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Côte d'Ivoire

L’opposition en appelle au Conseil de sécurité

Pour le président du directoire du RHDP, Alphonse Djédjé Mady, le maintien de Laurent Gbagbo à la tête de l’Etat ivoirien ne permet pas «<I>de surmonter les blocages qu'a connus le gouvernement de réconciliation nationale pendant trois ans</I>».(Photo : AFP)
Pour le président du directoire du RHDP, Alphonse Djédjé Mady, le maintien de Laurent Gbagbo à la tête de l’Etat ivoirien ne permet pas «de surmonter les blocages qu'a connus le gouvernement de réconciliation nationale pendant trois ans».
(Photo : AFP)
Alors que les partisans du président Laurent Gbagbo crient victoire après la décision du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine de le maintenir au pouvoir en lui confiant la conduite d’une transition, les partis d’opposition se tournent plutôt vers le Conseil de sécurité de l’Onu pour exiger son départ.

Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA n’a pas attendu la date du 30 octobre pour prendre une décision quant à l’avenir politique de la Côte d’Ivoire après cette date. Le mandat du président Gbagbo vient à échéance alors que rien n’a été prévu pour aller vers de nouvelles élections. Le pouvoir empêtré dans un conflit politico-militaire depuis septembre 2002 se cache derrière sa difficile posture, dans un pays scindé en deux et tenu dans la moitié nord par des rebelles, pour justifier le fait de n'avoir pris aucune disposition utile afin d'organiser dans les délais légaux le scrutin présidentiel. Le désarmement souhaité et exigé par les différents accords entre belligérants n’a été que de vains mots. Les rebelles, devenus les Forces nouvelles, retournent la politesse au pouvoir en arguant le fait qu’au sud du pays, le pouvoir d’Abidjan s’appuie sur des supplétifs de l’armée recrutés et entretenus pour exécuter les basses besognes d’assassinats politiques. Ils sont appelés «escadrons de la mort». 

Dans un tel désordre politique où toutes les médiations se sont cassé les dents, l’Union africaine a voulu prendre une position médiane en offensant personne. Maintenir Laurent Gbagbo au pouvoir n’est pas une décision en soi de l’Union africaine qui aurait même pu faire l’économie d’une telle réunion de son Conseil de paix et de sécurité. Laurent Gbagbo avait dit suffisamment fort pour que les chefs d’Etat africains l’entendent que la date du 30 octobre n’était pas pour lui synonyme de départ. Le CPS se substitue à l’accord de Marcoussis en créant un nouveau cadre qui donne mandat au président de la République de nommer un nouveau Premier ministre de consensus pour conduire une transition qui devrait déboucher sur de nouvelles élections générales.

L’opposition dans son ensemble dit non

Le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) qui regroupe les principaux partis de l’opposition rejette ce choix de l’union africaine et continue de réclamer une transition sans Laurent Gbagbo. Le président du directoire de RHDP, Alphonse Djédjé Mady estime d’ailleurs que Laurent Gbagbo «reste le principal responsable du blocage du processus de paix». L’opposition reproche à l’UA de n’avoir tenu aucun compte du «sort réservé à la Constitution, les pouvoirs exécutifs et législatifs du Premier ministre de la transition, le rôle d’un chef d’Etat de la transition et le statut de l’Assemblée nationale dont le mandat expire le 16 décembre».

Alors que Guillaume Soro, le leader des rebelles, estime que le maintien de Laurent Gbagbo après le 30 octobre «ferait perdurer la crise», Henri Konan Bédié, président du PDCI, déclare dans une interview à Jeune Afrique l’Intelligent : «S’il (Laurent Gbagbo) reste au palais, ce sera seulement au nom de ses militants. Pas au nom du peuple ivoirien. Ce sera un usurpateur». Le 30 octobre sera donc une date importante dans la politique de la Côte d’Ivoire, dont personne ne peut présager de l’avenir.

On comprend mieux pourquoi, en abandonnant le dossier au Conseil de sécurité de l’Onu, l’UA fait passer son doute et sa peur de se tromper comme une volonté d’impliquer davantage la communauté internationale dans la gestion de la crise ivoirienne. Les divisions en son sein et puis le refus de Laurent Gbagbo de se soumettre à une quelconque injonction de ses pairs de quitter le pouvoir ont embarrassé les Africains qui attendent fébrilement que les uns et les autres abattent leurs cartes après le 30 octobre pour se resituer à nouveau. Ils espèrent aussi que le Conseil de sécurité de l’Onu qui se réunira le 13 octobre impose aux acteurs politiques ivoiriens une «feuille de route» qui entraînerait des sanctions immédiates pour tous les contrevenants. Le 17 octobre, le président de la commission des sanctions du Conseil de sécurité se rendra à Abidjan.


par Didier  Samson

Article publié le 11/10/2005 Dernière mise à jour le 12/10/2005 à 10:18 TU