Etats-Unis
Bush critiqué sur la prévention du terrorisme
(Photo : AFP)
De notre correspondante à New York
C’est le domaine sur lequel le président George Bush a misé sa présidence, et c’est sur sa capacité à prévenir de futures attaques terroristes que la commission d’enquête indépendante le critique. En juillet 2004, dans son rapport de 570 pages suffisamment lisible du grand public pour devenir un best-seller, la commission bipartisane dressait une liste de quarante et une mesures à adopter pour lutter contre le terrorisme. Un an et demi plus tard, juste avant sa dissolution, elle note avec sévérité le suivi qu’en ont assuré la Maison Blanche et le Congrès : «l’ennemi apprend et s’adapte, alors que notre gouvernement avance toujours au ralenti». Elle a évalué l’action du gouvernement dans différents domaines clés, distribuant une flopée de «D» et de «F», soit sur l’échelle de A à F des carnets de notes scolaires américains quelques bons zéros pointés. «Si mes enfants recevaient un carnet de notes pareil, ils devraient redoubler», a noté, cinglant, Tim Roemer, un ancien parlementaire démocrate.
Pointés du doigtParmi les reproches principaux, quatre ans après les attaques pendant lesquelles des pompiers coincés dans les tours du World Trade Center n’ont pas pu entrer en contact avec des forces de police faute de fréquence radio commune, le Congrès n’a toujours pas, en dépit des recommandations de la commission, réservé de fréquence qui permettrait aux deux corps de communiquer en cas d’urgence. Du côté des transports aériens, les méthodes de contrôle des passagers ne sont toujours pas centralisées, pas plus qu’il n’a été établi de liste commune des passagers à risque. Les fonds distribués par le Congrès pour la sécurité du territoire le sont non pas en fonction des risques encourus par les différents Etats mais sur la base de calculs politiques, si bien qu’un Etat perdu dans les Rocheuses comme le Wyoming reçoit plus de dollars par habitant que New York. Enfin, l’organisation chaotique des secours après le passage de l’ouragan Katrina a montré que le pays ne pouvait toujours pas s’appuyer sur une chaîne de commandement efficace en cas de crise.
Bons pointsLe rapport de suivi n’est pas complètement noir. La lutte contre le financement du terrorisme reçoit un «A». Parmi les victoires de la commission : sa recommandation de création d’un poste de directeur national du renseignement a bien été appliquée. John Negroponte est en charge de coordonner l’action de la quinzaine d’agences d’espionnage américaines. Restent des bémols dans la réforme du renseignement préconisée. Contrairement aux vœux de la commission, le budget de la CIA n’est toujours pas rendu public.
En présentant ses conclusions, Thomas Kean, le président de la commission n’a pas caché son exaspération. «Nous croyons que les terroristes vont encore frapper, tout comme le croient tous les experts à qui nous avons parlé. Et s’ils frappent à nouveau, et que ces réformes qui auraient pu empêcher de telles attaques n’ont pas été mises en application, quelles seront nos excuses ?», a-t-il lancé.
par Guillemette Faure
Article publié le 06/12/2005 Dernière mise à jour le 06/12/2005 à 12:31 TU