Nigeria
Plus de 150 morts dans une explosion
(Photo : AFP)
C’est un spectacle d’horreur qu’ont découvert les secouristes lorsqu’ils sont arrivés sur la plage d’Inagbe, située sur une île des faubourgs de Lagos. Sur le sable encore brûlant, certains cadavres étaient entièrement carbonisés, réduits en cendres. Leur identification sera très difficile. La boule de feu provoquée par l’explosion a tout détruit sur un rayon de 20 mètres. Des corps ont aussi été retrouvés, plus loin, dans la mer.
Les autorités estiment que la déflagration a vraisemblablement été provoquée par des pillards qui tentaient de pomper du pétrole après avoir creusé des trous dans le conduit du pipeline qui, à cet endroit, n’est pas profondément enterré. Plusieurs jerrycans ont été retrouvés à proximité, indiquant quelles étaient les intentions des personnes présentes. Les premières victimes de l’explosion ont donc certainement été les pillards eux-mêmes. Mais il semble que des villageois étaient aussi sur les lieux et ont péri à leurs côtés.
Des drames récurrents
Ce drame n’est pas le premier du genre. De telles explosions meurtrières se produisent régulièrement au Nigeria. L’année dernière, dans le village d’Ilado, proche de la zone où a eu lieu la dernière déflagration, une cinquantaine de personnes avaient déjà trouvé la mort dans les mêmes circonstances. Ces dernières années, environ 2 000 personnes ont succombé à la suite d’explosions de ce type dans le pays. L’état délabré de certaines installations pétrolières contribue à rendre ces vols particulièrement dangereux. La moindre étincelle étant susceptible de provoquer un embrasement.
Malgré les mises en garde des autorités contre les risques de telles tentatives pour siphonner clandestinement du pétrole, les populations, qui se trouvent souvent dans le dénuement le plus total, continuent à tenter leur chance pour essayer d’obtenir un peu de fuel. Il y a aussi des trafics organisés par des bandes spécialisées. Dans tous les cas, Olanrewaju Saka-Shenayon, un responsable de l’Etat de Lagos, estime qu’il s’agit «du résultat de l’avidité et de la pauvreté. Si vous n’avez pas de travail et que vous avez faim, vous faites tout pour nourrir votre famille. Les gens qui prennent ce genre de risques ne peuvent être que des désespérés».
par valérie GAS, avec AFP
Article publié le 13/05/2006 Dernière mise à jour le 13/05/2006 à 11:24 TU