Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Nucléaire iranien

Un « ultimatum » sans menace pour Téhéran

Les ministres chinois, russe, français, américain, allemand et britannique se sont félicités du compromis intervenu mercredi soir au Conseil de sécurité.(Photo : AFP)
Les ministres chinois, russe, français, américain, allemand et britannique se sont félicités du compromis intervenu mercredi soir au Conseil de sécurité.
(Photo : AFP)
La communauté internationale se dit  « unie et ferme » face à l’Iran dans le dossier nucléaire pourtant le Conseil de sécurité vient de lancer un ultimatum de 30 jours à Téhéran sans menace de sanctions à la clef.

De notre correspondant à Berlin

« La communauté internationale est unie et ferme face à l’Iran ». La déclaration du ministre français des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy au terme de la rencontre avec ses homologues américain, britannique, russe, chinois et allemand à Berlin résume le message que voulait faire passer les six ministres des Affaires étrangères.

Lors d’une conférence de presse commune, les six responsables se sont félicités du compromis intervenu mercredi soir au Conseil de sécurité de l’ONU. Ce dernier donne trente jours à Téhéran pour suspendre ses activités d’enrichissement d’uranium. Pour obtenir l’accord de la Chine et de la Russie, opposées à une ligne dure, le délai concédé à l’Iran a été porté de deux à quatre semaines et une disposition affirmant que le programme nucléaire iranien constituait une menace pour la paix a été supprimée.

Les Etats-Unis partisans d’une plus grande fermeté ont fait contre mauvaise fortune bon cœur. La ministre des Affaires étrangères américaine Condoleezza Rice a évoqué à Berlin un signal clair à destination de l’Iran signifiant que les négociations et non la confrontation constituent la voie à suivre. Favorable également à une ligne dure, la Grande-Bretagne, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Jack Straw, a jugé que le gouvernement iranien s’était trompé en spéculant sur les divisions de la communauté internationale.

« La balle est dans le camp de l’Iran »

Le ministre des Affaires étrangères allemand Frank-Walter Steinmeier qui a une position intermédiaire estime que « la balle est désormais dans le cas de l’Iran qui a le choix entre l’isolement et la négociation ». Comme ses homologues, il a répété que la communauté internationale ne s’opposait pas à une utilisation civile du nucléaire par l’Iran.

L’unanimité des ministres des Affaires étrangères a été préservée au prix d’une omission de taille. La question des sanctions éventuelles au terme du délai de trente jours accordé à l’Iran a été soigneusement mise de côté dans la résolution de l’ONU pour obtenir l’accord de la Chine et de la Russie qui y sont opposées. Et à Berlin, les chefs de la diplomatie des cinq membres permanents du Conseil de sécurité et de l’Allemagne ont prudemment évité de prendre position sur le sujet. Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Dai Bingguo a déclaré lors d’une conférence de presse commune avec ses cinq homologues : « Les problèmes sont assez importants au Proche et au Moyen-Orient pour ne pas en rajouter avec une solution autre que pacifique ». Le ministre russe Sergueï Lavrov a été plus direct : « La Russie ne croit pas que des sanctions serviraient à la résolution des différentes questions ». Son homologue français Douste-Blazy a lui lors d’un point de presse annoncé que la communauté internationale allait réfléchir à des « mesures négatives » si l’Iran ne suspendait pas son programme nucléaire, tout en restant prudent sur le contenu de ces mesures et en renvoyant la balle au Conseil de sécurité de l’ONU.

La question de l’attitude de la communauté internationale à l’issue de ce délai de trente jours se pose pourtant afin que la menace ne se transforme pas en un pétard mouillé. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Manoutchehr Mottaki, a rejeté la résolution de l’ONU. Il a choisi l’offensive en proposant la création d’un consortium régional gérant en Iran un centre international de fabrication de combustible nucléaire sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique. D’après le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, cette proposition iranienne n’a pas été discutée à Berlin. 


par Pascal  Thibaut

Article publié le 30/03/2006 Dernière mise à jour le 30/03/2006 à 19:35 TU

Dossiers

(Conception : RFI)

Audio

Nader Barzin

Professeur à HEC et conseiller auprès de multinationales, spécialiste de l'Iran

«Du côté de Washington comme de Téhéran, on se rend compte qu'il y a plus intérêt à coopérer qu'à concrétiser les conflits auxquels ils ont fait allusion dernièrement, et c'est surtout côté américain que cela prend forme. C'est une sorte de reconnaissance des Iraniens.»

[17/03/2006]

Articles