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Chili

L’élection présidentielle s’annoncerait sans surprise

Sebastian Pinera s'opposera à Michelle Bachelet au second tour de la présidentielle, le 15 janvier 2006.(Photo: AFP)
Sebastian Pinera s'opposera à Michelle Bachelet au second tour de la présidentielle, le 15 janvier 2006.
(Photo: AFP)
Dimanche, plus de 8 millions de Chiliens se rendront aux urnes pour élire leur nouveau président pour les 4 ans à venir. Peut-être verra-t-on en sortir la première présidente du Chili, la socialiste Michelle Bachelet.

Ca s’annonçait serré, ça devrait plutôt être facile. Michelle Bachelet, candidate de la coalition de centre-gauche qui réunit les socialistes, les démocrates-chrétiens et les radicaux, est donnée gagnante contre le candidat de la droite Sebastian Pinera. Selon le dernier sondage, publié jeudi par l’Institut Mori, la pédiatre de 54 ans remporterait l’élection avec 6 points d’avance sur son adversaire, avec 53 % contre 47 %. Signe également : lors de sa clôture de campagne à Valparaiso, jeudi soir, Sebastian Pinera n’a réussi à regrouper que 10 000 personnes. En plein coeur de Santiago, la candidate de la Concertacion, la coalition de centre-gauche au pouvoir depuis 16 ans, en aurait rassemblé plus de 200 000.

Un écart important, dans les faits et dans les chiffres, qui s’explique par la mauvaise campagne menée par le candidat de droite, selon certains analystes. « A force de dévaloriser son adversaire, critiquant son manque de caractère, son agnosticisme, ses compétences, explique Nibaldo Mosciatti, journaliste à la radio Bio-Bio, Sebastian Pinera s’est positionné en individualiste provocateur. Une caractéristique peu appréciée au Chili où l’on préfère les personnalités consensuelles, depuis la dictature. »

D’un autre côté, le leader de la coalition de droite, Alianza por Chile (qui regroupe Rénovation nationale et l’Union démocrate indépendante) a converti Michelle Bachelet en victime d’attaques incessantes, ce qui l’a plutôt servie. Cette pédiatre, ancienne ministre de la Santé et de la Défense, a fini par s’imposer comme une femme de caractère, spontanée, chaleureuse et souriante mais également capable de fermeté lors du débat télévisé du 4 janvier. « Elle a réussi à rassembler l’ensemble de la gauche derrière elle, souligne Marta Lagos, directrice du centre de sondages Mori, ce que n’a pas réussi à faire Sebastian Pinera ».

Pinochet, le pire président du Chili

Lors du débat retransmis sur toutes les chaînes de télévision nationales, cet entrepreneur milliardaire de 56 ans a qualifié Augusto Pinochet de pire président du Chili (au même titre que Salvador Allende). « Un propos inacceptable pour une partie de l’électorat de droite, reprend Marta Lagos. Il s’est ainsi privé de 200 à 250 000 voix ». Au même moment, cet ancien président du parti Rénovation nationale aurait passé un accord avec les militaires à la retraite, accusés de violations des droits de l’homme : une fois président, il fera appliquer systématiquement la loi d’amnistie en échange de leur soutien. Une loi adoptée par Pinochet sous la dictature pour éviter aux militaires d’être poursuivi pour les crimes commis entre le coup d’Etat de 1973 et 1978.

Cet économiste formé à Harvard, actionnaire majoritaire de la première compagnie aérienne du Chili, Lan, et propriétaire d’une chaîne de télévision, a voulu incarner le centre, tout en conservant son électorat de droite. L’idée étant de former une nouvelle droite, plus démocratique, moins liée à la dictature de Pinochet. Mais les électeurs démocrate chrétiens ne semblent pas avoir suivi. Pas plus que l’électorat de l’extrême-droite. A force de faire le grand écart, le « Berlusconi chilien », tel qu’il est surnommé à l’étranger, semble s’être disqualifié, offrant un discours contradictoire, peu lisible par les électeurs.


par Claire  Martin

Article publié le 14/01/2006 Dernière mise à jour le 14/01/2006 à 17:32 TU