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Territoires palestiniens

Un «dialogue national» pour éviter la guerre civile

Le président palestinien, Mahmoud Abbas a lancé un avertissement aux différents partis pour qu’ils se mettent d’accord sur un programme politique commun.(Photo : AFP)
Le président palestinien, Mahmoud Abbas a lancé un avertissement aux différents partis pour qu’ils se mettent d’accord sur un programme politique commun.
(Photo : AFP)

Pendant deux jours, jeudi et vendredi, les principaux partis et représentants palestiniens sont réunis pour tenter de mettre fin aux affrontement armés entre Hamas et Fatah qui ont déjà fait 10 morts. Cinq membres de la force préventive fidèle au président Abbas ont été blessés jeudi dans un nouvel accrochage. La réunion devait également porter sur la politique à l’égard d’Israël et la profonde crise financière consécutive au boycott international du gouvernement islamiste.


Les frères ennemis du Fatah et du Hamas, auxquels se sont joint d’autres groupes palestiniens, des dignitaires religieux, des élus municipaux, des universitaires et des représentants de la société civile sont réunis, jeudi et vendredi, pour tenter de sortir de l’impasse créée par l’arrivée du Hamas au gouvernement en mars dernier. Les débats se déroulent en vidéoconférence ; ils sont retransmis en direct entre Gaza – où le centre de conférence est sous haute surveillance - et Ramallah, en Cisjordanie, Israël interdisant au Hamas le déplacement entre les deux territoires.

Les débats de ce « dialogue national » inter-palestinien étaient à peine ouverts que déjà, le président palestinien Mahmoud Abbas mettait les participants sous pression. Si, a-t-il averti dans son allocution prononcée à la Mouqataa, son QG de Ramallah, la rivalité violente persiste entre le Fatah, son parti, et le mouvement islamiste Hamas, si les deux formations ne parviennent pas à s’entendre sur un programme politique commun « dans un délai de dix jours », il aura recours au référendum.

Mahmoud Abbas a prévenu que, dans ce cas, il consulterait « sous 40 jours » le peuple palestinien sur le document élaboré par des cadres palestiniens détenus en Israël, parmi lesquels Marwan Barghouthi, le chef du Fatah en Cisjordanie et Abdelkhalek Al-Natché, un haut responsable du Hamas.

Un défi au Hamas ?

Ces prisonniers ont élaboré des propositions, rendues publiques le 10 mai dernier, pour mettre fin à la « crise » palestinienne, suggérant notamment de confiner la « résistance » aux territoires occupés – ce qui signifierait la fin des attentats en Israël. Le texte prévoit aussi la formation d'un gouvernement d'union nationale et la création d'un Etat palestinien dans les territoires occupés par Israël en 1967.

Ces propositions figurent dans un « document pour une entente nationale » remis à Mahmoud Abbas, lequel les a reprises à son compte. Pour le Hamas, en revanche, accepter cette initiative prévoyant une cohabitation avec Israël serait reconnaître implicitement l’Etat hébreu, ce que refuse toujours officiellement la formation islamiste.

Avec cet ultimatum, le président palestinien ne lance-t-il pas un défi au Hamas ? « Je ne défie personne, s’est-il défendu devant la presse. Je ne veux pas que le dialogue s'éternise car la situation ne cesse de se dégrader et la patrie est en danger. »

D’ailleurs, le Hamas, qui a remporté une large victoire électorale en janvier, ne semble pas craindre un éventuel recours aux urnes. Ainsi Aziz Doweik, président du Parlement palestinien et membre du Hamas, en a approuvé l'idée à demi-mots : « Nous acceptons le droit du peuple palestinien à déterminer son sort et il faut qu'il puisse avoir son mot à dire sur une question aussi cruciale ».

« Ce terme ne fait pas partie de notre vocabulaire »

L’urgence semble, toutefois, être à un retour au calme dans les rues palestiniennes. Les affrontements entre les deux camps, récurrents ces dernières semaines, sont devenus plus fréquents depuis le 17 mai, lorsque le gouvernement issu du Hamas a déployé dans la bande de Gaza une milice armée de 3 000 hommes. Cette force paramilitaire constitue une provocation aux yeux des partisans du président Abbas.

Pour ce qui est des déclarations, la bonne volonté semble de mise de part et d’autre. Lors de son intervention jeudi matin, le Premier ministre issu du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a rejeté tout « recours aux armes et à la violences » entre son parti et le Fatah, « quelles qu’en soient les raisons ». Quant à la guerre civile, « ce terme ne fait pas partie de notre vocabulaire. »

De son côté, Mahmoud Abbas s’est interrogé : « Comment pouvons-nous nous livrer à des luttes internes alors que nous sommes engagés dans une bataille contre le siège [des territoires palestiniens], le mur et la colonisation ? »

Pourtant sur le terrain, la rivalité militaire s’exprimait de nouveau quelques heures plus tard par des accrochages entre factions rivales à Gaza. Ces heurts faisaient 10 blessés, 5 civils et 5 membres de la sécurité préventive fidèle au Fatah, dont un dans un état critique.


par Philippe  Quillerier

Article publié le 25/05/2006 Dernière mise à jour le 25/05/2006 à 16:21 TU