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Politique française

Le Pen se voit encore au deuxième tour en 2007

Jean-Marie Le Pen à la tribune, lors de son discours traditionnel du 1er mai, devant l'opéra Garnier à Paris.(Photo : Ph. Quillerier/RFI)
Jean-Marie Le Pen à la tribune, lors de son discours traditionnel du 1er mai, devant l'opéra Garnier à Paris.
(Photo : Ph. Quillerier/RFI)
Lors de son traditionnel discours du 1er mai sur la place de l'Opéra à Paris, le président du Front national (FN) a dénoncé la «crise de régime» illustrée par l’affaire Clearstream et déclaré «croire en la victoire nationale aux deux tours de l’élection présidentielle de 2007». Jean-Marie Le Pen a réitéré son appel à «une union patriotique» pour les scrutins présidentiel et législatif. Un nouveau signe en direction de Philippe de Villiers, le président du Mouvement pour la France (MPF), qu’il a néanmoins qualifié de «plagiaire» des idées du FN.

« Le Pen, président ! ». Sous un ciel gris, entouré sur une large estrade de militants du Front national de la jeunesse (FNJ), acclamé par les sympathisants de son mouvement rassemblés place de l’Opéra à Paris, le président du Front national a commencé son discours par un long éloge de Jeanne d’Arc, grande figure française à laquelle il rend hommage chaque année bien qu’on l’accuse de « récupération politicienne » d’un personnage historique.

Devant une foule de quelque 5 000 personnes agitant des drapeaux tricolores, Jean-Marie Le Pen, 77 ans, a donc lancé sa campagne présidentielle pour 2007. Immigration massive, mondialisme « marchand », cosmopolitisme, le leader d’extrême droite a décliné, sous les ovations, les thèmes qui lui sont chers, fustigeant une « politique soumise à l’économie apatride ». Applaudissements assurés, comme ceux de cette militante pour qui « ceux qui  crachent sur la France, comme certains rappeurs, ne sont pas obligés de rester. »

La France ? Elle n’est plus, selon le candidat du FN, qu’une « République bananière » qui « vacille », minée par une « crise de régime » et le « mensonge d’Etat » dont la dernière illustration est l’affaire Clearstream, où apparaît le nom du Premier ministre Dominique de Villepin, voire celui du président Jacques Chirac.

Il s’agit d’une affaire de dénonciation calomnieuse de personnalités françaises – dont le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy -, faussement accusées d'avoir eu des comptes occultes via Clearstream, une société basée au Luxembourg. « C'est aujourd'hui l'affaire Clearstream qui, traduite en français, se dit littéralement courant clair alors qu'il s'agit probablement d'un torrent de purin », a ironisé Jean-Marie Le Pen. « Les dirigeants de la majorité se prennent à la gorge, les plus hautes personnalités sont mises en cause (…) Il est temps de changer les choses avant que le pays ne se disloque et ne se décompose. »

Le « séisme politique » du 21 avril 2002

Une militante du Front national défile le 1er mai à Paris. Sur sa pencarte aux formes de la France est écrit : «Aimez-la ou quittez-la».(Photo : Ph. Quillerier/RFI)
Une militante du Front national défile le 1er mai à Paris. Sur sa pencarte aux formes de la France est écrit : «Aimez-la ou quittez-la».
(Photo : Ph. Quillerier/RFI)

Au palmarès des huées et des sifflets : Nicolas sarkozy, qui revendique d'être un « homme nouveau alors qu'il a déjà exercé toutes sortes de mandats », a raillé Jean-Marie Le Pen, et qui « se livre à l’exercice périlleux du soutien de rupture » à l’égard d’un gouvernement auquel il appartient. Quant à Jacques Chirac, il « ne préside plus rien sauf les comices agricoles. » Dominique de Villepin, en revanche, a été relativement  ménagé par le leader du FN, alors que les dirigeants socialistes, longuement fustigés, ont été qualifiés de « bourgeois » avec lesquels les « travailleurs n’ont rien de commun. »

Voilà quatre ans, le 21 avril 2002, la presse française et internationale avait parlé de « séisme politique » lorsque le dirigeant d’extrême droite avait éliminé le candidat socialiste Lionel Jospin au premier tour de l’élection présidentielle. L’an prochain, Jean-Marie Le Pen compte faire « mieux ». « Je crois en la victoire nationale aux deux tours de l’élection présidentielle de 2007. »

Un optimisme nourri par le climat social morose, le chômage persistant (près de 10% de la population active malgré une légère baisse récemment), la stagnation économique, le rejet du traité constitutionnel européen le 29 mai 2005 - « L’Europe a trahi toutes ses promesses » -, l’embrasement des banlieues à l’automne et la crise du CPE (Contrat première embauche) qu’il qualifie de « grand-guignolesque mésaventure ».

De 12 à 14% des intentions de vote

Les sondages incitent également Jean-Marie Le Pen à croire en ses chances. Selon une enquête Ifop publiée la semaine dernière, 34% des personnes interrogées affirment que l'extrême droite, incarnée notamment par le Front national, est proche des préoccupations des Français. Le Pen lui-même est crédité par les sondages de 12 à 14% des intentions de vote au premier tour, en 3è position derrière Nicolas Sarkozy et le futur candidat socialiste. Or, un an avant qu’il ne crée la surprise lors de l’élection de 2002, il ne dépassait pas 9%.

C’est donc un Le Pen rassembleur et sûr de lui qui a, de nouveau, lancé un appel à « une union patriotique » pour la présidentielle et les législatives qui suivront. Selon lui, les « patriotes » doivent désormais s'unir pour faire face « au chômage et à l'immigration massive, les deux problèmes majeurs que les politiciens » de droite comme de gauche « n'ont ni su, ni pu, ni voulu résoudre ».

Ceux qui refuseront l'offre d'alliance du FN « porteront la responsabilité de leur choix devant l'histoire », a-t-il ajouté, en visant notamment Philippe de Villiers, le président du Mouvement pour la France (MPF) qu’il accuse de plagier ses thèmes et qui, actuellement, ne dépasse pas 4% dans les sondages. Jusqu’ici, Philippe de Villiers a rejeté cette offre. Mais l’ancien n°2 du FN Bruno Mégret, qui avait quitté le mouvement lepéniste pour fonder le Mouvement national républicain (MNR), a accepté.


par Philippe  Quillerier

Article publié le 01/05/2006 Dernière mise à jour le 01/05/2006 à 17:57 TU