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Côte d'Ivoire

Manifestation de bonnes intentions

Il faut retenir de la rencontre du 28 février 2006&nbsp;le souhait affiché par les cinq hommes de tout mettre en œuvre afin de «<i>se retrouver fréquemment pour (...) faire en sorte que la vie politique se déroule dans un climat apaisé</i>».(Photo : AFP)
Il faut retenir de la rencontre du 28 février 2006 le souhait affiché par les cinq hommes de tout mettre en œuvre afin de «se retrouver fréquemment pour (...) faire en sorte que la vie politique se déroule dans un climat apaisé».
(Photo : AFP)
Après de vives tensions sur le protocole d’accueil et le déroulement de la rencontre convoquée par le Premier ministre, Charles Konan Banny, le président de la République, Laurent Gbagbo, le président du RDR Alassane Dramane Ouattara, le président du PDCI, Henri Konan Bédié et le secrétaire général des Forces nouvelles, Guillaume Soro se sont finalement retrouvés autour d’une table pour définir ensemble les priorités pour une relance immédiate du processus de paix en Côte d’Ivoire. Cinq heures de discussions à huis clos ont suffi pour que les uns et les autres se parlent entre eux pour convenir ensemble d’un plan d’action.

Charles Konan Banny a réussi à recentrer le débat sur ce qui reste sa mission principale : organiser l’élection présidentielle en octobre 2006, selon la feuille de route qui lui a été remise par le Groupe de travail international (GTI). Cette mission, confortée par la résolution 1633 du Conseil de sécurité de l’ONU, a d’ailleurs fait l’objet d’une citation en parallèle avec la Constitution du pays. Les protagonistes ont affirmé que «la Constitution et la résolution 1633 ne sont pas antinomiques». Le chef de l’Etat et le Premier ministre sont conviés à se concerter pour éviter des conflits dans «l’exécution de leurs tâches respectives». Au besoin, précise le communiqué final, «une table ronde» pourrait être convoquée pour résoudre les différends. 

Par ailleurs, les cinq leaders politiques ont adopté le principe d’une rencontre régulière «pour échanger sur le processus de paix» en insistant sur «le respect des valeurs de la fraternité et de la démocratie». C’est ce code de bonne conduite qui devra régir leurs actions politiques comme ils l’ont eux-mêmes souhaité. Cet esprit devrait aussi prévaloir dans les médias publics pour un accès équitable de toutes les sensibilités «pour véhiculer des messages de paix et de réconciliation». Chacun a pris l’engagement de «faire en sorte que les journalistes qui leur sont proches ou qui partagent leurs sensibilités accompagnent le processus».

Commission électorale indépendante équilibrée

Le processus en question s’articulera, d’une part, autour de l’identification et le recensement électoral qui iront de paire et, d’autre part, sur le démantèlement des milices et le programme de Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR). Un dialogue immédiat est préconisé entre les forces loyalistes et les rebelles. Un accent particulier est mis sur les programmes de «réinsertion réussie, gage d’un désarmement réussi», précise le communiqué final. Un dernier sujet a fait l’objet d’un point de vue partagé : l’élection du bureau de la Commission électorale indépendante (CEI) et de l’arbitrage du Haut représentant de l’ONU pour les élections en Côte d’Ivoire, le Portugais Antonio Monteiro. La création d’un quatrième poste de vice-président de la CEI a été adoptée en faveur du Front populaire ivoirien afin «d’équilibrer les forces» au sein de cet organe. Afin de donner un coup de fouet au processus de paix le groupe des cinq recommande au Premier ministre de convoquer, dans les meilleurs délais, une réunion avec le bureau de la CEI, les signataires des accords de Marcoussis et le Haut représentant aux élections de l’ONU pour «déterminer les attributions des membres du bureau et les règles de fonctionnement de la CEI».

Il faut retenir de la rencontre du 28 février le souhait affiché par les cinq hommes de tout mettre en œuvre afin de «se retrouver fréquemment pour échanger sur le processus de paix et de faire en sorte que la vie politique se déroule dans un climat apaisé». Le communiqué final énumère les différents points qui avaient fait l’objet récemment de vives oppositions entre les acteurs politiques. De nombreux lieux communs ont été revisités et l’attachement des uns et des autres aux principes «de la condamnation ferme de toute sorte de violence» ou encore «l’attachement aux engagements déjà pris et à leur application intégrale», ont été soulignés.

Après cet étalage des bonnes intentions qui se veut tout sauf un énième accord, tous les regards sont tournés vers le président Laurent Gbagbo et le secrétaire général des Forces nouvelles, Guillaume Soro, dont les faits et gestes seront désormais passés au crible. Les deux autres leaders de parti, Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara, sont considérés comme moins menaçants, mais le Premier ministre les aura aussi à l’œil.     


par Didier  Samson

Article publié le 01/03/2006 Dernière mise à jour le 01/03/2006 à 17:44 TU