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Liberia

Ellen Sirleaf en tête

Au deuxième tour de la présidentielle, Ellen Johnson Sirleaf renforce sa position devant son rival George Weah.(Photo : AFP)
Au deuxième tour de la présidentielle, Ellen Johnson Sirleaf renforce sa position devant son rival George Weah.
(Photo : AFP)

Jeudi, alors que près de 80% des 3 070 bureaux de vote avaient livré leur verdict, la «Dame de fer», Ellen Johnson Sirleaf, devançait de plus en plus largement George Weah, avec 57,9% des suffrages contre 42,1% pour le «Ballon d’or». Au fil du dépouillement, il apparaît que les électeurs ont été moins nombreux à se déplacer pour ce second tour. Les partisans des candidats éliminés le 11 octobre dernier n’ont sans doute pas tous repris le chemin des urnes pour reporter leurs voix sur l’un ou l’autre des deux derniers concurrents en lice. Le taux de participation semble avoir faibli de quelque 15 points, chutant dimanche autour de 60%. Mais surtout, dans l’attente des résultats définitifs, les forces nationales et internationales de sécurité sont sur le pied de guerre. George Weah a porté plainte pour fraude, sans attendre.


Mardi 8 novembre, le deuxième tour de la présidentielle devait constituer l’ultime étape des élections générales chargées de consolider la paix signée en août 2003 après quatorze années de guerre civile. Mais ce jour-là, George Weah avait déjà eu un mouvement d’humeur, dénonçant le scrutin comme «une tricherie évidente». «Pendant que nous prêchions la transparence et la démocratie, notre élection a été marquée par la fraude», lançait-il devant un parterre de jeunes partisans, plus émus par les accusations de l’ancienne star du football que par ses appels au calme, en attendant «la fin de l’enquête».

«Pas de Weah, pas de paix»

Somme toute, George Weah semble nettement moins sportif en politique que sur les terrains de foot qui ont fait sa renommée. Ses accusations sont en tout cas de nature à mettre le feu aux poudres. Et ses appels au calme ont plutôt des airs de circonstances, si l’on en juge par le genre d’échange qu’il avait, par exemple, mercredi soir, au siège de son parti, où s’étaient rassemblés des centaines de supporters, avec pour credo un inquiétant «Pas de Weah, pas de paix» en écho au «Je crois en vous» de Weah. En tout cas, au vu de son score, ce dernier a bel et bien porté plainte devant la Commission électorale nationale (NEC). C’est dire qu’il croit, lui aussi, en la victoire annoncée d’Ellen Sirleaf. Ce qui n’implique pas qu’il s’inclinera devant elle aussi sportivement qu’il l’avait promis par le passé. Entre temps, il est vrai, les deux concurrents ont eu le temps d’échanger des mots aigres-doux.

A l’écart de la guerre civile qui a dévasté son pays grâce à sa bonne fortune footbalistique, George Weah n’a pas manqué d’épingler la banquière créole, Ellen Sirleaf, pour ses concessions faites à Charles Taylor, au détriment du défunt président Doe, dans les années quatre-vingt. «Je n’ai jamais soutenu de rébellion, ce qui n’est pas son cas», a régulièrement martelé Weah. Tandis qu’il choisissait d’appuyer sa campagne sur sa notoriété sportive, sa virginité politique et ses promesses d’homme de cœur, Ellen Sirleaf se targuait au contraire de ses diplômes de Harvard et de son expérience de femme de tête, promettant, en cas de victoire, «un gouvernement qui a les capacités, les compétences et la vision pour répondre aux besoins du peuple».

Sirleaf le distançant, Weah a perdu son flegme. Il accuse la NEC, présidée par une femme, Frances Johnson Morris, d’être pour quelque chose dans les résultats qu’il conteste. Mercredi, son directeur de campagne, Jacob Kabakole, l’a ouvertement accusée d’avoir «pris parti entre les candidats au second tour». «Le monde doit savoir que cette élection n'a été ni libre ni transparente, que je l'emporte ou pas», s’emporte Weah. «La NEC va lancer une enquête sur ces allégations. Nous ferons tout pour accélérer les recherches sur cette plainte», répond la présidente de la Nec. «Nous savons que les gens sont déçus et nous ouvrons l’œil pour être certains qu'ils restent calmes jusqu'à la fin des résultats», résume l'inspecteur général de la police, Joseph Kekula.

  


Article publié le 10/11/2005 Dernière mise à jour le 10/11/2005 à 16:46 TU