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Comment ça va avec la France ?

Tranche de vie : Luigi Elongui

Luigi Elongui.(Photo : Catherine Millet/RFI)
Luigi Elongui.
(Photo : Catherine Millet/RFI)
Pour son premier numéro, cette nouvelle émission sur RFI intitulée Tranche de vie, donne la parole à un journaliste italien qui croque les musiques africaines depuis Paris.

Militant du mouvement révolutionnaire dans l'Italie des années 70, Luigi Elongui a fui la répression orchestrée par le pouvoir dans son propre pays suite à ces années dites «de plomb». Luigi Elongui vient alors se réfugier en France durant le premier septennat de François Mitterrand. Le jeune italien y vit longtemps sans papiers, tout en exerçant son métier de journaliste clandestinement. Il y rencontre la mère de sa plus jeune fille, avant d'y vivre librement, depuis peu. Rester en France est l'occasion pour lui d'approcher l'Afrique, continent qui peuple ses écrits. Luigi Elongui est l'un des meilleurs chroniqueurs actuels des musiques venues du monde noir sur la place de Paris. Il écrit pour des magazines panafricains comme Afrique-Asie et Amina.


Propos extraits de l’entretien avec Luigi Elongui pour l’émission 

« Lorsqu’on parle de France multiculturelle ou lorsqu’on parle de l’identité cosmopolite de la France, on oublie d’autres réalités. Ici en France, les gens, ceux qui détiennent le pouvoir, sont prêts à effacer la couleur de la peau, à négliger une nationalité différente, à condition que la personne en question efface sa propre identité. En réalité, la France, ce pays de l’universel, a crée cet universel pour le confisquer. On est accepté mais à condition que l’on soit tous pareils. Au modèle dominant ».

Luigi Elongui et son intégration en France

« Je pense qu’au niveau de l’intégration, de l’intégration personnelle et professionnelle dans ce pays, ça était pour moi aussi difficile que pour un africain. Mis à part le fait qu’un policier, quand il voit la couleur noire, est plus porté à interpeller que lorsqu’il a affaire à un blanc, la situation a été difficile, parce que je n’avais pas de papiers et j’avais des difficultés à trouver du boulot à cause de ça. C’est difficile de vivre pendant dix-huit ans environ sans permis de séjour. Moi je n’ai jamais eu un permis de séjour. J’ai commencé à avoir des papiers il y a seulement quelques années. Donc ça n’a pas été facile, d’autant plus que je suis quelqu’un, qui, par caractère, n’est pas porté à faire des concessions par rapport à sa manière de voir les choses ».

Pourquoi il ne retourne pas en Italie

« Je reste en France, parce que la France c’est une porte pour pouvoir partir en Afrique. Par rapport à mon travail, c’est d’ici que je reçois les invitations pour pouvoir aller au Cameroun, pour voyager au Zimbabwe, pour voyager au Mali ou en Afrique du Sud. La même occasion ne m’est pas donnée en Italie. Le travail de journaliste que je fais ici pour l’Afrique, au niveau de la politique, au niveau de la musique ou de la culture, je ne pourrais pas le faire en Italie, où il n’y a pas de « canard », de support, s’occupant de l’Afrique. Il n’y a pas la presse panafricaine en Italie. Il n’y a pas les maisons discographiques qui font les musiques du monde ou les musiques africaines en Italie. C’est la seule raison pour laquelle je reste ici. En Italie, je serais chômeur. Mais mon pays, je l’aime beaucoup. Je le préfère même à la France mais c’est à cause de mon rapport à l’Afrique que je reste ».


par Soeuf  Elbadawi

Article publié le 07/05/2006 Dernière mise à jour le 07/05/2006 à 13:23 TU

Tranche de vie

« Tranche de vie » est une émission à l’écoute de la France bigarrée. Paroles d’hommes et de femmes, acteurs de la mosaïque française. Ils sont d’origine étrangère, ont choisi la France pour y vivre, y grandir ou pour y fabriquer leur vision du monde. Portraits express de personnes, certaines, consacrées, d’autres, moins connues, résidant dans l’Hexagone et contribuant à rendre de plus en plus tangible la notion de diversité à la française.
Une émission de Soeuf Elbadawi, réalisée par Isabelle Godineau, pour le service Magazine de Radio France Internationale.