Côte d'Ivoire
Tension sur la rencontre de Yamoussoukro
(Montage : RFI)
Depuis le début de la crise politico-militaire en septembre 2002, c’est la première fois que les acteurs politiques ivoiriens devaient se réunir sans intermédiaires internationaux. Mais, alors que toutes les délégations étaient présentes pour une ouverture officielle de la rencontre à 15 heures locales, les rebelles de Bouaké ont annoncé qu’ils retardaient l’arrivée à Yamoussoukro de leur chef Guillaume Soro. Ils contestent «le dispositif de sécurité» mis en place en invoquant la présence «d’éléments de la garde rapprochée du président Laurent Gbagbo», à la Fondation Houphouët Boigny pour la paix. Puis, après ce rebondissent de dernière minute et selon l’AFP, c’est le général Soumaïla Bakayoko, chef d’état-major des forces de la rébellion qui juge «l’attitude des membres des forces loyalistes menaçante et a demandé aux forces impartiales de le reconduire à Bouaké».
La tension est montée d’un cran. Nervosité et agacement sont palpables. Les forces loyalistes ivoiriennes auraient demandé aux soldats français de l’opération Licorne de se retirer ne tolérant que la présence sur les lieux des Casques bleus de l’ONUCI. C’est sous la menace d’une remise en cause de cette rencontre inédite que le Premier ministre et initiateur de la rencontre s’est, lui aussi, finalement retiré des lieux.
« Frères ivoiriens »
Le temps est compté pour Charles Konan Banny dont la mission principale est de conduire son pays à l’élection présidentielle en octobre 2006 et de jeter les bases de la réunification du pays. Après avoir mis des semaines à composer une équipe gouvernementale, le Premier ministre pose son premier acte fort. Il a convaincu les uns et les autres de se rencontrer dans la capitale politique, Yamoussoukro. Pour l’occasion, il insiste sur les symboles en invitant les protagonistes ivoiriens à se retrouver à la Fondation Félix Houphouët Boigny pour la paix. Dans l’immense palais des congrès, côté hôtel, chaque délégation de parti s’était vu octroyer tout un palier.
Alassane Dramane Ouattara pour le Rassemblement des républicains (RDR), Henri Konan Bédié du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Laurent Gbagbo, président de la République et chef historique de Front populaire ivoirien (FPI) et Charles Konan Banny, Premier ministre y ont déjà pris leurs quartiers à l’exception de Guillaume Soro chef de la rébellion des Forces Nouvelles dont l’entourage avait envisagé de faire la navette entre Bouaké (fief des rebelles) et la capitale Yamoussoukro distants de 50 km.
Un chiffre bien précis de dix personnes avait été fixé à chaque groupe : du collaborateur au chauffeur en passant par les conseillers et autres hommes de sécurité rapprochée. Au-delà, les partis politiques ont la liberté, et à leurs frais, de loger d’autres membres de leur délégation. Les organisateurs de cette rencontre entre «frères ivoiriens» avaient aussi pris la précaution de conduire par hélicoptère les leaders des partis politiques. Cette tâche était dévolue aux soldats des forces «impartiales» de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) qui avaient aussi pour mission d’assurer la sécurité des lieux. Ils sont en majorité marocains appuyés par des soldats français de l’opération Licorne.
par Didier Samson
Article publié le 27/02/2006 Dernière mise à jour le 27/02/2006 à 19:30 TU