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Burkina Faso

Présidentielle 2005: tous contre Blaise Compaoré

Le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré.(Photo : AFP)
Le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré.
(Photo : AFP)
Lancée le 22 octobre dernier, la campagne électorale en vue de la présidentielle du 13 novembre 2005 est entrée samedi 5 novembre dans sa troisième et dernière semaine. Même si la compétition apparaît sans grand suspense –Blaise Compaoré étant grand favori– les Burkinabés ne sont pas moins passionnés pour cette présidentielle, qui est la plus ouverte depuis celle de 1978.
De notre correspondant au Burkina Faso

En 1991, Blaise Compaoré s’était retrouvé seul en campagne. En 1998, il n’avait eu en face de lui que deux «petits» candidats considérés comme de simples faire-valoir. Cette année, le président sortant doit affronter 12 candidats dont un non partant, Hermann Yaméogo, leader de l’UNDD qui a jeté l’éponge au dernier moment pour prôner sans succès une désobéissance civile. Autant dire donc, que cette année tout le monde, des plus sérieux leaders de l’opposition au plus inconnu, veut être président.

Ainsi, pour la première fois depuis le retour à la démocratie en 1991 toute la classe politique est en campagne. D’où toute la passion des Burkinabés qui voient pour la première fois à la télévision des opposants s’attaquer de façon virulente à leur président. Ce qui n’était plus arrivé depuis les présidentielles de 1978 où le général Sangoulé Lamizana fut mis en ballottage par son challenger. A l’évidence, aucun des candidats ne semble faire de cadeau à Blaise Compaoré. Même ses amis d’hier du Parti africain de l’indépendance –avec Soumane Touré comme candidat– qui étaient jusqu’au remaniement ministériel de septembre dernier membres du gouvernement et de la coalition de la majorité à l’Assemblée nationale.

Mais les plus virulents sont les partis dits sankaristes c’est-à-dire ceux qui se réclament des idéaux de l’ancien président révolutionnaire, le capitaine Sankara, tué dans le coup d’Etat qui a porté Blaise Compaoré au pouvoir en octobre 1987. Le premier des quatre en lice est l’UNIR/MS (Union pour la renaissance /Mouvement sankariste) dont le leader, maître Bénéwendé Sankara (sans lien de parenté directe avec le défunt président) est considéré selon deux récents sondages comme le principal challenger du président sortant.

Face à eux Blaise Compaoré se montre imperturbable

Le candidat Sankara a en plus reçu le soutien de la veuve Mariam Sankara. Mais cette place de challenger risque fort d’être âprement disputée tant d’autres candidats de l’opposition affichent une forte présence sur le terrain. A commencer par le très remuant Laurent Bado. Tribun hors pair, ce professeur de droit récemment venu dans la politique est connu pour ses discours enflammés. Lui, comme Philippe Ouédraogo de la Convention pour la démocratie et le socialisme (CDS) ou encore Emile Paré de l’Alliance socialiste peuvent aussi jouer les premiers rôles au sein de l’opposition. En tout cas, aucun d’eux ne manque de formule choc pour s’attaquer à Blaise Compaoré ou à son bilan. «Voter Blaise, c’est faire un vote sida. Vous prenez du plaisir aujourd’hui qui vous coûtera cher demain», lance à la télévision un leader de la jeunesse de l’UNIR/MS. «Blaise survole nos réalités en hélico», ironise de son côté Emile Paré. «Si vous ne me votez pas, vous aurez plus tard l’enfer sous vos pieds, averti Laurent Bado. Et à ce moment-là les ancêtres me donneront raison.»

Face à eux Blaise Compaoré se montre imperturbable. «Moi au moins, j’ai un bilan», déclare-t-il. Mieux, il sait qu’il peut compter sur un soutien de taille: celui de l’ADF-RDA, jusque-là un des principaux partis de l’opposition. Son leader Gilbert Ouédraogo a choisi plutôt de battre campagne pour et aux côtés de Compaoré. Autre atout manifeste du président sortant, les moyens qui sont sans commune mesure avec ceux des 12 autres candidats. Il n’est donc pas exagéré de dire que dans cette campagne, il y a d’un côté le candidat Blaise Compaoré et il y a tous les autres de l’autre côté sans grands moyens et donc sans affiches, ni gadgets.

Dans ces conditions, ce sont des candidats obligés de limiter les meetings et les sorties en provinces au profit des campagnes dites de proximité. Avec à peine quelques centaines de personnes à chacune de leurs sorties. En face d’eux, il y a un Blaise Compaoré et tous ses ministres, dont celui de l’Agriculture Salif Diallo qui assure la direction de la campagne. La logistique est sans comparaison: 4 hélicoptères, de grosses voitures 4X4, des projections vidéos grand public sur le bilan du candidat, de grandes affiches dans les villes, un meeting géant du président prévu dans chacune des 45 provinces du pays et un impressionnant lot de gadgets (tee-shirts, casquettes et pagnes) à l’effigie du candidat. Finalement, il ne reste plus que les espaces aménagés par le Conseil supérieur de la communication dans les médias publics où tous les candidats disposant des mêmes temps d’antenne peuvent se prévaloir d’être à égalité.


par Alpha  Barry

Article publié le 06/11/2005 Dernière mise à jour le 06/11/2005 à 17:41 TU