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Côte d’Ivoire

L’ONUCI nomme un «messager de la paix»

Alpha Blondy, «messager de la paix» nommé par l’ONUCI. (Photo: P.R. Worms/RFI)
Alpha Blondy, «messager de la paix» nommé par l’ONUCI.
(Photo: P.R. Worms/RFI)
Chaque partie impliquée dans la crise-politico-militaire joue maintenant sa partition, convaincue d’exécuter des notes justes. Mais sur cette scène, sans chef d’orchestre unique pour donner la mesure, l’ambiance est à la cacophonie.

Alors que plus personne ne sait donner de la voix pour se faire entendre sur la scène politique ivoirienne, l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), profite de la quatrième journée internationale de la paix célébrée le 21 septembre dernier à Abidjan, pour nommer Alpha Blondy, le chanteur ivoirien de reggae «messager de la paix». Quelle sera sa mission ? Que va-t-il faire et comment ? Et pourquoi lui ? Autant de questions qui conduisent directement à une seule réponse : «on est à court d’idées». A Abidjan, la nouvelle fait plutôt rire, tant elle paraît dérisoire face aux enjeux qui guettent la nation.

Seydou Koné, alias Alpha Blondy, âgé de 52 ans, «reggeaman» internationalement connu a plutôt prospéré sur un registre mêlant provocation, dérision, religion et engagement politique pour faire de sa musique un genre revendicatif. Si l’Onuci s’est autorisée à faire cette annonce, elle a dû, au préalable, prendre l’avis de l’intéressé lui-même. Ce dernier flatté par cette marque de considération et se remémorant l’adage populaire qui dit que «la musique adoucit les mœurs», s’est certainement pris à rêver à l’accomplissement d’une prophétie de «Jah». Mais le «rastaman» a-t-il la carrure nécessaire pour renouer les fils du dialogue en Côte d’Ivoire ? Certes, il a le sens de la formule en parlant de «cirrhose de mauvaise foi» en Côte d’Ivoire. Mais lorsqu’il invite les acteurs politiques ivoiriens à former «un triangle de la paix, pour des élections dans la fraternité et non dans l’adversité», on a une impression de grandes banalités qui, en revanche, peuvent faire de belles chansons.

La nouvelle CEI

Dans le genre plus sérieux, il faut noter que le président Laurent Gbagbo vient de prendre de nouveaux décrets pour la mise sur pied d’une nouvelle Commission électorale indépendante (CEI). Elle sera composée de 31 membres, mais neuf d’entre eux n’auront que des voix consultatives. Sur les 22 autres qui auront un pouvoir de décision, certains observateurs pensent que les partis de la coalition de l’opposition réunis dans le G7 auront une majorité de 14 voix contre 8 pour la mouvance présidentielle. Après son investiture la CEI pourra procéder à l’élection d’un bureau. Pour l’instant, la promulgation de ce nouveau décret semble emporter les faveurs de toute l’opposition, rebelles compris. La nouvelle CEI aura la charge d’organiser l’élection présidentielle initialement prévue le 30 octobre 2005.

Par ailleurs, une mission du comité des sanctions des Nations unies se rendra bientôt en Côte d’Ivoire pour évaluer les différents niveaux de responsabilités dans l’échec des divers accords. Alors que le président Laurent Gbagbo ne veut plus entendre parler «de médiation», la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se remet en selle en offrant à nouveau ses services. Elle propose une première date d’entretien le 30 septembre à Abuja au Nigeria. On présume déjà de l’échec de cette rencontre, car dans l’entourage du pouvoir d’Abidjan, on doute de l’impartialité de la CEDEAO qui compte parmi ses membres, «le Mali et le Burkina Faso, arrière-base des rebelles», selon l’entourage présidentiel.

par Didier  Samson

Article publié le 23/09/2005 Dernière mise à jour le 23/09/2005 à 15:22 TU