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Tchétchénie

«Victoire» du parti pro-Kremlin

Le président tchétchène Alou Alkhanov, du parti Russie unie (pro-Kremlin).(Photo : AFP)
Le président tchétchène Alou Alkhanov, du parti Russie unie (pro-Kremlin).
(Photo : AFP)
Comme prévu, le parti pro-Kremlin Russie unie remporte les élections législatives en Tchétchénie. Avec plus de 60 % des voix, selon des résultats partiels, il arrive loin devant les listes des communistes (12%) et celles des libéraux de l’Union des forces de droite (11%). Un scrutin que contestent les séparatistes, alors que Bruxelles se félicite qu’il se soit «tenu sans violence», tout en doutant de sa légitimité.

Les résultats des élections législatives tchétchènes ne font qu’entériner les prévisions qui donnaient le parti pro-russe vainqueur du scrutin du dimanche 27 novembre. Le président Poutine déclare le processus de normalisation dans la république du Nord-Caucase «parachevé». De son côté, le président tchétchène, Alou Alkhanov s’est félicité du «processus de renforcement démocratique.»

Huit ans après la dernière élection parlementaire, 600 000 Tchétchènes, dont quelque 34 000 soldats ou officiers des forces fédérales basées dans la république, étaient appelés, dimanche, à choisir les 58 députés de leur nouveau Parlement.

Le chiffre avancé de 65% d’électeurs en faveur du parti pro-russe ne reflète qu’un résultat officiel partiel, puisqu’il ne concerne que 237 bureaux de vote sur 430.

«Légitimité non démocratique»

Pour sa part, l’Union Européenne parle de l’avènement d’un «pouvoir réel très fort, lequel échappe à tout contrôle, puisque sans légitimité démocratique. » Sur place, le chef de la délégation du Conseil de l’Europe et rapporteur sur la Tchétchénie, le Suisse Andréas Gross, dénonce, à l’instar de la communauté internationale, les conditions inacceptables dans lesquelles les élections se sont déroulées, à savoir sous haute surveillance militaire. Contexte peu propice à la tenue d’élections libres, renforçant le climat de peur entretenu par la milice privée du vice-premier ministre Ramzan Kadyrov (fils du président Ahmad Kadyrov assassiné en mai 2004).

L’ONG russe de défense des droits de l’homme Memorial venue pour surveiller le déroulement du scrutin a fait savoir dans un communiqué que les habitants de la capitale Grozny avaient «pour la plupart ignoré les élections.»  Par ailleurs, Memorial relève plusieurs cas de bureaux de vote où le comptage de ses observateurs divergeait considérablement de celui des autorités officielles, le rapport étant parfois de un à dix.

Absence de listes séparatistes

Aucun candidat ou liste séparatiste n’étaient représentés à cette élection. Sur le site indépendantiste «kavkazcenter.com», ils qualifient le scrutin de «nouvelle farce» ayant abouti à un «nouvel échec retentissant» du Kremlin et de l’administration tchétchène pro-russe.

A l’exception de trois mines télécommandées découvertes et désamorcées après le passage du convoi du président Alkhanov et de la mort d’un chef d’administration locale, tué par balles, les élections se sont déroulées dans le calme. Pour autant, Vladimir Poutine estime qu’après le rétablissement du régime constitutionnel, il reste un «très gros travail pour liquider les conditions qui ont permis la déstabilisation», en référence aux séparatistes qui continuent à combattre les troupes fédérales, six ans après leur entrée en Tchétchénie.


par Françoise  Dentinger

Article publié le 29/11/2005 Dernière mise à jour le 29/11/2005 à 16:55 TU