Union européenne
Tony Blair doit trouver un accord sur le budget
(Photo : AFP)
Tony Blair peut respirer : l’effet Hampton Court – une réunion informelle dans un cadre prestigieux sur «les défis de la mondialisation» – a fonctionné et permis aux 25 dirigeants européens de retrouver un peu de sérénité, voire une certaine unité, propices à un compromis budgétaire. Et il était temps car la présidence britannique s’achève en décembre. Or de l’avis général, le succès ou l’échec de cette présidence dépendra surtout de l’obtention d’un accord sur le budget de l’Union pour la période 2007-2013. Attendu au tournant pour avoir bloqué tout compromis au sommet de juin, en liant une remise en cause du rabais dont bénéficie le Royaume-Uni pour sa contribution depuis 1984, à une remise à plat de la politique agricole commune (Pac), le Premier ministre britannique a rassuré ses homologues sur sa volonté d'obtenir un accord qu'il juge «crucial». Mais il a prévenu que «ce sera une chose très difficile à réussir.»
Néanmoins, un vent d’optimisme s’est remis à souffler parmi les nouveaux Etats membres qui escomptent quelque 160 milliards d'euros d'aide pour financer leur rattrapage économique. Car ce sommet d’Hampton Court, aussi courtois et retenu qu’il ait été, n’a pas empêché les dirigeants européens d’exercer une forte pression sur Tony Blair pour qu’il «finisse le boulot en décembre», selon l’expression du chancelier sortant allemand Gerhard Schröder, qui a aussi parlé d'un accord «émotionnellement préparé».
Remettre l’Europe sur les rails
Tony Blair a d’ailleurs assuré qu'une solution serait désormais «beaucoup plus facile avec une direction claire, avec des priorités établies.» Selon lui, sa volonté d'orienter l'Union européenne vers davantage de compétitivité a fait l'objet «d'un large accord» à Hampton Court. Il existe une claire reconnaissance, a ajouté le chef du gouvernement britannique, du fait que l'Europe doit «être remise sur les rails». Et il a précisé que ses hôtes s'étaient accordés sur la création d'un réseau commun en matière d'énergie, et sur un plan d'action concernant notamment l'amélioration du soutien à l'innovation, à la recherche et au développement, ainsi qu’aux réformes des universités. Tony Blair a également salué un «fort désir» d'une action plus coordonnée en matière d'immigration clandestine et de lutte contre le terrorisme.
Reste que tout accord des 25 ne sera pas très éloigné du compromis de la présidence luxembourgeoise qui proposait un plafonnement du rabais britannique ainsi que des dépenses limitées d'un montant de 871 milliards d'euros sur la période 2007-2013, soit 1,06% de la richesse nationale des 25. D’ailleurs, la seule initiative concrète qui aurait pu voir le jour à Hampton Court, la mise en place d'un fonds européen d'ajustement à la mondialisation, qui était loin de faire l'unanimité, a été remise à plus tard, officiellement par souci d'approfondissement. En effet, les pays de l’Est, l’Allemagne et le Danemark se méfient de la création d'un éventuel fonds pour aider au reclassement des travailleurs victimes des délocalisations, malgré les assurances de la Commission de puiser dans les crédits existants. Pour vendre son accord, Tony Blair pourrait s'appuyer sur les changements symboliques proposés par la Commission, qui suggère que les 25 consacrent davantage d'aides régionales aux politiques «d'avenir» (formation, recherche, transport, etc.).
Elle suggère aussi de redéployer 3,2 milliards d'euros (sur un total de 300 milliards) d'aides directes aux agriculteurs vers le développement rural et d'engager en 2009 un «réexamen complet» du budget, en vue de la période suivante. Mais cette suggestion pourrait se heurter à la France qui, a prévenu Jacques Chirac, n'acceptera «aucune remise en cause de la Pac telle que réformée en 2003». Un président français qui, tout en trouvant le sommet «très utile», est venu troubler cette belle démonstration d'unité, en menaçant de ne pas s'associer à un accord à l'OMC en décembre à Hong Kong. Finalement, le seul vrai sujet sur lequel se soient unanimement entendus les dirigeants de l’Union s’est avéré être l’Iran : déviant brièvement de leur ordre du jour, les 25 ont ainsi condamné dans un communiqué «de la manière la plus ferme» les propos du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui a appelé à ce qu'Israël soit «rayé de la carte».
par Muriel Delcroix
Article publié le 28/10/2005 Dernière mise à jour le 28/10/2005 à 12:48 TU