Côte d'Ivoire
Un an pour tenir le scrutin présidentiel
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Le CPS rappelle que, conformément à l’Accord de Linas-Marcoussis, le Premier ministre «aura pleine autorité sur son gouvernement» formé par les partis signataires de Linas-Marcoussis et qu’il «ne sera pas éligible aux élections». Il n’explicite pas le départ de Seydou Diarra. Sanction ou démission, on se souvient en tout cas que l’année dernière, après que le président Gbagbo ait fait savoir que les ministres de l’opposition qui boycottaient le Conseil seraient privés de salaire et de prise en charge, le chef du gouvernement de «réconciliation nationale», Seydou Diarra avait laissé sa chaise vide, sans préavis, un communiqué laconique indiquant par la suite qu’il n’avait pas été tenu au courant des décisions présidentielles.
Veiller au respect des engagements
Placé sous l’égide des Nations unies, de l’UA et de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le tout nouveau GIT constituera en quelque sorte un comité de suivi rapproché. Au quotidien, il aura une mission de médiation, sous la férule d’un Envoyé spécial de l’Afrique du Sud mandaté par Thabo Mbéki. Une fois par mois, il fera le point sur «le degré de coopération des parties et le respect des engagements pris», pointant, «le cas échéant, toute attitude de nature à entraver l’aboutissement du processus de paix». Outre les instances déjà citées, le GIT comprendra des représentants de la Banque mondiale et du Fonds monétaire internationale, mais aussi de la France, du Royaume-Uni, des Etats-Unis, de l’Union européenne et de pays voisins de la Côte d’Ivoire (Bénin, Ghana, Guinée, Niger et Nigéria).
Le point 12 du communiqué final «réaffirme son appui» aux menaces de sanctions individuelles décidées par le Conseil de sécurité de l’Onu en novembre 2004 et «se félicite de la visite envisagée en Côte d’Ivoire du président du Comité des sanctions du Conseil de sécurité», l'ambassadeur de Grèce à l'Onu, Adamantios Vassilakis, attendu à Abidjan le 17 octobre. Entre-temps, le 13 octobre, l’UA aura transmis ses décisions au Conseil de sécurité où un calendrier plus précis devrait être peaufiné, en fonction des moyens internationaux affectés à la résolution de la crise ivoirienne et en particulier au désarmement et à l’organisation des élections.
C’est le président soudanais Omar al-Béchir qui a présidé le CPS du 6 octobre, en présence du président en exercice de l’UA, le Nigérian Olusegun Obasanjo, et du médiateur sud-africain mandaté en novembre dernier par l’UA, Thabo Mbeki. Les détracteurs de ce dernier ainsi que les chefs d’Etat en froid avec Laurent Gbagbo, le président sénégalais Abdoulaye Wade, le Burkinabais Blaise Compaoré, le Malien Amani Toumani Touré ou le Gabonais Omar Bongo, n’étaient finalement pas au rendez-vous d’Addis-Abéba. On note aussi l’absence des voisins malien et burkinabais au GIT.
L’UA n’a pas désavoué Thabo Mbéki comme le demandait l’opposition ivoirienne. Elle a sans doute aussi évité une possible diatribe entre les francophones ouest-africains et le représentant d’une Afrique du Sud sourcilleuse quant à son indépendance et à son poids dans le continent. C’est en tandem qu’Obasanjo et Mbéki vont être «dépêchés» en Côte d’Ivoire pour fournir les explications de texte nécessaires aux protagonistes de la crise. Ils se rendront aussi à Yamoussoukro, «le plus tôt possible», pour un «Forum de dialogue national» auquel ils vont inviter «les parties ivoiriennes», mais aussi des représentants de «la société civile, y compris les notabilités et le secteur privé». Dans l’immédiat, l’UA gomme l’échéance du 30 octobre. Reste à tenir le pari d’un scrutin dans l’année qui vient.
par Monique Mas
Article publié le 07/10/2005 Dernière mise à jour le 07/10/2005 à 17:54 TU