Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

France-Espagne

Juan Carlos chez Jacques Chirac

La visite du roi Juan Carlos en France&nbsp;est, selon l'Elysée, l'occasion de rendre hommage à celui qui <i> «&nbsp;incarne l'Espagne démocratique, européenne et pleinement moderne.</i>&nbsp;»(Photo : AFP)
La visite du roi Juan Carlos en France est, selon l'Elysée, l'occasion de rendre hommage à celui qui « incarne l'Espagne démocratique, européenne et pleinement moderne. »
(Photo : AFP)
Le président français reçoit à partir de lundi le roi d'Espagne, en visite d'Etat en France pour la troisième fois en 30 ans de règne, sur fond d'espoirs de paix au Pays basque, quatre jours après l'entrée en vigueur d'un « cessez-le-feu permanent » de l'ETA. Il sera aussi question, durant trois jours, de lutte contre l’immigration clandestine et de coopération technologique, avec la visite de l’usine Airbus de Toulouse.

Constitutionnellement, les pouvoirs du roi d’Espagne sont très limités. C’est pourquoi la visite en France de Juan Carlos, arrivé avec la reine Sophie en début d'après-midi à l'aéroport d'Orly (sud de Paris), devrait, en principe, rester avant tout symbolique. D’ailleurs, la plupart des journaux madrilènes la reléguait lundi en pages intérieures, préférant insister, en une, sur les suites du « cessez-le-feu permanent » décrété la semaine dernière par les séparatistes basques de l’ETA.

 Pourtant, la personnalité, le courage et la détermination démocratique du souverain sont unanimement respectés en Espagne, au point qu’on dit couramment que les Espagnols ne sont pas monarchistes mais « Juancarlistes ». Ses discussions avec Jacques Chirac et ses interlocuteurs français prennent donc un relief particulier, même si aucune décision politique concrète n’est attendue.

Pays basque : « Attendons de voir »

Cette visite est, selon l'Elysée, l'occasion de rendre hommage à celui qui, 30 ans après la chute du dictateur Francisco Franco en 1975, « incarne l'Espagne démocratique, européenne et pleinement moderne. » C’est en 1976, alors que son pays se tournait vers la démocratie, que le jeune souverain espagnol effectuait sa première visite en France. La deuxième date de 1985, peu après que le chef du gouvernement de Felipe Gonzalez eut signé le traité d’adhésion à l’Union européenne.

Dans un premier entretien avec Jacques Chirac lundi après-midi, il devait être notamment question du Pays basque, dont une partie se trouve en France, et de la longue collaboration entre les deux pays dans la lutte anti-terroriste. Selon le quotidien El Pais, qui rapporte une conversation informelle du souverain avec des journalistes, Juan Carlos a prôné la « prudence » après l'entrée en vigueur vendredi du cessez-le-feu de l'ETA. « Attendons de voir », a-t-il confié. Plus enthousiaste, le président français avait, dès l’annonce des séparatistes, fait part d’un « grand espoir pour l’Espagne et pour la France. »

Un « premier contingent » de 50 immigrants clandestins

Mardi, les souverains espagnols rencontreront notamment le Premier ministre français Dominique de Villepin, avant de se rendre mercredi à Toulouse, dans le sud du pays. Cette ville proche des Pyrénées est considérée comme la « capitale de l’exode » des Républicains anti-franquistes à la fin de la guerre civile qui a déchiré l’Espagne de 1936 à 1939. Juan Carlos doit y rencontrer la communauté espagnole, forte de plus de 8000 personnes.

En compagnie de Bernadette Chirac, les souverains y visiteront également l’usine Airbus, alors que le géant des airs A380 a passé avec succès dimanche à Hambourg (nord de l’Allemagne) son premier exercice d'évacuation grandeur nature. L’avionneur espagnol CASA est actionnaire du consortium à 4,2%.

Cette visite intervient « à un moment fort de la relation bilatérale », estime l'Elysée, expliquant que l'Espagne et la France ont avec l'Allemagne une « approche commune » en matière de perspectives financières pour l'Union européenne et partagent les mêmes vues sur l'immigration clandestine, notamment en provenance d’Afrique. Paris et Madrid estiment que cette préoccupation ne relève pas uniquement des relations entre le Maroc et l'Espagne, mais bien entre l'Afrique et l'Europe. En signe de fermeté, les autorités espagnoles ont renvoyé en Mauritanie, dimanche, un « premier contingent » de 50 immigrants clandestins interceptés ces derniers jours aux Canaries, pour leur rapatriement ultérieur au Sénégal et au Mali.


par Philippe  Quillerier

Article publié le 27/03/2006 Dernière mise à jour le 27/03/2006 à 17:28 TU