Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Tchad

Quinze ans de règne sur fond de troubles

Le Président Idriss Deby fête ses quinze ans de pouvoir dans une société tchadienne agitée.(Photo : AFP)
Le Président Idriss Deby fête ses quinze ans de pouvoir dans une société tchadienne agitée.
(Photo : AFP)
Les soldats déserteurs en octobre dernier, alliés à un autre mouvement rebelle ont revendiqué l’attaque de mercredi qui a fait trois morts et six blessés à l’est du pays. La situation reste confuse, alors que le régime fête ses quinze ans de pouvoir à Fada dans le nord du pays.

De notre correspondante à N'djaména

«La situation est intenable. Nous avons gardé le silence jusqu'à présent en raison sûrement des pesanteurs claniques, mais nous sommes en train de prendre contact avec les mouvements politico-militaires d’opposition». Tom Erdimi, ex directeur de Cabinet Civil du Président de la République, et ex coordonnateur national du projet Pétrole, a quitté N’djaména pour entrer dans l’opposition et l’a annoncé sur les ondes de RFI vendredi. Sa déclaration est faite au nom de Timane Erdimi, ancien DG de la Cotontchad, Mahamat Abdelkerim hanno et Abakar Tolli, ancien DG de l’école Nationale de l’administration et de la Magistrature. Ces anciens responsables du clan présidentiel, écartés du pouvoir après la mutinerie avortée du 16 mai 2004, ont enfin décidé de prendre le maquis, après avoir longtemps tergiversé et tenté des réconciliations sans résultat avec le régime. Le mois dernier, ils avaient participé à la médiation de hauts responsables et chefs traditionnels Bideyat entre le président et les rebelles du Socle pour l’unité le changement et la démocratie (SCUD), officiers et soldats du clan partis en rébellion en octobre. L’échec de cette médiation avait porté un coup au moral de certains officiers et responsables pessimistes sur la manière d’éviter une rupture définitive au sein du clan.

Des fissures apparaissent dans le clan présidentiel

Depuis plus d’un an, ces cadres civils et intellectuels restaient discrets à N’djaména, mais avaient suivi avec attention le départ en rébellion de leurs proches parents, officiers et soldats, en octobre dernier. De l’avis de nombreuses personnalités Zaghawas (ethnie du président) cette dissidence a entraîné une vague de désertions cette semaine, notamment, dans la région d’Adre à l’est du Tchad et encourage les incursions de rebelles. Mercredi 7 décembre, aux environs de 17 heures locales, un groupe d’assaillants a pillé les munitions d’une garnison de la Garde nationale nomade du Tchad GNNT, emportant au moins quatre véhicules remplis de munitions. L’attaque a fait trois morts et six blessés parmi les militaires.  

Tous ces événements surviennent alors que le régime fête le quinzième anniversaire de la prise de pouvoir par le Mouvement patriotique du salut (MPS). Le président Idriss Deby a prononcé un discours devant les ambassadeurs, les membres du gouvernement et les différentes personnalités invités aux festivités à Fada, dans l’Ennedi, sa région de naissance. Après s’être longuement étendu sur les questions de scolarisation ou de chômage, le président a évoqué du bout des lèvres les tentatives de déstabilisation de son régime. «La République ne doit pas être prise en otage», a-t-il affirmé. Il s’est également adressé au gouvernement soudanais, qu’il accuse depuis longtemps d’entraîner et de couvrir les rebelles tchadiens sur son territoire. «Pays voisin et frère, le Soudan doit être assuré que le Tchad n’est impliqué ni de près ni de loin dans le soutien des rebelles du Darfour. Nous réaffirmons notre engagement à une réconciliation au Darfour et demandons au Soudan d’abandonner son soutien aux rebelles tchadiens», a-t-il assené.


par Stéphanie  Braquehais

Article publié le 10/12/2005 Dernière mise à jour le 10/12/2005 à 17:00 TU