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Etats-Unis

Bush défend les écoutes téléphoniques

Le président Bush, le 19 décembre 2005.(Photo : AFP)
Le président Bush, le 19 décembre 2005.
(Photo : AFP)
Patriot Act ou écoutes électroniques, le président américain continue à justifier des mesures exceptionnelles par la guerre contre le terrorisme.

De notre correspondante aux Etats-Unis

Le président des États-Unis, George W. Bush, continuera à autoriser les agences d'espionnage à faire de l'écoute électronique aux Etats-Unis sans mandat de la justice. Samedi, dans son message radio hebdomadaire, il avait admis avoir autorisé plus de 30 fois des opérations d'écoute de plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de personnes aux Etats-Unis. La loi interdisant aux Etats-Unis d’espionner des conversations d’Américains, le président a assuré qu’il s’agissait d’appels internationaux faits depuis les attaques du 11 septembre 2001.

Dans sa conférence de presse de lundi, George Bush a assuré que ces mesures étaient légales, relevant de sa « responsabilité constitutionnelle » de protéger le pays. Revendiquant le secret ayant protégé l’opération, il a annoncé l’ouverture d’une enquête pour déterminer l'origine des fuites qui ont révélé la pratique de ces écoutes dans les colonnes du New York Times. C’était un « acte honteux » selon lui que de révéler les opérations d’écoute « en temps de guerre » allant jusqu’à assurer que « le fait qu’on discute de ce programme aujourd’hui aide l'ennemi ». Il a dressé un parallèle avec la responsabilité de la presse qui aurait révélé la façon dont Oussama Ben Laden communiquait par téléphone portable, ce qui, après publication, aurait poussé le chef d’Al-Qaïda à changer ses habitudes.

Un appel pour le Patriot Act

C’est encore au nom du 11 septembre et de « la guerre contre le terrorisme » que le président américain s’en est vigoureusement pris aux sénateurs qui bloquent le renouvellement du Patriot Act, une loi d’exception étendant les pouvoirs des forces de l’ordre dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Lorsque la loi avait été adoptée dans la foulée des attentats du 11 septembre, tous les sénateurs sauf un l’avaient soutenue. Quatre ans plus tard, la quasi-totalité de l'opposition démocrate, rejointe par quatre élus du Parti républicain du président Bush, émet des réticences à sa reconduction dans la forme actuelle. George Bush leur a rappelé leurs contradictions : « La plupart des sénateurs qui bloquent actuellement le Patriot Act l'avaient adopté en 2001. Ces sénateurs doivent expliquer pourquoi ils pensaient que le Patriot Act était un outil crucial après les attentats du 11 septembre et pourquoi maintenant ils pensent qu'il n'est plus nécessaire. » Interrogé sur la chaîne ABC lundi soir, le vice-président Dick Cheney est allé un peu plus loin dans les accusations vis-à-vis des sénateurs opposés à sa prolongation : « Ce qui me préoccupe, c’est qu’à mesure que l’on s’éloigne du 11 septembre, il semble que certains soient de moins en moins engagés à faire le nécessaire pour défendre le pays. »

Tensions entre la Maison Blanche et le Congrès

Ces remarques ont remis de l’huile sur le feu entre la Maison Blanche et le Congrès. En ce qui concerne les écoutes controversées, le président a fait valoir qu'il avait eu l’aval du ministre de la Justice pour les écoutes, mais il n’a pas mentionné l’autorisation du Congrès. Tout comme pour l’existence de prisons secrètes à l’étranger, ses élus (à l’exception des chefs de file qui n’ont pas été autorisés à partager l’information) n’ont pas été informés des écoutes. « Le président croit qu’il a le pouvoir de passer outre les lois que le Congrès a votées », s’est plaint le sénateur démocrate Russell Feingold, « le président ne choisit pas quelles lois il décide de suivre. Il est le président, pas un roi. » Pour les démocrates, l’affaire des écoutes est symptomatique des libertés que le président s’autorise vis-à-vis du pouvoir législatif. Ils reprochent à la majorité républicaine de ne pas laisser le Congrès jouer son rôle de contre-pouvoir et d’avoir signé des chèques en blanc au président Bush, sans lui avoir demandé de compte sur 14 dossiers, allant du scandale des fuites sur la couverture de l’espionne Valerie Plame, aux attributions de contrat en Irak à Halliburton, l’entreprise dont le vice-président Dick Cheney était employé. Ces prérogatives que s’est attribué George Bush font aussi grincer des dents sur des bancs conservateurs traditionnellement méfiants vis-à-vis du pouvoir du gouvernement fédéral et de son intrusion dans la vie privée des Américains.


par Guillemette  Faure

Article publié le 20/12/2005 Dernière mise à jour le 21/12/2005 à 15:45 TU