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Société de l'information

Internet : 80% de la population mondiale sans accès

Le nombre d'internautes a augmenté en cinq ans de 684% pour l’Inde, de 619% pour la Russie, de 358% pour la Chine, de  348% pour le Brésil.(Photo : DR)
Le nombre d'internautes a augmenté en cinq ans de 684% pour l’Inde, de 619% pour la Russie, de 358% pour la Chine, de 348% pour le Brésil.
(Photo : DR)
Difficile à quantifier, la fracture numérique n’en demeure pas moins une réalité dans un monde où les trois quarts de la population n’ont pas, ou peu, accès aux télécommunications de base. Sa réduction est l’un des principaux enjeux que s’est fixé le Sommet de Tunis où doivent se retrouver, du 16 au 18 novembre, dirigeants du monde, représentants du secteur privé et de la société civile. Deux ans après la rencontre de Genève qui a permis d’évaluer cette fracture numérique, la deuxième phase du Sommet mondial de la société de l’information (SMSI) devrait se pencher sur les solutions techniques indispensables pour réduire le fossé qui existe entre ceux, peu nombreux, qui ont accès aux technologies de l’information et de la communication et les autres, majoritaires, qui n’en soupçonnent même pas l’existence.

De notre envoyée spéciale à Tunis

Les statistiques de l’Union internationale des télécommunications (UIT) sont à ce sujet éloquentes. Sur une population mondiale de 6,2 milliards d’habitants en 2004, deux milliards n’auraient jamais passé un coup de fil de leur vie. Toujours selon ces mêmes statistiques, seuls 1,2 milliard avaient une ligne fixe et un peu plus de deux  milliards avaient un téléphone mobile. Un dernier chiffre, plus récent, avance l’estimation que, d’ici la fin de l’année 2005, Internet comptera un milliard d’utilisateurs, soit 14,6% de la population mondiale. En 1996, il y a moins de dix ans, la Toile ne servait qu’à 40 millions d’individus.

La première vraie fracture universelle est celle qui existe entre les riches et les pauvres, que ce soit au sein du monde développé, au sein du tiers-monde et naturellement entre le Nord et le Sud. Elle a globalement pour conséquence que les riches deviennent de plus en plus riches alors que les pauvres deviennent de plus en plus pauvres malgré de nombreux efforts pour tenter d’inverser cette tendance. Cet enrichissement des uns et cette paupérisation des autres sont pour beaucoup aujourd’hui illustrés par ce que l’on a appelé la fracture numérique qui fait que, pour l’essentiel, les technologies de l’information et de la communication (TIC), qui sont autant d’instruments de modernisation et de développement, demeurent, partout dans le monde, le privilège d’une minorité possédante.

Une croissance exponentielle trompeuse

La fracture numérique vient du fait que les internautes sont naturellement très diversement répartis à travers la planète. Inventeurs de ce gigantesque réseau de communication mondiale, les Etats-Unis en sont les premiers utilisateurs avec, selon les statistiques compilées par le Journal du Net, près de 203 millions d’individus connectés. Viennent ensuite l’immense Chine avec 103 millions, le Japon 78 millions, l’Allemagne 47 millions et l’Inde 39 millions. Mais les chiffres qui semblent les plus impressionnants sont les taux de croissance du nombre d’internautes enregistrés en cinq ans. Quelque 684% pour l’Inde, 619% pour la Russie, 358% pour la Chine, 348% pour le Brésil contre seulement 112% pour les Etats-Unis et 65% pour le Japon.

Clairement c’est dans les pays au plus fort taux de croissance qu’Internet semble se développer le plus.  Mais ces chiffres sont trompeurs puisque seuls 3,6% des Indiens, 7,9% des Chinois, 15,5% des Russes et 12,3% des Brésiliens ont accès à la Toile alors que globalement, en Occident, sensiblement plus de la moitié de la population est connectée. Cette croissance exponentielle d’Internet ne doit toutefois pas cacher la dure réalité de la fracture numérique puisque seuls 11% de la population mondiale ont aujourd’hui un accès au Net et 90% de ces internautes sont issus des pays industrialisés.

Et l’Afrique…

Cette croissance, en outre, s’est presque exclusivement faite dans des zones où existaient déjà des infrastructures de base et notamment l’électricité. Or une personne sur trois dans le monde n’est pas reliée à un réseau électrique et les trois quarts de la population de la planète n’ont pas ou peu accès aux télécommunications de base. La meilleure illustration du défi à relever concerne le continent africain où vivent 14% des habitants de la Terre et où seuls 1,8% ont accès à Internet.

Aujourd’hui, les pays d’Afrique du Nord sont certes reliés à l’Europe et à l’Asie par plusieurs câbles sous-marins comme l’est aussi  l’Ouest du continent via une liaison à fibres optiques longue de 28 000 kilomètres qui part du Portugal et va jusqu’en Malaisie en longeant la côte atlantique jusqu’en Afrique du Sud. Ces infrastructures permettent donc un accès à haut débit à Internet, ce qui n’est malheureusement pas le cas des pays enclavés qui restent desservis par des liaisons satellites coûteuses. Des dizaines de milliers de villages n’ont en outre toujours pas l’électricité, et si cet handicap a depuis quelques années été relativement bien contourné par le développement du téléphone mobile, dont les multiples relais sont alimentés par des panneaux solaires, il reste beaucoup à faire.

Mais les spécialistes ne désespèrent pas de parvenir un jour à réduire cette fameuse fracture numérique. Pour cela ils tablent sur la recherche et sur la mise en place de technologies moins coûteuses. Ainsi à Tunis, Nicholas Negroponte, qui dirige le très prestigieux Media-Lab du Massachusetts institue of technology, devrait présenter officiellement son ordinateur portable à 100 dollars destinés aux enfants du tiers-monde et pour lequel quelque 4,5 millions de commandes ont d’ores et déjà été passées. Autant de prouesses technologiques qui pourraient paraître encourageantes si elles ne risquaient pas de se heurter à une autre fracture, culturelle celle-ci, entre ceux qui ont accès à la lecture et le reste de la population illettrée, dans le tiers-monde, certes, dans aussi dans les pays développés. 


par Mounia  Daoudi

Article publié le 14/11/2005 Dernière mise à jour le 14/11/2005 à 18:43 TU

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Genevièvre Féraud

Chef de la branche commerce électronique de la CNUCED

«Il faut des politiques gouvernementales qui favorisent l’accès à internet.»

Genevièvre Féraud

Chef de la branche commerce électronique de la CNUCED

«Les pays en voie de développement doivent avoir la possibilité de bénéficier des TIC (les technologies de l’information et de la communication) pour leurs activités touristiques. »

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