Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Liban-Sud

Tension entre Israël et le Hezbollah

A Har Dov, non loin de la frontière libanaise, l'armée israélienne évacue un de ses soldats blessés dans les combats avec le Hezbollah, en juin 2005.(Photo: AFP)
A Har Dov, non loin de la frontière libanaise, l'armée israélienne évacue un de ses soldats blessés dans les combats avec le Hezbollah, en juin 2005.
(Photo: AFP)
La tension est montée d’un cran entre le Hezbollah et Israël à la frontière libano-israélienne. Ces crispations interviennent alors que les pressions internationales reprennent de plus belle pour amener le parti islamiste à désarmer.
De notre correspondant à Beyrouth

L’armée israélienne et les combattants du Hezbollah sont sur le qui-vive des deux côtés de la frontière libano-israélienne au lendemain de tirs d’artillerie de Tsahal dans le secteur controversé des fermes de Chébaa, occupées par Israël en 1967 et revendiquées par le Liban. Des sources militaires israéliennes ont affirmé que l’armée avait été mise en état d’alerte de crainte d’une attaque d’envergure menée par des combattants chiites du Hezbollah dans le but d’enlever des soldats israéliens.

La surveillance a été accrue tout au long de la «ligne bleue» tracée par l’ONU à la frontière entre les deux pays en l’an 2000 –après le retrait israélien du Liban-Sud- et dans les hameaux de Chébaa, une région de 32 kilomètres carrés située au pied du mont Hermon, entre le Liban, la Syrie et Israël. L’armée israélienne a donné des consignes aux militaires et aux habitants des localités frontalières leur demandant de limiter leurs déplacements. Un officier israélien cité par les agences de presse sous le sceau de l’anonymat a par ailleurs prévenu le gouvernement libanais qu’il sera tenu pour «responsable de toute escalade à la frontière».

Même mobilisation du côté du Hezbollah qui a placé en état d’alerte ses centaines de combattants déployés tout au long de la «ligne bleue» et près des fermes de Chébaa. Le secrétaire général du parti, cheikh Hassan Nasrallah, a déclaré vendredi que le Hezbollah allait «observer de près les développements aujourd’hui (vendredi) et demain (samedi). Nous aviserons ensuite de l’attitude à adopter», a-t-il dit.

Tirs d’artillerie israéliens

Ces développements interviennent au lendemain d’un bombardement israélien dans le secteur des fermes de Chébaa, jeudi dernier. Un char lourd Merkava et l’artillerie de campagne ont tiré des dizaines d’obus de gros calibre sur les environs de plusieurs villages adjacents au secteur de Chébaa. Israël a reconnu les faits mais a avancé une explication confuse sur les raisons de cette soudaine escalade. «Il s’agit de tirs de semonce pour éloigner d’éventuels assaillants du Hezbollah», a déclaré une source israélienne à la presse. «C’est un entraînement militaire», devait affirmer une autre source.

Cette brusque montée de la tension ne peut être dissociée de deux événements importants survenus ces dix derniers jours: le rapport de l’envoyé de Kofi Annan sur l’application de la résolution 1559 exigeant le désarmement de «toutes les milices libanaises et non-libanaises», et l’impressionnant étalage de force du Hezbollah, le 28 octobre dernier.

Dans le rapport qu’il a soumis à Annan la semaine dernière, Terje Roed-Larsen s’est montré très critique à l’encontre du Hezbollah qui n’a toujours pas remis ses armes, treize mois après l’adoption de cette résolution à l’initiative de la France et des Etats-Unis. Il a parlé d’«incompatibilité entre la participation au pouvoir politique (le Hezbollah dispose de deux ministres au gouvernement) et la poursuite de la résistance armée».

La réponse du Hezbollah ne s’est pas faite attendre. Le parti a organisé à l’occasion de la journée al-Qods (Jérusalem) une impressionnante manifestation militaire dans son fief de la banlieue sud de Beyrouth en présence d’une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes. Quelque six mille combattants non armés mais vêtus de treillis militaires ont défilé dans un ordre digne des armées les plus disciplinées, en scandant leur attachement à la «résistance armée». Des commandos d’élite se sont livrés à des exercices de haute voltige sur des cordes et des passerelles suspendues entre les toits des immeubles. Le tout s’est déroulé en présence de représentants des organisations radicales palestiniennes et des partis pro-syriens.

Dans son discours, Hassan Nasrallah a accusé Roed-Larsen de vouloir imposer au Liban une tutelle internationale et a même critiqué, pour la première fois, le rapport de la commission d’enquête de l’ONU sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri. C’est dans ce contexte de bras de fer politico-diplomatique et de recrudescence des pressions internationales sur le Liban qu’interviennent les crispations à la frontière libano-israélienne. Les enjeux sont tellement importants et la situation complexe que nul ne peut savoir dans quelle direction peuvent évoluer les événements.


par Paul  Khalifeh

Article publié le 06/11/2005 Dernière mise à jour le 06/11/2005 à 09:18 TU