Togo

Adébayor : talentueux et imprévisible

(Photo: Olivier Péguy/RFI)

Lorsque "Les Eperviers" du Togo sont entrés le 21 janvier dans le stade militaire du Caire pour affronter "les Simbas" de la RDC, nul ne pouvait imaginer que l'entraîneur Stephen Keshi se passerait d'Emmanuel Adébayor, la star de l'équipe. Le grand et talentueux attaquant ne figurait pas dans la liste des onze de départ. Mais, très vite, on réalisa qu'il y avait un malaise au sein de l'équipe, un sentiment accentué par la prestation plus que moyenne d'une sélection qui fit pourtant sensation tout au long des matches éliminatoires. C'était le début du feuilleton Adébayor, véritable confrontation médiatique entre un technicien accusé de ne pas rester dans les limites de son rôle et un joueur qui ne surprend pas que les défenses adverses. Mais, qui donc est ce garçon dont on attend les buts ?

Emmanuel Adebayor est jeune, grand et heureux de jouer au football. Chacune de ses apparitions sur le terrain le prouve. Avant de se produire en Allemagne pour la Coupe du monde, c’est en Egypte que cet attaquant convoité va tenter de gagner définitivement ses galons de buteur.

Nigérian d’origine, Emmanuel Shehi Adebayor a grandi à Lomé où il est né le 26 février 1984. Très vite, il intègre le centre de formation du Sporting club de la capitale. Parce qu’il était manifestement très bon balle au pied, il est sélectionné dans l’équipe cadette du Togo qui part en Suède pour un tournoi. C’est au cours de ce tournoi qu’il se fait remarquer par les dirigeants du Football Club de Metz qui gardent le contact.

C’est un adolescent à peine intimidé qui débarque un jour à Metz, dans l’est de la France. Pensant pouvoir supporter facilement le froid, il déchante vite et prend alors l’incroyable décision de retourner chez lui. Vêtements chauds et chaleur humaine finiront par le convaincre de rester. Avec le retour du beau temps, le jeune prodige retrouve des couleurs. Il est moins crispé, s’affirme déjà comme un attaquant dangereux et commence à montrer toute l’étendue de son indéniable talent. Très vite, il passe en équipe première, mais descend avec le club en 2^e division où, avec 13 buts, il  termine à la deuxième place des buteurs de Ligue 2. Les émissaires le pistent et les propositions pleuvent. Les clubs qui souhaitent le voir dans leur effectif ne sont pas que français. Finalement, il reste en France alors que la Juventus de Turin et Arsenal le convoitaient. 

De Monaco à Arsenal

Pour avoir signé en juin 2003 à Monaco, un des clubs en vue du championnat de France de première division, Emmanuel Adébayor passe brutalement de l’anonymat de sa réputation naissante à la célébrité de l’attaquant courtisé. Il devient le pilier de l’attaque des « Eperviers » et termine meilleur buteur des éliminatoires de la zone Afrique. Désormais, on parle de lui au Togo comme on parle encore des anciennes gloires du football local : « Kaolo » (Edmond Apéti), Karimou Djibril, Franck Fiawoo, « Ressort » (Herman Hounkpatin)… Aujourd’hui tête de file de la sélection togolaise de football, ce grand garçon va jouer la CAN en Egypte avant d’aller montrer son talent en Allemagne pendant la coupe du monde.

Aussi grand de taille (1,91m) que par son talent qui ne passe pas inaperçu sur un terrain de football, le jeune Togolais est un admirateur du Nigérian Wanko Kanu qui lui ressemble d’ailleurs physiquement. Il n’a pas la puissance explosive d’un Laurent Pokou (pour ceux qui se souviennent encore de ce redoutable buteur ivoirien qui évolua en France à la fin des années soixante) ; il n’a pas non plus la robustesse d’un Jules Bocandé et l’efficacité d’un Didier Drogba, mais possède, malgré sa grande taille, une vitesse déroutante pour les adversaires. De la première à la dernière minute, il court, harcèle et déborde. Installant en permanence le débat à l’intérieur de la surface adverse, il sait prendre de la hauteur pour dévier le ballon vers le partenaire le mieux placé. Cette incessante activité, c’est à sa détermination et à sa joie de jouer qu’il le doit.

Dès le mois de juillet 2005, on évoquait déjà son départ de Monaco où son contrat courrait jusqu’en 2008. Des sollicitations se sont multipliées comme du temps où il jouait au Football Club de Metz. Pour des raisons essentiellement financières, le torchon a longtemps brûlé entre l’attaquant et son club. Emmanuel Adébayor qui a la réputation d’être une forte tête, a fait allusion  à la faiblesse de son salaire estimé à 50.000 Euros seulement le mois (un peu moins de 33 millions de francs CFA), alors que certains de ses partenaires seraient traités dans la Principauté comme des princes. D’où l’envie de changer d’air pour aller monnayer davantage son talent dans un autre pays européen. On parlait beaucoup de l’Italie. Ce sera finalement au club londonien d’Arsenal qu’il exercera prochainement son talent. Quand on voit l’enthousiasme qui est le sien sur un terrain de foot, on peut compter sur lui pour continuer – sereinement – à crever l’écran.

par Dave  Wilson

Article publié le 23/01/2006 Dernière mise à jour le 23/01/2006 à 16:23 TU