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Etats-Unis

Immigration : les Hispaniques s’affichent

La Journée nationale d’action pour la justice des immigrants du 10 avril,&nbsp;a été surnommée&nbsp;<i>La Marcha,</i>&nbsp;soulignant&nbsp;la forte participation hispanique.(Photo : AFP)
La Journée nationale d’action pour la justice des immigrants du 10 avril, a été surnommée La Marcha, soulignant la forte participation hispanique.
(Photo : AFP)
Dans un pays où les manifestations sont rares, par centaines de milliers les immigrants, essentiellement « latinos », sont descendus dans les rues d’une centaine de villes américaines pour réclamer une vaste réforme libérale de l’immigration et la régularisation des sans-papiers.

De notre correspondante à New York

« Les Etats-Unis, pays bâti par des immigrants », « Aujourd’hui, nous marchons. Demain, nous votons. », « Nous ne sommes pas des criminels. » Pancartes et drapeaux de leurs pays d’origine brandis, lundi, les immigrants américains avaient décidé de montrer qu’ils pouvaient sortir de l’ombre. Dans des capitales de l’immigration comme New York ou Los Angeles, dans des villes du fond de l’Amérique, comme au Kansas ou dans le Nebraska, ils ont défilé en T-shirt blanc, le vêtement devenu symbole de leur mouvement. Partout la foule alternait les slogans en anglais et en espagnol : « Si, se puede » (« oui, on peut »), sous entendu « laissez tranquille les immigrants clandestins ».

La Journée nationale d’action pour la justice des immigrants, devait rallier des immigrants légaux et illégaux de toutes origines, mais le surnom de la journée – La Marcha – en disait long sur la participation hispanique. Les organisateurs avaient eu beau donner pour consigne de cultiver les signes d’appartenance, des drapeaux américains aux pancartes en anglais, les drapeaux d’Amérique latine étaient partout bien visibles.

Polémiques au Congrès

Le mouvement de soutien aux immigrants a été galvanisé par le débat sur l’immigration clandestine qui enflamme le Congrès. C’est le président George Bush qui a mis sur la table ce sujet qui lui est cher. Quasiment depuis son entrée en fonction, il défend l’idée d’un programme de régularisation des travailleurs étrangers sans-papiers. Cette approche lui a valu de se mettre à dos une partie des républicains indignés par des mesures d’« amnistie déguisée ». Camouflet pour le président, la chambre des Représentants a voté en décembre dernier un projet de loi criminalisant les illégaux, ceux qui leur accordent des aides humanitaires, et prévoyant la construction d’une palissade le long d’un tiers de la frontière mexicaine. « Si vous me déportez, qui construira la palissade ? », demandait l’une des pancartes en espagnol lors d’une manifestation.

Depuis, un comité du Sénat travaille à l’élaboration d’un texte de compromis, malgré les menaces de Bill Frist, le chef de file des Républicains au Congrès, de proposer son propre texte – essentiellement répressif - si les discussions durent. Le projet de texte du comité visait à régulariser les illégaux vivant aux Etats-Unis depuis au moins cinq ans s’ils payaient des amendes et apprenaient l’anglais. Selon ce projet de loi, les Etats-Unis auraient accueilli 325 000 « travailleurs invités » pour répondre aux préoccupations des entreprises, et aurait renforcé le contrôle aux frontières pour plaire aux conservateurs. Lorsque des conservateurs ont développé le volet « contrôle des frontières » du texte, les démocrates lui ont retiré leur soutien. Les sénateurs sont finalement partis pour deux semaines de vacances sans avoir réussi à se mettre d’accord.

Poids politique grandissant

La régularisation des sans-papiers est un sujet difficile à défendre pour un président au plus bas dans les sondages. En 2004, pendant sa campagne de réélection, il avait évité d’aborder la question pour ne pas diviser son parti. A présent, le nez sur les élections de novembre, les parlementaires et les sénateurs dont les sièges sont en jeu, prennent en compte les soucis de leurs électeurs. Selon le Washington Post, 75 % des Américains estiment que les autorités ne font pas suffisamment pour stopper l’immigration clandestine.

Les stratèges du parti pensent, eux, à la manne de voix potentielles que représente le vote hispanique. George Bush est bien placé pour le savoir. C’est avec leur soutien qu’il avait été réélu gouverneur au Texas. Il dit avoir décrypté dans les manifestations d’hier « le signe que c’est une question importante. » Preuve de l’éveil des politiques à l’intérêt que représentent ces nouveaux électeurs, la sénatrice Hillary Clinton, dont le mandat arrive à échéance en novembre, est allée à la rencontre des manifestants. « Vos visages sont ceux de l’Amérique », leur a-t-elle lancé.


par Guillemette  Faure

Article publié le 11/04/2006 Dernière mise à jour le 11/04/2006 à 12:49 TU

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[26/03/2006]

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