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Bénin

Présidentielle : les intrigues avant le second tour

Les résultats du premier tour du scrutin présidentiel montrent un bouleversement de l’échiquier politique béninois avec l'arrivée en tête de Boni Yayi, un candidat sans parti, devant Adrien Houngbédji.(Montage : RFI)
Les résultats du premier tour du scrutin présidentiel montrent un bouleversement de l’échiquier politique béninois avec l'arrivée en tête de Boni Yayi, un candidat sans parti, devant Adrien Houngbédji.
(Montage : RFI)
Après le dépouillement de 96% des bulletins la tendance reste immuable. Boni Yayi est en tête du premier tour de la présidentielle et devance Adrien Houngbédji de plus de 10 points. Et, avant que les chiffres donnés par la Commission électorale nationale autonome ne soient validés par la Cour constitutionnelle, les négociations pour les reports de voix battent son plein. Les « ego » sont rangés et cèdent la place « au pragmatisme ».

Les derniers chiffres publiés par la Commission électorale nationale autonome (CENA) mettent Boni Yayi en tête du premier tour de l’élection présidentielle avec 35,60% des voix contre 24,23% pour Adrien Houngbédji. La CENA précise que ces résultats concernent plus de 96% des suffrages. La tendance reste néanmoins irréversible et ces hommes s’affronteront au second tour du scrutin, dont la date n’est pas encore fixée. Les Béninois savent donc à quoi s’en tenir et les interrogations portent maintenant sur le nom de celui qui occupera le fauteuil présidentiel au palais de la Marina dès le 6 avril prochain.

La première leçon à retenir du premier tour de ce scrutin est le bouleversement de l’échiquier politique béninois. Boni Yayi, sans parti politique, mais avec des moyens conséquents, a mené une campagne sous le signe du changement qui a tout aussi séduit que son image « d’homme neuf » dans la jungle politique béninoise. Les traditionnels partis politiques ont été ébranlés dans leurs bases et certaines certitudes paraissent désormais moins évidentes. Par exemple, dans le département du Littoral qui ne comporte qu’une seule commune, Cotonou, la capitale économique, Boni Yayi a distancé de très loin le candidat Léhady Soglo, premier maire-adjoint de la ville administrée par Nicéphore Soglo lui-même, ancien président de la République et père de Léhady.

L’homme à abattre s’appelle Boni Yayi

Le conseiller économique de l’ancien président Nicéphore Soglo, et ex-gouverneur de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), Boni Yayi a un seul tort aux yeux de la traditionnelle classe politique béninoise, celui d’être arrivé premier en bousculant un ordre établi. Adrien Houngbédji en profite et retrouve presque par surprise derrière lui ses ennemis jurés d’hier. Bruno Amoussou, 16,52% des voix ; Léhady Soglo, 8,54% et Antoine Idji Kolawolé, 3,23%. Ces derniers ont constitué une coalition baptisée Wologuèdè, slogan d’une célèbre équipe de football et cri de ralliement d’un parti politique au début des années 60 et qui fait allusion au trésor et à la richesse révélés… lorsque le bon choix est fait.

Mais, Nicéphore Soglo a eu du mal à trancher en faveur de ce bloc contre son ancien conseiller économique, Boni Yayi. Le souvenir de la défaite à la présidentielle de 1996 le taraude encore. En effet, le principal artisan en était Adrien Houngbédji. « Mais les choses ont évolué », disent les acteurs de la nouvelle alliance qui ont vite fait de trouver dans leurs rangs de pires adversaires qu’Adrien Houngbédji et qui soutiennent Boni Yayi. Les leaders du bloc Wologuèdé n’ont pas publié, pour l’instant, de communiqué ni lancé un mot de ralliement à Adrien Houngbédji, mais observateurs politiques et électeurs ont compris le message.

Les acteurs de la nouvelle alliance attendent la proclamation officielle des résultats par la Cour constitutionnelle pour mettre leurs troupes en ordre de bataille derrière Adrien Houngbédji. Pour la coalition Wologuèdè, Boni Yayi a fait le plein de ses voix et par un report arithmétique des voix elle espère battre le n°1 du premier tour de la présidentielle. Mais quel est aujourd’hui leur pouvoir de mobilisation ? La volonté de changement perçue lors du premier tour du scrutin sera-t-elle confirmée au soir du second tour pour porter à nouveau un homme sans parti politique à la tête du pays, comme ce fut le cas en 1996 ?


par Didier  Samson

Article publié le 14/03/2006 Dernière mise à jour le 14/03/2006 à 18:11 TU