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Côte d'Ivoire

Affaire Mahé: quatre soldats français inculpés

L'ancien commandant de l'opération Licorne en Côte d'Ivoire, le général Henri Poncet, nie avoir donné l'ordre de tuer Firmin Mahé.(Photo : AFP)
L'ancien commandant de l'opération Licorne en Côte d'Ivoire, le général Henri Poncet, nie avoir donné l'ordre de tuer Firmin Mahé.
(Photo : AFP)
L’armée française est empêtrée dans une sordide affaire de meurtre d’un civil ivoirien. Firmin Mahé arrêté, le 13 mai 2005, par les soldats français de l’opération Licorne a été tué par étouffement lors de son transfert vers Man. Cette affaire militaire entre dans sa phase judiciaire avec la mise en examen de quatre soldats.

Le colonel Eric Burgaud, chef de corps du 13ème bataillon de chasseurs alpins est mis en examen pour «complicité d’homicide volontaire». Le soldat conducteur du véhicule est aussi poursuivi pour le mêmes faits, mais tous deux sont laissés en liberté. Le colonel Burgaud avait déjà été suspendu de ses fonctions par le ministère de la Défense pour «manquements graves à la loi, aux règlements militaires et aux ordres». Deux autres sous-officiers ont été inculpés pour «homicide volontaire» et écroués. C’est ainsi que débute la phase judiciaire de l’affaire Mahé, instruite par Brigitte Raynaud, juge d’instruction du Tribunal aux armées de Paris (TAP).  

Firmin Mahé, serait un dangereux «coupeur de route» recherché par les soldats de l’opération Licorne. De nombreux meurtres et viols lui seraient reprochés. Repéré, il avait été blessé à la jambe et capturé, le 13 mai 2005, par les soldats français, entre Bangolo et Man à l’ouest de la Côte d’Ivoire. Ordre a été donné de le transférer à Man. Et là commence le feuilleton des responsabilités dans la mort de Firmin Mahé.

«Vous remontez à Man. Vous roulez doucement. Vous me comprenez !». Ces mots sont les ordres que le colonel Burgaud dit avoir reçus de son supérieur le général Henri Poncet. «J’ai en fait compris la même chose que tout le monde, c’est-à-dire que l’idéal était que Mahé arrive mort à Man», précise le colonel Burgaud. Cet ordre est alors transmis aux militaires chargés de conduire le prisonnier à Man. L’adjudant-chef qui se trouvait à l’arrière du véhicule blindé n’a rien trouvé de mieux à faire que de couvrir la tête de Firmin Mahé d’un sac plastique, pendant qu’un autre soldat le maîtrisait. Le prisonnier est mort par étouffement. L’adjudant-chef et le soldat ont reconnu les faits en insistant sur le fait qu’ils avaient agi sur «instruction».

Plus haut dans la hiérarchie militaire, lorsque l’affaire a été révélée, les sanctions étaient tombées très vite. Le ministère de la Défense avait infligé un blâme au général Henri Poncet et à son adjoint le général Renaud de Malaussène pour «n’avoir pas informé les autorités hiérarchiques». Ils sont respectivement mutés à la Direction du renseignement militaire (DRM) et à la région militaire du sud-est à Lyon

Les subalternes, exécuteurs des basses besognes ont reconnu les faits. L’enquête devra maintenant permettre d’identifier les donneurs d’ordre et déterminer les différents niveaux de responsabilités des officiers supérieurs qui se renvoient la balle.


par Didier  Samson

Article publié le 01/12/2005 Dernière mise à jour le 01/12/2005 à 17:48 TU