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Venezuela

Législatives boycottées par l’opposition

Contrôle des listes électorales dans un bureau de vote de Caracas.(Photo: AFP)
Contrôle des listes électorales dans un bureau de vote de Caracas.
(Photo: AFP)
Les Vénézuéliens votent ce dimanche pour des élections législatives. Le résultat est acquis pour les partisans du président Hugo Chavez. Mais le scrutin est controversé en raison de l’appel au boycott lancé par l’opposition, qui dénonce le manque de transparence.

Caracas, la capitale sur la cote nord, Mérida dans les Andes, Maracaibo à l’Ouest… Dans toutes les villes vénézuéliennes, les bureaux de vote ont ouvert ce dimanche matin. Il s’agit pour les 14,4 millions d’électeurs de choisir leurs députés. 167 sièges sont à pourvoir. L’actuelle assemblée est dominée par le Mouvement de la cinquième République (MVR), du président Hugo Chavez. Le chef de l’Etat, justement: quelques heures avant le début des opérations de vote, il a exhorté ses compatriotes à remplir leur devoir électoral. Preuve que le déroulement de ce scrutin est important: près de 10 000 militaires ont été déployés pour éviter tout débordement. Il faut dire que ces élections sont placées sous le signe de la contestation.

Il y a quelques jours, cinq formations de l’opposition ont décidé de retirer leurs candidats. Motif: des soupçons autour des machines de vote électroniques suspectées de trahir la confidentialité des électeurs. L’opposition critique aussi la composition du Conseil national électoral, considéré comme acquis à la cause du pouvoir. Ces partis d’opposition détiennent 79 sièges au Parlement. Ils réclament un report du scrutin. Et en tout cas, ils ont appelé les Vénézuéliens à ne pas aller voter ce dimanche.

Le climat politique est donc particulièrement tendu. Et vendredi soir, l’ambiance s’est encore un plus dégradée. Une bombe artisanale a explosé devant un bâtiment administratif de la capitale, faisant trois blessés. Quelques heures plus tard, l’agence de presse officielle rapportait l’explosion de deux grenades à proximité d’une base militaire.

A ceux qui s’inquiètent de la tournure des événements, le président Hugo Chavez répond fermement: «il n’y a pas de crise politique au Venezuela». En fait, l’homme fort de Caracas suspecte un mouvement de déstabilisation, qui serait, selon lui, orchestré par les Etats-Unis. Evoquant le boycott des partis du scrutin par les partis d’opposition, le chef de l’Etat vénézuélien se fait menaçant: «ces partis mineurs (de l’opposition) cherchent à faire du spectacle (…) Ils sont ni plus ni moins des pions des impérialistes», a-t-il déclaré lors d’une allocution à la télévision. Et de dénoncer dans le boycott, un «coup d’Etat électoral».

Chavez s’en prend à Washington

Du fait de la non-participation de l’opposition à ce scrutin, le parti au pouvoir est assuré de remporter un très large succès. Certains lui prédisent plus des deux tiers des sièges à l’Assemblée. Pour le président vénézuélien, ce succès électoral est très attendu, dans la mesure où une large majorité «chaviste» au Parlement ouvrira les portes d’une modification de la Constitution. Point central de cette éventuelle révision constitutionnelle: les mandats présidentiels. Hugo Chavez, au pouvoir depuis 1998, compte bien rester à son poste à l’issue des prochaines élections présidentielles, prévues en 2006. Dans cette perspective, il accuse les Etats-Unis, dont il est la bête noire, de chercher à torpiller son éventuelle réélection.

Du côté de Washington, on dément ces accusations d’«agressions impérialistes». Ironiquement, le porte-parole du département d’Etat, Sean Mc Cormack parle de «bon slogan, mais sans bases réelles».

La seule incertitude du scrutin de ce dimanche réside dans le taux de participation. D’après les sondages, cette participation pourrait ne pas dépasser les 40%. Cela pourrait être perçu comme un revers pour le pouvoir. «Des élections sans opposition et assortie d’une faible participation ne sont bonne pour personne, pas même pour le gouvernement, qui doit en évaluer l’impact antidémocratique», résume un éditorialiste.

Des centaines d'observateurs de l'Union européenne (UE) et de l'Organisation des Etats américains (OEA) sont également mobilisés pour contrôler la régularité du scrutin.


par Olivier  Péguy

Article publié le 04/12/2005 Dernière mise à jour le 04/12/2005 à 14:22 TU