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Côte d'Ivoire

Deux «patriotes» et un rebelle visés par l’Onu

Les «jeunes patriotes» manifestent devant le quartier général de l'Onuci, le 17 janvier 2006 à Abidjan. (Photo: AFP)
Les «jeunes patriotes» manifestent devant le quartier général de l'Onuci, le 17 janvier 2006 à Abidjan.
(Photo: AFP)

Les noms des deux principaux chefs de file des «patriotes» partisans du président Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Eugène Djué, figurent aux côtés de celui d’un «commandant de zone» rebelle de Korhogo, au nord du pays, Fofié Kouakou, une manière visiblement de faire bonne mesure, sur la liste transmise vendredi au président du comité des sanctions, l'ambassadeur de Grèce à l'Onu, Adamantios Vassilaki. Le Danemark, le Royaume-Uni et la Slovaquie se sont joints à l’initiative française qui vise à franchir un premier pas dans l’application des menaces de sanctions personnalisées brandies depuis novembre 2004 par la résolution 1572. Les 15 membres du Conseil de sécurité ont jusqu’à lundi pour exprimer d’éventuelles objections.


Deux jours ouvrables de «silence», sinon de lobbying sont la règle à l’Onu entre la réception d’une proposition par le président du Comité des sanctions et sa transmission au quinze membres du Conseil de sécurité. Sachant la Chine rétive par principe à l’idée de sanctions, il s’agira donc pour Paris de ne pas éveiller son veto d’ici lundi. Et si l’Afrique du Sud ne parvient pas à faire recevoir les réserves qu’elle espère, les sanctions seront applicables dès mardi. Les «nominés» devraient alors subir sans autre forme de procès les mesures internationales qui restreignent leur circulation et gèlent leurs éventuels avoirs à l’étranger. Le dispositif est en effet fin prêt depuis novembre 2004. Seule la volonté politique de l’appliquer a manqué jusqu’à présent.

Par sa résolution 1572, le Conseil de sécurité avait décidé de sanctionner en Côte d’Ivoire toute «personne qui fait peser une menace sur le processus de paix et de réconciliation…[qui] est reconnue responsable de violations graves des droits de l’Homme [ou qui] incite publiquement à la haine et à la violence». Un comité ad hoc a été chargé de tenir prête une liste nominative, ce qui a régulièrement donné lieu à l’organisation de fuites en forme de coups de semonce, avec évocation des noms de la Première dame, Simone Gbagbo, du conseiller en sécurité du président Gbagbo, Bertin Kadet, ou de celui du chef de la rébellion des Forces nouvelles (FN), Guillaume Soro. Finalement, les premiers à faire les frais des dispositions onusiennes devraient donc être deux «ministreS de la rue», côté présidentiel, et, dans le camp adverse, un second couteau accusé d’exactions dans la guerre intestine des FN.

Laurent Gbagbo reste dans la cible franco-onusienne

En novembre 2004, le Conseil de sécurité avait également prononcé un embargo international sur la fourniture de matériel militaire à la Côte d’Ivoire, en rétorsion aux «frappes aériennes engagées par les Forces armées de Côte d’Ivoire», contre les positions françaises de Bouaké. Les dispositions personnalisées prises en même temps, constituaient aussi une réponse aux manifestations anti-françaises consécutives à la destruction de la flotte aérienne ivoirienne par les soldats de l’opération Licorne. A l’époque, en filigrane de l’équilibre diplomatique affiché sous forme de rappels à l’ordre à l’endroit des Forces nouvelles, et même s’il n’était pas nommément cité, c’est bien le président Gbagbo qui était visé, par «meneurs» interposés, Blé Goudé et Djué en particulier.

Pour sa part, Fofié Kakou se serait illustré courant 2004 dans les batailles rangées sanglantes qui ont opposé, à Korhogo, les tenants de la ligne Soro des FN à ceux du sergent-chef Ibrahim Coulibaly. Son nom apparaît aujourd’hui sur la liste présentée au Conseil de sécurité comme une mesure d’équilibre. Mais, cette fois encore, c’est principalement la mouvance présidentielle qui apparaît dans la cible franco-onusienne, après les manifestations de janvier dernier. Celles-ci ont en effet tout particulièrement visé l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), vouée aux gémonies par les «patriotes», après que le Groupe de travail international (GTI) eut estimé inutile de prolonger le mandat des députés comme le souhaite la mouvance présidentielle.

Kofi Annan vient de monter au créneau pour rappeler «avec la plus grande fermeté, aux plus hautes autorités civiles et militaires de la Côte d’Ivoire, y compris le Président Gbagbo et le chef d’état-major, le général Mangou, leur responsabilité personnelle dans la prévention des violences, y compris des attaques dirigées contre le personnel et les installations des Nations unies dans le pays, ainsi que des violences ethniques». Pour autant, de médiation africaine en relecture des textes, le président Gbagbo estime la question parlementaire réglée selon ses vœux. Le président de l'Assemblée nationale ivoirienne, Mamadou Coulibaly, prépare d’ailleurs la convocation d'une prochaine session extraordinaire. Le bras de fer continue.


par Monique  Mas

Article publié le 03/02/2006 Dernière mise à jour le 03/02/2006 à 20:48 TU

Les documents

Résolution 1572 de l'ONU

La résolution n°1572 adoptée en novembre 2004 par le Conseil de sécurité des Nations unies prévoit l'adoption de santions personnalisées contre les responsables d'exactions en Côte d'Ivoire.