Etats-Unis – Irak
Pas de calendrier de retrait des troupes US
(Photo : AFP)
Dans un discours prononcé devant les élèves de la Marine, le président américain George Bush a réaffirmé sa détermination à combattre les terroristes en Irak. Et il promet de «garder le cap» jusqu’à la «victoire». George Bush a rejeté ainsi toute idée de calendrier de retrait des troupes déployées en Irak. L’opposition démocrate dénonce l’absence de vision de l’administration républicaine.
Le discours était annoncé, attendu. Attendu par les élèves de l’Académie militaire d’Annapolis près de Washington, désireux d’entendre leur chef les guider dans leur mission. Discours attendu aussi et surtout par la classe politique et l’ensemble de l’opinion publique américaine, soucieux de connaître les perspectives de l’engagement en Irak. Quelques 160 000 soldats aujourd’hui déployés, et chaque jour, de nouvelles violences en Irak. Des blessés, des morts parmi la population irakienne. Des blessés, des morts aussi dans les rangs des troupes américaines. Deux mille cent soldats tués depuis le début de la guerre en mars 2003. Le discours de George Bush était donc particulièrement attendu.
«L’Amérique ne pliera pas devant des poseurs de bombes et des assassins, tant que je serai votre commandant en chef». Applaudissements nourris. George Bush sait visiblement (ré)utiliser les mots qu’il faut pour (re)motiver ses troupes. L’Amérique est en guerre contre le terrorisme, explique toujours le président américain. Et tant que l’Irak est un refuge pour les terroristes, le combat continue. «Je ne me satisferai de rien de moins que la victoire complète», a-t-il assuré. «Certains demandent un calendrier de retrait (…) Mais je pense qu’ils ont tort (…) Les décisions sur le nombre de troupes seront prises selon les conditions sur le terrain en Irak, pas par des calendriers artificiels fixés par des politiciens à Washington». Dans la ligne de mire du président Bush, le camp démocrate qui se prononce de manière de plus en plus claire et unanime en faveur d’un retrait des troupes engagées en Irak. Cette attitude est fustigée par les ténors du parti républicain, qui accusent l’opposition de «jouer à la politique politicienne avec la guerre en Irak», selon les termes du président de la Chambre des représentants, Dennis Hastert, pour qui «nous ne pouvons pas nous permettre de battre en retraite». En substance, se replier ferait le jeu des insurgés.
Former plus et mieux les forces irakiennes
Dans son discours à l’Académie de la Marine d’Annapolis, le président Bush a présenté sa stratégie pour achever la mission. Un éventuel retrait des troupes ne pourra être envisagé, selon le chef de l’Etat américain, que «quand les forces de sécurité irakiennes pourront assurer la sécurité de leurs propres citoyens». Dans ce domaine, George Bush a indiqué que «depuis un an, de réels progrès avaient été accomplis (…) A cette période, l’an dernier, il n’y avait qu’une poignée de bataillons irakiens prêts pour le combat. Maintenant, il y a plus de 120 bataillons de police et de militaires engagés (…) Les forces irakiennes prennent de plus en plus un rôle dominant dans la lutte anti-terroriste», mais ce travail de formation demande encore du temps et justifie donc le maintien d’effectifs américains sur place.
Comme il fallait s’y attendre, le chef de la Maison Blanche a été très largement applaudi par l’auditoire de jeunes officiers. En revanche, les leaders du parti démocrate se montrent toujours aussi critiques, estimant que la stratégie américaine présentée par le président Bush n’apportait pas grand-chose de nouveau. Ainsi le sénateur Harry Reid estime que George Bush «a recyclé sa rhétorique éculée de ‘garder le cap’». Pour Edward Kennedy, autre sénateur démocrate, «l’effort du président pour peindre en rose sa stratégie ratée pour l’Irak ne trompe personne». Et de lancer une tirade cinglante : «Si, sur le terrain, les choses se passaient aussi bien que le tableau enjolivé qu’a présenté le président aujourd’hui (ce mercredi), on devrait pouvoir commencer à ramener les troupes à la maison en 2006». Les critiques formulées à l’endroit de ce discours portent aussi sur l’absence de données chiffrées en matière budgétaire.
Ce discours se voulait le premier d’une série de prises de paroles de la part du chef de la Maison Blanche, pour défendre sa politique en Irak. Le 15 décembre, les Irakiens doivent se rendre aux urnes pour élire leurs députés. Ces derniers jours ont été jalonnés de plusieurs prises d’otages de ressortissants occidentaux, ainsi que par la mort de trois nouveaux soldats américains.
par Olivier Péguy
Article publié le 01/12/2005 Dernière mise à jour le 01/12/2005 à 12:12 TU