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Burkina Faso

Choléra: extension de l’épidémie

Malades hospitalisés au centre médical de Pissy près de Ouagadougou.(Photo: Alpha Barry/RFI)
Malades hospitalisés au centre médical de Pissy près de Ouagadougou.
(Photo: Alpha Barry/RFI)
A peine le Burkina est-il sorti de la crise alimentaire qu’il fait face à un autre fléau: le choléra. Signalé le 13 août dernier par les services sanitaires de Ouagadougou, l’épidémie n’a pas cessé de progresser pour s’étendre aujourd’hui à d’autres villes.

De notre correspondant au Burkina Faso

Il y a seulement six jours, on signalait officiellement 95 cas, dont 4 morts. Depuis lundi 22 août, le nombre de cas enregistrés par les autorités sanitaires s’élève à plus de 268 cas dont 7 morts. A Koudougou, la troisième ville du pays située à 100 km à l’ouest de la capitale, on parlait d’un cas suspect il y a moins d’une semaine. Maintenant, on est passé à six cas. Autre signe de progression: la découverte d’un cas à Tenkodogo, chef-lieu de la région du centre-est, frontalière du Togo et du Ghana.

En fait, selon les spécialistes, l’épidémie de cette année ne devrait pas s’arrêter avant la fin de la saison des pluies. Or celles-ci devraient encore tomber jusqu’à la fin du mois de septembre. Lié à l’hygiène, le choléra est favorisé par les eaux de pluies, surtout lorsque celles-ci sont abondantes et provoquent des inondations. Or c’est ce qui est arrivé cette année à Ouagadougou où il a suffi de quelques pluies pour inonder les quartiers périphériques et les zones riveraines aux trois barrages situées en pleine ville. Malgré tout, l’apparition du choléra semble avoir surpris les services sanitaires. «Dès les premiers cas, nous avons pensé à des infections liées au sida», reconnaît un médecin. Il a donc fallu recourir à des analyses en laboratoire pour confirmer les premiers cas suspectés qui se manifestent par des vomissements et une diarrhée.

L’épidémie est rapidement déclarée. «Puisque dans le cas du choléra, un seul cas suffit pour parler d’épidémie», explique le professeur Gabriel Ouango, secrétaire général du ministère de la Santé. Après avoir immédiatement alerté l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le gouvernement remet en selle le comité de crise chargée de gérer les épidémies. Contrairement à l’habitude, l’information est tout de suite portée à la connaissance du public. Le gouvernement annonce la gratuité des soins et invite par conséquent les populations à se rendre au plus vite à l’hôpital, dès l’apparition des premiers symptômes. A Ouagadougou, c’est dans les centres médicaux de Pissy (Ouest) et au Secteur 30 (Sud) qu’est enregistré le plus grand nombre de cas. Ces deux centres sont situés dans des zones périphériques, généralement insalubres.

«Pas de visite»

Outre les soins, des mesures strictes sont prises pour éviter la propagation de l’épidémie. Ainsi les malades du choléra sont isolés. Au centre médical de Pissy, on a rouvert un vieux bâtiment désaffecté pour accueillir les malades. L’endroit est isolé avec un enclos en paille. L’endroit est sous bonne garde. A l’entrée, on peut lire: «Pas de visite» ou encore «un malade, un accompagnant». Le choléra étant très contagieux, il s’agit d’éviter un afflux d’accompagnateurs et de visiteurs comme c’est l’habitude en Afrique. «Les visites sont interdites, précise le docteur Sanou. A l’entrée, quatre vigiles se relaient pour la surveillance des lieux. Ils sont chargés de désinfecter à l’entrée et à la sortie les mains et les pieds des rares personnes autorisées à pénétrer dans le camp.» Grâce à Médecins sans frontières, des toilettes et des douches de campagne ont été rapidement aménagées à l’intérieur du camp avec, autour, trois points d’eau propre réservés aux malades du choléra et à leurs accompagnateurs.

Dans un coin du camp, un espace est aménagé pour désinfecter tous les effets personnels des malades qui entrent ou qui sortent. Cette tâche est confiée à des femmes masquées, gantées, bottées et équipées de pulvérisateurs. Des équipes médicales sont également chargées de se rendre aux domiciles des malades reçus pour désinfecter toilettes et points d’eau. Le centre médical du secteur 30, qui bénéficie de la coopération italienne, a reçu à cet effet trois véhicules pour effectuer cette opération. «Même si on ne peut pas éradiquer cette épidémie tout de suite, il faut réussir à la circonscrire», espère le professeur Gabriel Ouango qui indique que tous les districts sanitaires sont en état d’alerte pour organiser la riposte.

par Alpha  Barry

Article publié le 23/08/2005 Dernière mise à jour le 23/08/2005 à 14:50 TU