président Olusegun Obasanjo et Thabo Mbeki doivent également se rendre à Abidjan pour faire le point avec leurs partenaires ivoiriens sur les décisions panafricaines que le Conseil de sécurité s’apprête à entériner.
par Monique Mas
Article publié le 14/10/2005 Dernière mise à jour le 14/10/2005 à 09:44 TU