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Union Européenne

Tiraillements franco-allemands

Rencontre informelle à Berlin pour Angela Merkel et Jacques Chirac à la recherche d'un consensus franco-allemand sur le budget.(Photo : AFP)
Rencontre informelle à Berlin pour Angela Merkel et Jacques Chirac à la recherche d'un consensus franco-allemand sur le budget.
(Photo : AFP)
Face aux propositions britanniques rejetées par la plupart des pays membres, le président français Jacques Chirac et la chancelière allemande Angela Merkel se sont efforcés, hier à Berlin, de trouver «une approche commune franco-allemande», afin de contrer les propositions britanniques sur le budget de l’Union pour la période 2007/2013.

Chacun cherche ses marques. La rencontre se tenait au château de Glienicke, un élégant pavillon du début du XIXe siècle, à la limite entre Berlin et Potsdam. Depuis sa prise de fonction, le 22 novembre, Angela Merkel  rencontrait Jacques Chirac pour la seconde fois. La chancelière allemande avait réservé au chef d’Etat français son premier déplacement officiel à l’étranger pour marquer l’importance du lien franco-allemand, qui, selon elle, «ne doit pas être exclusif». Il s’agissait pour les deux dirigeants d’une tentative de rapprochement sur le budget 2007-2013, qui sera mis au vote lors du sommet européen, les 15 et 16 décembre prochains, à Bruxelles. Les deux ministres des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier et Philippe Douste-Blazy  participaient également à ce court sommet informel, dont il n’est rien sorti de concret.

Au «oui, mais…» de Merkel, répond le «non, mais …» de Chirac

Hormis Malte, les propositions britanniques font quasiment l’unanimité contre elles. L’Allemagne compte parmi les pays les moins virulents. Bien qu’elle juge la proposition britannique sur le rabais «insuffisante», Mme Merkel met également en garde contre des exigences «trop restrictives», précisant qu’«il était parfois préférable de ne pas isoler un paramètre particulier (…) lorsqu’on est dans une phase de préparation de négociations». Le message s’adresse au premier chef à son partenaire français.

De son côté, Jacques Chirac n’en démord pas : il souhaite un réaménagement du rabais britannique, car, a-t-il précisé, «il est capital que chacun des Etats membres prenne une part équitable du coût de l’élargissement de l’Union». En conséquence, le président français demande que le montant du chèque britannique soit porté à 14 milliards d’euros, au lieu des 8 milliards proposés par Londres. Le président français veut, en outre, un réaménagement «pérenne», c’est-à-dire qui s’applique au-delà de 2013. Jacques Chirac a également rappelé à la Commission européenne que l’accord doit être «conforme à l’esprit européen», et qu’il doit répondre aux exigences de «solidarité, équité et stabilité».

En ce qui concerne l’exigence de stabilité, Paris reste intransigeant  et rejette la proposition d’une clause de révision permettant de revoir les perspectives financières.  Sur ce point, la France est soutenue par José Manuel Barroso, président de la Commission européenne. «Nous avons récemment conclu un compromis à propos de la politique agricole commune (PAC) qu’il faut respecter. Le revoir deux ou trois ans après sa conclusion ne serait pas très crédible», a-t-il souligné, jeudi, dans le quotidien La Tribune, tandis qu’un porte-parole de Downing Street  tente désespérément de faire pression sur la France : « Tous ceux qui se sont exprimés jusque-là (suite à une réunion, jeudi, de Tony Blair avec cinq des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE), ont soutenu la clause de révision de la PAC et du budget ».

Le budget européen serait plafonné à 846,7 milliards d’euros sur 7 ans, soit 24 milliards de moins que la proposition luxembourgeoise du mois de juin, approuvée par Paris. Les propositions britanniques conduisent à réduire le budget à 1,03% du PIB (Produit intérieur brut) de l’Union à 27 (avec la Bulgarie et la Roumanie), à couper dans les aides structurelles destinées aux dix nouveaux entrants, aides qui se limiteraient finalement à 150 millions d’euros, tout en conservant la majeure partie du rabais consenti au Royaume-Uni, aujourd’hui de 5,6 milliards d’euros par an.

Les propositions britanniques favorisent les plus gros pays contributeurs, dont l’Allemagne. D’où les propos plus nuancés d’Angela Merkel comparés au refus catégorique de Jacques Chirac. Le gouvernement français veut, en fait, que la révision de la procédure budgétaire  exigée par les Britanniques ne produise pas d’effet avant 2013, histoire de ne pas toucher à la politique agricole commune, dont le financement est sanctuarisé jusqu’à cette date.

Tony Blair parie sur le fait que ses partenaires préféreront «un mauvais accord à une absence d’accord».

par Françoise  Dentinger

Article publié le 09/12/2005 Dernière mise à jour le 09/12/2005 à 18:22 TU