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Burkina Faso

Election présidentielle ce dimanche

Le 2 novembre, la campagne bat son plein à Ziniare, près de Ouagadougou.Photo : AFP
Le 2 novembre, la campagne bat son plein à Ziniare, près de Ouagadougou.
Photo : AFP
Hier dimanche, les Burkinabè étaient invités à élire leur président après une campagne électorale de trois semaines qui s’est déroulée dans le calme. Cette élection présidentielle est la troisième consultation du genre depuis le retour du multipartisme au Burkina Faso en 1991. Douze candidats en lice, dont le président sortant Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 18 ans.
De notre correspondant au Burkina Faso

On s’attendait à une campagne électorale assez mouvementée. D’abord, parce que l’opposition dite radicale s’est alignée au départ. Du jamais vu à une présidentielle depuis 1978. L’opposition avait boycotté celle de 1991 et 1998. Ensuite, parce que l’un des leaders de l’opposition, Ermann Yaméogo a retiré sa candidature pour protester contre la décision autorisant le président sortant à se représenter et il a appelé à la désobéissance civile. Mais finalement, les trois semaines de campagne ont été calmes, y compris vendredi, lors des ultimes meetings des candidats. Pas d’empoignade entre militants ou partisans des partis en compétition, uniquement quelques dérapages verbaux. Mais les fautifs ont été rappelés à l’ordre par le Conseil supérieur de la communication. Dans l’ensemble, les partis politiques ont donc respecté le code de bonne conduite qu’ils avaient signé avant le début de la campagne. C’est un point positif, en matière de démocratie, aux yeux des centaines d’observateurs étrangers venus superviser le scrutin.

L’originalité de ce scrutin, c’est donc la diversité des candidats en lice. Mais pour convaincre l’opposition à participer à cette présidentielle, le pouvoir a pris d’importantes mesures tendant à rendre l’élection la plus transparente possible. Premièrement, donner des temps de parole équitables aux candidats dans les médias publics.  Deuxièmement, utiliser des urnes transparentes, pour éviter des bourrages de bulletins à l’avance. Autre mesure : le recours au bulletin de vote unique, censé simplifier le vote. Il s’agit d’une feuille sur laquelle on retrouve les photos de chaque candidat ainsi que le logo de leur parti. L’électeur est invité à poser son empreinte digitale, trempée d’encre indélébile devant le candidat de son choix.  Mais la grande nouveauté pour ce scrutin est liée à la révision du code électoral. Une Commission électorale nationale indépendante (CENI) a ainsi été instituée, dans laquelle pouvoir, opposition et société civile sont représentées à parts égales. La CENI gère l’ensemble du processus électoral depuis l’établissement du fichier jusqu’à la proclamation provisoire des résultats. Là encore, cela constitue des points positifs, en matière de démocratie, pour de nombreux observateurs politiques.

La question sensible des listes électorales

Reste un dossier sensible, selon l’opposition : les listes électorales. Le fichier a pourtant été publié sur internet longtemps avant le scrutin. De plus, précise Moussa Michel Tapsoba, président de la CENI, «nous avons invité les partis politiques à venir nous assister (dans la confection du fichier électoral). En vain.  Mais dans tous les cas, nous portons les corrections au fur et à mesure que des irrégularités sont portées à notre connaissance.» Quelle est l’ampleur de ces irrégularités ? Dans tous les cas, chaque parti a mis en place des comités de vigilance pour surveiller ceux qui pourraient être tentés de frauder. Mais du côté des autorités, on minimise le phénomène, aucune mesure exceptionnelle de sécurité n’a été prise.

Pour permettre à un maximum d’habitants d’aller voter, le nombre de bureaux de vote ont été multipliés sur le territoire, pour atteindre le chiffre de 11 300. Par ailleurs, la CENI a fait diffuser à la télévision et sur les radios de nombreux spots publicitaires appelant les populations à leurs « devoirs citoyens » tout en leur expliquant les modalités pratiques du vote. Mais les burkinabè vont-ils se rendre massivement aux urnes ce dimanche ? Rien n’est moins sûr.  D’abord, parce que le nombre d’inscrits est encore largement inférieur à la population en âge de voter : seulement 3,9 millions pour une population globale d’environ 13 millions d’habitants. Ensuite, parce que tous les inscrits n’ont pas retiré leurs cartes d’électeur à la veille du scrutin.

Dans tous les cas, pour de nombreux Burkinabè, l’essentiel dans cette élection réside dans la possibilité qui leur est offerte, pour une fois, de choisir leur président entre plusieurs candidats. L’actuel président, Blaise Compaoré brigue un troisième mandat. Il fait figure de favori, face à une opposition qui se présente en ordre dispersé, après avoir boycottée les deux précédents scrutins présidentiels.


par Alpha  Barry

Article publié le 12/11/2005 Dernière mise à jour le 14/11/2005 à 10:34 TU