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Burundi

Quelques pas de plus vers la paix et la sécurité

Le président burundais Pierre Nkurunziza a lancé un ultimatum à ceux qui détiennent illégalement des armes pour se faire enregistrer par l'administration jusqu'au 5 mai.(Photo : AFP)
Le président burundais Pierre Nkurunziza a lancé un ultimatum à ceux qui détiennent illégalement des armes pour se faire enregistrer par l'administration jusqu'au 5 mai.
(Photo : AFP)

Le couvre-feu était en vigueur depuis 1972. Il vient d’être officiellement levé. Le président Pierre Nkurunziza considère que la sécurité intérieure s’est améliorée. Parallèlement, le chef de l’Etat a lancé un ultimatum à ceux qui détiennent illégalement des armes, pour qu’ils déposent justement leurs armes. Enfin, les autorités viennent de lancer un programme de reconstruction des infrastructures détruites durant les années de guerre civile.


«Désormais, tout le monde est libre de circuler quand il veut et où il veut pendant la nuit». Le conseil des ministres a ainsi décidé jeudi soir de lever le couvre-feu qui était en vigueur sur l’ensemble du territoire depuis des années. Il avait été instauré à l’issue des massacres inter-ethniques de 1972. Mais cette mesure avait été encore plus strictement appliquée à partir de 1993, date à laquelle le président Melchior N'Dadaye avait été assassiné. Une période de douze ans de guerre civile s’ouvrait alors, faisant entre 250 000 et 300 000 morts. En 2000, des accords de paix étaient signés à Arusha en Tanzanie. Commençait alors une période de transition, ponctuée par un cessez-le-feu en 2003, puis par l'élection présidentielle en août 2005. A l’issue de ce scrutin, l’ancien chef des Forces pour la défense de la démocratie (FDD), Pierre Nkurunziza, devenait chef de l’Etat.

Ce long (et parfois difficile) processus de stabilisation politique a abouti presque naturellement à la décision des autorités jeudi soir : lever le couvre-feu, qui était en vigueur de minuit à cinq heures du matin. «Les conditions de sécurité se sont améliorées de façon remarquable et 95% du territoire burundais est désormais en paix», a expliqué Karenga Ramadhani, le porte-parole du gouvernement. Le Burundi comptait sept groupes rebelles au plus fort de la guerre civile. Il n’en reste qu’un encore actif, les Forces nationales de libération (FNL). Les autorités reconnaissent que ce groupe est encore présent dans trois provinces de l’ouest du pays. «Dans ces provinces, il va rester des restrictions de circulation le soir, a admis le porte-parole du gouvernement, mais là aussi, on va alléger ces mesures».

Sur le plan politique, les autorités tentent de maintenir le cap du processus de réconciliation, justement avec le FNL. D’ailleurs, le chef de ce mouvement, Agathon Rwasa vient de proposer au gouvernement l’ouverture de négociations sans condition préalable. Ce à quoi le président burundais a répondu qu’il acceptait d’envoyer une délégation à Dar es-Salaam en Tanzanie. Ces pourparlers de paix pourraient se dérouler dans les prochains jours.

Désarmer, reconstruire

Le processus de réconciliation nationale passera aussi par un nécessaire désarmement des populations. Dans cet esprit, le président Nkurunziza a posé un premier jalon, en lançant ce vendredi un ultimatum à tous ceux qui détiennent illégalement des armes. Le défi est de taille. Durant la guerre civile, le pouvoir a distribué des dizaines de milliers d’armes dans le cadre de la politique de défense civile. D’après une étude réalisée en 2002 par le ministère des Relations extérieures, quelque 300 000 armes sont toujours détenues illégalement par la population. Le chef de l’Etat a donné jusqu’au 5 mai prochain à ces personnes pour se faire enregistrer par l’administration. «Passé ce délai, a-t-il prévenu, tous ceux qui ne se seront pas faits enregistrer et qui (détiendront) une arme seront punis».

Enfin, récemment, le président a lancé un programme transitoire de reconstruction du pays. D’un montant de 32,7 millions de dollars, ce plan doit permettre de relancer les activités agricoles et surtout de reconstruire les infrastructures. Le chantier est vaste, tant les infrastructures ont souffert durant les années de guerre civile. Routes, ponts, hôpitaux, réseaux d’adduction d’eau ont été largement endommagés et nécessitent d’importants efforts financiers. Ce programme de reconstruction, étalé sur sept ans, est financé notamment par l’IFAD, le Fonds international pour le développement agricole.


par Olivier  Péguy

Article publié le 15/04/2006 Dernière mise à jour le 15/04/2006 à 16:00 TU