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Liberia

L’ex-footballeur ou la technocrate ?

Ellen Johnson Sirleaf et George Weah.(Photos: AFP)
Ellen Johnson Sirleaf et George Weah.
(Photos: AFP)
Qui de George Weah ou de Ellen Sirleaf sera le prochain dirigeant du Liberia ? Les quelque 1,3 millions d’électeurs de ce petit pays ouest-africain se prononcaient mardi, à l’occasion du second tour de la présidentielle. Quel que soit le verdict des urnes, le futur chef de l’Etat aura la mission difficile de relever un pays profondément affecté par quatorze années de guerre civile.

A l’échelle du continent africain, c’est comme une révolution qui se joue au Liberia. Pour la première fois dans l’histoire, les électeurs vont porter à la tête d’un Etat, soit une femme, soit un ex-footballeur. Voilà de quoi aiguiser l’intérêt des médias et des opinions publiques, au moins en Afrique. A l’échelle du Liberia, cette élection présidentielle suscite plus que de l’intérêt, de l’enthousiasme. En témoigne le fort taux de participation (près de 75%) enregistré lors du premier tour, le 11 octobre dernier. A l’issue de ce premier round, c’est l’ancien footballeur converti à la politique, George Weah, qui est arrivé en tête, avec 28% des suffrages. Une avance confortable sur sa concurrente, Ellen Johnson Sirleaf, qui a recueilli 20% des voix.

L’enthousiasme, c’est aussi ce qui ressort des quatre semaines de campagne entre les deux tours. Chacun des deux candidats a mobilisé ses troupes dans les zones rurales, dans les stades des villes, sans heurts, ni débordements. Chacun s’est employé à essayer de convaincre les indécis. Pour sa part, âgée de 66 ans, Ellen Sirleaf s’attire les faveurs de l’électorat féminin. «Je suis en contact avec les gens simples, dit-elle, en ajoutant que ses «plus forts soutiens viennent des femmes travaillant sur les marchés, des chômeurs, des ruraux.»

La Dame de fer et le novice

Ellen Sirleaf s’appuie également sur sa solide formation intellectuelle (un diplôme à Harvard) et sur son expérience du pouvoir (plusieurs postes de ministres dans les années 70) pour susciter la bienveillance de nombreux partenaires internationaux. D’autant que celle qu’on surnomme la «Dame de fer» connaît les arcanes des bailleurs de fonds, pour avoir travaillé notamment à la Banque Mondiale et aux Nations unies. Et cela pourrait lui être précieux pour diriger un pays sous perfusion de l’aide internationale. Mais aux yeux de ses détracteurs, Ellen Sirleaf incarne une forme d’élitisme, peu en phase avec une population aux trois-quarts analphabète. Par ailleurs, son âge avancé peut représenter un handicap, quand la moitié des habitants ont moins de trente ans.

Dans le camp adverse, George Weah, 39 ans, fait figure de novice en politique. Et il l’assume. Il en fait même un argument de propagande. Il n’a pas été directement mêlé aux violences qui ont secoué le pays pendant la guerre civile. Il s’est considérablement enrichi, non pas en succombant à la tentation de la corruption qui gangrène le Liberia, mais grâce à ses talents de footballeur international. Depuis le début de sa campagne, il s’attire les faveurs des jeunes et des plus défavorisés, séduits par sa réussite sociale, en dépit d’un parcours scolaire limité. «C’est du populisme», expliquent ses détracteurs, qui fustigent son inexpérience politique. «King George» Weah n’en a cure, persuadé qu’il est le plus à même d’incarner la destinée du Liberia.

A l’approche du deuxième tour de l’élection, chaque camp a essayé de rallier à sa cause les candidats battus du 11 octobre. Et dans ce subtil jeu de marchandage, George Weah semble avoir été plus performant. Winston Tubman, arrivé 4ème du premier tour, Varney Sherman, 5ème, se sont rangés derrière M.Weah. Plusieurs anciens chefs rebelles, dont Sekou Conneh et Prince Johnson ont fait de même. Les ralliements en faveur d’Ellen Sirleaf sont nettement moins spectaculaires.

En tout cas, la tâche du futur président s’annonce chargée. Les quatorze ans de guerre civile ont laissé un pays en ruine sur le plan économique. Mais surtout, en plus de la confiance pour les investisseurs, c’est l’espoir pour la population qu’il faut rebâtir. Les résultats officiels de ce second tour seront proclamés au plus tard le 22 novembre prochain, selon la Commission nationale électorale.


par Olivier  Péguy

Article publié le 07/11/2005 Dernière mise à jour le 08/11/2005 à 11:40 TU

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Hélène Sirleaf

Candidate aux élections présidentilles au Liberia

«Nous ramènerons l'électricité dans la capitale en six mois ; les gens en doutent mais nous le ferons.»

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