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Les grandes oreilles de George Bush

Le président Bush reconnaît avoir autorisé la NSA à espionner des conversations téléphoniques et électroniques dans le cadre de la lutte antiterroriste.(Photo : AFP)
Le président Bush reconnaît avoir autorisé la NSA à espionner des conversations téléphoniques et électroniques dans le cadre de la lutte antiterroriste.
(Photo : AFP)
Au prétexte de la lutte contre le terrorisme, le président américain a autorisé le développement de vastes écoutes téléphoniques et de surveillance des courriers électroniques hors de tout contrôle de l’autorité judiciaire. Le New York Times dévoile un nouveau pan du fonctionnement du dispositif de la NSA (National Security Agency) qui procède à ces écoutes.

Dans le domaine du renseignement, les Etats-Unis ont toujours privilégié le recours à la technologie plutôt que l’espionnage humain. Depuis le 11-Septembre, cette tendance s’est apparemment encore développée comme l’illustrent les révélations de la presse ces dernières semaines. Des révélations confirmées par George Bush lui-même.

Une enquête que vient de publier le New York Times met en lumière l’ampleur prise par la décision du président américain de confier une mission étendue à la NSA (National Security Agency) concernant la surveillance des conversations téléphoniques et des échanges de courrier électronique.

Le quotidien new-yorkais révèle que la NSA (l’agence fédérale de renseignement la plus secrète et la plus riche des Etats-Unis) dispose d’un accès aux centraux téléphoniques des opérateurs américains du secteur des télécommunications. Cette porte dérobée (back door) dans les centres nerveux du réseau de télécommunication a été mise en place sans aucune autorisation judiciaire.

Un programme classé secret défense

Si l’on s’en tient aux déclarations faite par George Bush depuis les premières révélations sur ce programme d’espionnage à grande échelle, les « grandes oreilles » s’en tiendrait à surveiller les communications internationales et les courriers électroniques des personnes identifiées comme appartenant à la mouvance d’al-Qaïda.

Ce que révèle le New York Times, c’est que bien d’autres communications sont surveillées. C’est un véritable chantier géant d’analyse de données qui aurait été mis en place. Un coin du voile commence à se lever mais la réalité reste encore largement inconnue dans la mesure où se programme fait l’objet d’un niveau de classification, autrement dit de secret, très élevé.

Le quotidien assure, sur la foi de sources anonymes, que des données telles que : le nom de l’appelant, le nom de l’appelé, l’heure de l’appel, la durée de la conversation, sont collectées de manière très large. Ces données permettent ensuite de dessiner de gigantesques réseaux de relations entre les individus à travers le monde. Une toile d’araignée colossale dont les experts de la NSA espèrent qu’elle leur permettra de prendre dans leurs filets Oussama ben Laden et ses affidés.

Un appel téléphonique Paris-Marseille peut transiter par les Etats-Unis

L’idée de mettre en fiche l’ensemble des relations des individus à travers la planète provoque la colères des défenseurs des libertés individuelles. Ils insistent notamment sur le fait que le dispositif mis en place permet de surveiller des communications entre deux citoyens américains sur le sol des Etats-Unis, ce qui devrait nécessiter l’autorisation d’un juge. Rappelons que des mouvements de protestation s’étaient élevés lorsque l’administration Bush avait voulu faire entériner un projet de loi visant à accroître la surveillance des télécommunications dans le cadre de la lutte antiterroriste (Total Information Awareness System).

L’un des points faibles, juridiquement parlant, de la mission confiée à la NSA par George Bush, se situe aux Etats-Unis, mais le dispositif concerne le monde entier. A l’heure de la mondialisation, le réseau mondial de télécommunications a connu lui aussi sa révolution ces dernières années. Aujourd’hui, même lorsque l’on téléphone de Paris à Marseille, il n’est pas impossible que l’appel transite à un moment où à un autre par les Etats-Unis, nombre de communications étant désormais acheminées via internet. Or les principaux nœuds de transfert de données via internet sont localisés sur le territoire américain.

Le programme de surveillance des communications dévoilé aujourd’hui aurait été lancé en 2002 et il éclaire d’un jour particulier les incitations répétées du gouvernement américain auprès des opérateurs téléphoniques pour qu’ils fassent transiter le maximum de trafic par les Etats-Unis.


par Philippe  Couve

Article publié le 24/12/2005 Dernière mise à jour le 24/12/2005 à 17:53 TU

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Robert Pingeon

Représentant du Parti républicain américain en Europe

«George Bush veut savoir pourquoi les sénateurs, qui en 2001 étaient favorables au Patriot Act<em>,</em> ne le sont plus aujourd'hui.»

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